En 2020, si le constat était positif après la crise grecque, la situation restait précaire, notamment pour le secteur bancaire. « L’économie grecque repart mais reste bridée par ses faiblesses structurelles », titrait le quotidien Les Echos.
Au cœur du problème : le secteur bancaire. Fitch avait salué le gouvernement Mitsotákis qui s’était « attaqué aux problèmes de qualité des actifs des banques » et « efforcé également de donner un nouvel élan au programme de privatisation ».
Le système bancaire grec serait-il l’une des victimes collatérales de la crise grecque ? Selon Eric Toussaint, docteur en sciences politiques, président du CADTM Belgique, c’est encore pire : « Les banques sont à l’origine de la crise », écrivait-il. Selon le spécialiste, l’« économie casino » pré-2000 a fini par générer une bulle qui a occasionné « des pertes dramatiques pour les ménages, les PME et le système des retraites ».
Si tout semble aller mieux, la réalité est dure pour les petites et moyennes entreprises. « Alors que les petites entreprises sont au cœur de l’économie grecque, elles ont actuellement beaucoup de mal à obtenir des financements auprès des principales banques du pays », estime Alexandros Exarchou, cofondateur avec Dimitris Bakos et Yannis Kaimenakis, de Thrivest Holding Ltd. « Les banques ont tout intérêt à prêter plus aux pouvoirs publics qu’aux particuliers ou aux entreprises, surtout sur les PME qui sont considérées comme plus risquées que les grandes entreprises », poursuit Eric Toussaint.
« Cinquième pilier bancaire »
« La Grèce a créé des conditions favorables à une croissance durable et dynamique », résume un spécialiste de la finance grecque qui rappelle que, en 2021, les banques grecques ont levé 3,5 milliards d’euros grâce à l’émission d’obligations. Mais, poursuit cet observateur avisé, « la nécessité d’un ‘cinquième pilier bancaire’ est apparue comme un impératif ». Le fonds d’investissement Thrivest est actuellement en discussions avec la Banque centrale grecque, le Fonds européen d’investissement (FEI) et les régulateurs européens. Le groupe a déjà investi dans plusieurs domaines porteurs en Grèce, parmi lesquels les énergies renouvelables et la banque.
Le trio de fondateurs s’est par exemple fait connaître grâce à sa prise de participation au capital de la banque Pancreta. Un investissement de 90 millions d’euros pour 44 % des parts. Thrivest va également participer à la prochaine augmentation de capital d’Attica Bank SA avec la Banque Pancreta, qui investit 34 millions d’euros, tandis que Thrivest contribuera à hauteur de 30 millions d’euros, avant un second tour qui doit permettre à Thrivest de prendre une participation supérieure à 50 %. Avec un objectif clairement affiché : au terme de ce processus, Attica Bank et Pancreta Bank fusionneront pour donner naissance à une « nouvelle Banque », qui aura déjà intégré HSBC Hellas et la Banque coopérative de Macédoine centrale.
Une banque « non systémique », pour quoi faire ?
Selon une source proche du fonds d’investissements, les initiatives stratégiques de Thrivest doivent aboutir à la création d’une nouvelle entité dotée de 8 milliards d’euros d’actifs, de faibles ratios de défaillance et d’une solidité financière suffisante, axée sur le financement des PME. « Cela doit permettre de répondre à cette nécessité de mettre en place le « cinquième pilier bancaire », poursuit notre spécialiste. Une banque « non systémique » solide se dressera face aux quatre grandes banques systémiques ».
De quoi remettre les PME grecques au centre de l’économie nationale. Car le constat est terrible : plus de 200 000 entreprises auraient un accès limité au système bancaire, selon les statistiques disponibles. Les entreprises évoluant dans des secteurs clés de l’économie grecque, tels que le tourisme, les services, l’artisanat et l’agroalimentaire, bien qu’ayant résisté à la crise économique, rencontrent désormais des difficultés pour obtenir des crédits.
L’objectif d’une banque « non systémique » est donc de pallier un manque évident sur le marché grec, à savoir des facilités bancaires pour les petites et moyennes entreprises. La Grèce ayant tourné la page en matière d’investissements, les spécialistes grecs de la finance estiment qu’il y a de la place pour une banque « non systémique » et qu’elle est même très attendue par les patrons de PME qui veulent aujourd’hui être financés et soutenus dans leurs projets d’investissement.
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