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Gérard Bertrand, entrepreneur biodynamique

Gérard Bertrand

Il est le « Meilleur vigneron du monde ». Sacré en 2023 par The Drinks Business, ce vigneron entrepreneur à la tête de dix-sept châteaux et domaines dans le sud de la France est une référence mondiale de la viticulture en biodynamie. Auteur du Vin à la belle étoile et La Nature au cœur, il sort un troisième ouvrage, Le Vin multidimensionnel. À la rencontre du visionnaire narbonnais Gérard Bertrand.

Un article issu du numéro 28 – automne 2024, de Forbes France

 

 

Avant d’être l’ambassadeur des vins du Languedoc, Gérard Bertrand était un grand joueur de rugby. Celui qui fut capitaine du Racing Club narbonnais rejoint le Stade Français en tant que capitaine entre 1992 et 1994. Amoureux du sport, Gérard Bertrand voue la même passion à la nature depuis toujours. Dès l’âge de 10 ans, il apprend au domaine de Villemajou le travail de la vigne, le goût de la précision et la recherche de l’excellence avec son père, Georges Bertrand. Pendant longtemps, il se consacre au rugby comme à la vigne, avant de se tourner pleinement vers sa carrière dans le vin après de multiples blessures. Lorsque son père disparaît, Gérard n’a que 22 ans. Là, il ne veut qu’une chose, vivre et s’adonner pleinement à sa passion pour la vigne. Mais les vignerons du Languedoc, à de rares exceptions près, préfèrent laisser pisser la vigne et vendre leur vin à bas prix. Gérard Bertrand est obligé de s’aligner sur leurs prix et de brader ses bouteilles au prix du vrac à la coopérative. Le jeune entrepreneur travaille donc le négoce en faisant de petits vins avec des raisins achetés à des vignerons. Parallèlement, il réfléchit à la création d’une marque autour de son nom et des vins de propriété. Il rachète plusieurs domaines et développe les choses en transformant les modes de culture. L’affaire est compliquée pour Gérard Bertrand, et la France ne raffole pas des vins de Narbonne. Mais en 1993, le monde du rugby donne un coup de pouce à l’entrepreneur, qui participe à l’aventure du collectif « Les gastronomes du rugby », qui voit d’anciennes gloires du XV de France défendre un produit de leur terroir. Une quarantaine de légendes se prête au jeu, et Gérard Bertrand fait naturellement la promotion des vins du Languedoc. Un coup marketing qui le verra placer quelque 50 000 bouteilles en grande surface : les siennes et celles de quelques autres vignerons rugbymen. En 1997, le guide Gault&Millau sélectionne quelques-unes de leurs bouteilles, encourageant la percée de ces vins au niveau national et européen. Pour développer sa marque éponyme, Gérard Bertrand achète à la même époque un premier château, Laville Bertrou, puis Cigalus en 1998, où il s’installe avec son épouse. Une quinzaine d’achats de propriétés suivront en vingt ans.

 

 

Dans sa qualité d’amoureux de la nature et du terroir, la biodynamie s’impose alors comme une évidence. Au début des années 2000, Gérard Bertrand rencontre des vignerons convaincus par la biodynamie, dont Jean-Claude Berrouet, longtemps l’artisan de Pétrus, et Aubert de Villaine, de La Romanée-Conti, en Bourgogne. La découverte de cette méthode de la vigne est un son de cloche pour le vigneron narbonnais. Elle est encore très peu démocratisée à l’époque, mais ce n’est pas grave. Gérard Bertrand prend le risque en 2002 avec les cinq hectares d’expérimentation du domaine de Cigalus. En voyant les bienfaits sur l’écosystème général et la qualité des raisins, il est convaincu. Et il n’est pas le seul. Le pari est gagné, et vingt-deux ans plus tard, il est le leader mondial incontesté du bio et de la biodynamie. Ses 1 000 hectares de vignes sont tous sur des terroirs remarquables du sud de la France, depuis le nord- ouest de Montpellier, sur les terrasses du Larzac, jusqu’à la région de Limoux et le littoral.

 

Le vin, une arme pour toucher le cœur des gens

Le Vin multidimensionnel aborde des thématiques différentes de ses deux prédécesseurs. Ce nouveau livre signé Gérard Bertrand ouvre la porte aux secrets de la création des grands vins. Un parcours initiatique hors du commun qui l’a conduit à élever l’assemblage au rang de discipline artistique. Guidé par ses observations, ses rencontres marquantes et son expérience autant que par une sensibilité délicate envers les terroirs, la biodiversité et la biodynamie, Gérard Bertrand interprète à sa façon chaque millésime pour en faire un chef-d’œuvre, révélant l’essence de ses vignobles. Cet ouvrage dévoile l’intimité de ses pensées et offre une immersion dans la vie de ce visionnaire passionné. Le Vin multidimensionnel est avant tout dédié au rapport du vigneron avec la nature, le terroir et comment, en utilisant la biodynamie et une philosophie de travail, on peut faire entrer le vin dans une autre dimension. Un vin qui magnifie le terroir et qui apporte une vibration, un contact qui permet de passer à quelque chose que l’auteur appelle la multidimensionnalité. « Je parle d’un vin qui va plus loin, qui touche le cœur des gens et qui permet de ressentir l’âme de ce qui se trouve dans la bouteille », explique l’ex-rugbyman devenu vigneron.

Gérard Bertrand décrit l’assemblage comme l’Everest de chaque vigneron. C’est un défi qui se renouvelle chaque année, exigeant rigueur, passion et créativité. L’assemblage est pour lui une véritable discipline artistique, une quête incessante pour sublimer le vin et exprimer toute la richesse des terroirs. Son talent pour l’assemblage s’est forgé millésime après millésime, au fil des saisons. Et grâce à un engagement réel pour la nature, via la biodynamie, qu’il a su intégrer avec succès dans tous ses vignobles, Gérard Bertrand possède aujourd’hui la plus grande surface viticole en biodynamie au monde, avec pas moins de mille hectares.

 

« Une aventure humaine extraordinaire »

 

 

Pour l’auteur natif de Narbonne, véritable pionnier de la biodynamie en France, la pratique développe la qualité des sols. Elle révèle le terroir. Entre les forces cosmiques et telluriques, elle permet à la vigne d’être en meilleure santé et capter toute une énergie qui fait la différence. Depuis vingt-trois ans, le vigneron et ancien rugbyman applique la biodynamie dans toutes ses vignes. Que des intrants naturels qui viennent renforcer le végétal et qui permettent la pleine expression du produit. Grâce au calendrier astral et au calendrier lunaire, les domaines signés Gérard Bertrand sont le plus près possible des besoins de la vigne, et donc de la nature. « On a cette capacité à avoir des vins plus frais, plus complexes avec une meilleure minéralité. C’est grâce à cela qu’on a fait des émules dans de nombreux pays du monde », développe Gérard Bertrand. Les dix-sept domaines de Gérard Bertrand produisent environ cinquante cuvées chaque année et le groupe s’impose comme la première marque de vin français aux États-Unis, avec une présence dans 175 pays à travers le monde. Même popularité en Chine : invité par le président Macron à se rendre, en novembre 2019, en voyage officiel dans l’empire du Milieu pour représenter l’excellence des vins français, le Château L’Hospitalet Grand Vin Rouge a été distingué, entre tous les vins dégustés, par le président Xi Jinping. Le travail acharné et sa capacité à s’entourer de personnes clés ont fait de Gérard Bertrand un des plus grands vignerons de notre époque. L’ancien rugbyman se pose ainsi en ambassadeur du Languedoc et du sud de la France à l’étranger. Avec 450 collaborateurs, le groupe fait rayonner la France à l’international. « C’est une aventure humaine extraordinaire. Une équipe dédiée qui se sent dépositaire du message du groupe et qui incarne les valeurs du sud de la France, qui fait le lien entre le vin, la gastronomie, la culture de la région et l’art sous toutes ses formes », loue le vigneron narbonnais. Pour Gérard Bertrand, avoir une vision est la clé du succès et le préliminaire obligatoire à tout objectif. Un état d’esprit qu’il cultive toute l’année par-delà ses parcelles, sous la forme notamment du festival Jazz au château l’Hospitalet, tous les ans depuis plus de vingt ans. Et quel lieu plus qualifié ? Le château l’Hospitalet est niché au cœur du massif protégé de la Clape, ancien maillon de la chaîne des Pyrénées, à quelques kilomètres de Narbonne. Là-bas, Gérard Bertrand a fait du bastion le cœur battant de son action autour de l’art de vivre méditerranéen, depuis qu’il a acquis la propriété en 2002. Le château, qui figure parmi les plus beaux wine resorts du monde, compte aujourd’hui un hôtel 5 étoiles, un restaurant gastronomique, un caveau de dégustation et de vente, un espace d’art et une offre riche de parcours sensoriels autour du vin.

 

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