General Electric a annoncé, à la surprise générale, le départ de son PDG, Jeff Immelt qui avait notamment œuvré à l’intégration d’Alstom dans le giron du conglomérat américain.
Une page se tourne chez le géant industriel qui a annoncé, ce matin, le départ de son emblématique patron, Jeff Immelt, à compter du 31 décembre prochain après 16 ans de règne sans partage. Stratégiste hors-pair, verbe haut, la figure tutélaire de « GE » avait entamé le « retour aux sources » du conglomérat vers ses racines industrielles afin de tourner la page « des années sombres » de la crise financière, notamment avec la cession de « GE Capital » longtemps considérée comme la « cinquième banque » des Etats-Unis mais qui était particulièrement exposée à la crise des crédits immobiliers « Subprime » et avait, de facto, longtemps fait office de « poids mort » pour General Electric. Elle comptait par exemple pour près de 45 % des bénéfices fin 2013.
Pour en revenir à la succession, cette dernière se déroulera en deux temps : tout d’abord, Jeff Immelt va renoncer à son siège de directeur général du conglomérat au 1er août prochain, avant de céder les rênes du conseil d’administration au 31 décembre et « couler » ainsi des jours paisibles, en profitant de sa retraite. Evidemment, pour éviter de déclencher la panique des marchés financiers, aussitôt faite l’annonce du retrait de l’emblématique patron, a suivi celle de son successeur, John Flanery, 30 ans de maison. « John est la personne idoine pour diriger GE aujourd’hui. Les investisseurs lui feront confiance, ainsi que nos clients et les salariés de GE », a sobrement déclaré le futur retraité.
Une succession « en confiance »
Ce choix a visiblement convaincu les investisseurs dans la mesure où l’action GE est en hausse de 3,22% dans les transactions avant Bourse. Il faut dire que « l’action » de Flanery dans la maison GE y est pour beaucoup. Ainsi, ce dernier était – est toujours d’ailleurs – en charge de la division GE Healthcare, qu’il a largement contribué à redresser, dégageant une croissance organique de 5% l’an passé et une croissance des marges de 100 points de base. Des chiffres suffisamment éloquents pour bénéficier de l’onction des marchés financiers et des investisseurs, dont certains, visiblement, étaient particulièrement échaudés par la stratégie attentiste d’Immelt en matière de progression de bénéfices. Ainsi, Nelson Peltz, via son fonds d’investissement Trian Fund Management, ne ménageait pas sa peine – et ses critiques – afin que Jeff Immelt dope les bénéfices en effectuant d’importantes réductions de coût.
« L’activiste » estimait, par ailleurs, comme pléthore d’analystes, que les objectifs de GE en matière de bénéfice par action – 2 dollars à horizon 2018 – étaient résolument ambitieux alors que celui-ci n’était que de 1,48 dollar pour l’exercice 2016. De même que la stratégie de simplification, évoquée en préambule, s’il a notamment permis un « recentrage » sur les métiers traditionnels du groupe, il a tout de même pâti du plongeon des cours du pétrole et du gaz au printemps 2014, qui a tout particulièrement affecté la division énergie. Celle-ci développe des équipements destinés au forage de puits pétroliers, à la prospection et la production d’hydrocarbures et à la construction de plateformes.
Maître d’œuvre du dossier Alstom
Mais l’un des plus importants faits d’armes de ces dernières années pour Jeff Immelt, toujours dans le cadre de cette stratégie de simplification, fut le rachat, en 2014, des activités énergie d’Alstom au nez et à la barbe de la « concurrence germano-japonaise » représentée par Siemens et Mitsubishi. Une transaction qui a mis du temps à se concrétiser, notamment pour des raisons de concurrence, et dont le montant s’élevait à 12,35 milliards d’euros. En incluant notamment le montant que le groupe français réinvestira dans des coentreprises avec GE – et une baisse de prix annoncée en juillet 2015 -, l’opération s’élèvera finalement à 9,7 milliards d’euros.
Mais le dernier « coup de maître » de Jeff Immelt restera le « mariage » avec Baker Hughes afin de créer un géant mondial du secteur de l’énergie pesant 32 milliards de dollars de chiffre d’affaires et dont les « noces » devraient en principe être célébrées au mois de juillet prochain. Au terme de cette opération, GE contrôlera la nouvelle « maison commune » avec 62,5% du capital, le solde étant dévolu aux actionnaires de Baker Hughes. Une dernière opération – la plus importante pour Jeff Immelt depuis le « recentrage » – et qui parachève la carrière et soigne la sortie d’un patron parmi les plus influents et les plus emblématiques de ces dernières années.
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