Lorsque Geely, le constructeur chinois, a racheté Volvo en 2010, Li Shufu, son PDG, a été pris pour un fou aux yeux plus gros que le ventre. Après tout, Geely n’était qu’une entreprise inexpérimentée avec une part de marché de moins de 5 % en Chine et son PDG avait surtout fait parler de lui pour avoir dit qu’une voiture n’est rien d’autre que « deux canapés montés sur quatre roues ».
Le premier modèle de Geely était la Haoqing (« ambition ») ou HQ et c’était la voiture la moins chère du marché lors de sa commercialisation en 1998, une voiture ouvertement sans chichi. Dorénavant, Geely prospère grâce à la construction de véhicules de la marque Volvo en Chine. En décembre dernier, le constructeur a mis en vente 288 éditions spéciales du SUV XC60 sur le Tmall d’Alibaba pour 429 900 yauns (55 600 €) chacun et il les a toutes vendues en 75 secondes.
Li Shufu a personnellement acheté 9,69 % des parts de Daimler, constructeur allemand de marques telles que Mercedes ou Maybach. Mais Daimler a une autre corde à son arc, la fabrication d’une large gamme de poids lourds. De son côté, Geely est récemment entré au capital de Volvo Trucks avec le rachat de 8,2 % des parts (15,6 % des voix). Le constructeur chinois trame certainement quelque chose.
Ce qui est sûr, c’est que Li Shufu, le « maniaque de l’automobile » de Taizhou, avait bien cerné le marché lorsqu’il a lancé la production de voitures bon marché dans les années 2000. Et il avait encore raison lorsqu’il s’est attaqué au marché haut de gamme dans les années 2010. Les ventes de voitures de tourisme en Chine ont connu un pic en 2013, alors que le marché des SUV haut de gamme continue de prospérer.
En 2017, les ventes de berlines traditionnelles ont chuté de 2,5 % selon les statistiques du secteur et de 2,8 % selon les chiffres officiels du Bureau national des statistiques. Presque 200 millions des 1,4 milliards de Chinois possèdent leurs propres voitures. Le marché des voitures bon marché est sur le point d’être saturé dans ce pays où seules 280 millions de personnes ont le permis de conduire. Pendant ce temps, les ventes de SUV continuent leur progression, mais plus lentement qu’au début des années 2010. La croissance annuelle des ventes était de 45 % entre 2012 et 2016, et elle a régressé à 13,3 % en 2017. Si l’on en croit ces chiffres, la croissance des ventes pourrait bien s’arrêter. Mais cela ne se traduira pas pour autant par une stagnation du marché chinois de l’automobile. Ce dernier aurait plutôt tendance à s’électrifier. En effet, selon les données officielles du Bureau national des statistiques, les ventes de « véhicules nouvelles énergies » (tous les véhicules dotés d’une prise selon le gouvernement chinois) ne font qu’augmenter (482 000 en 2016 contre 804 000 en 2017). Les données du secteur montrent qu’en 2017, 468 000 voitures et 198 000 camions électriques ont été vendus, par rapport aux 200 000 véhicules toutes catégories confondues vendus aux Etats-Unis sur la même période.
En matière de voitures électriques, Tesla attire toute l’attention, mais Geely pourrait commencer à faire de l’ombre au constructeur américain. Afin de réduire la pollution de l’air, le gouvernement chinois subventionne abondamment les ventes de voitures entièrement électriques. À partir de cette année, les subventions vont viser de plus en plus de voitures plus grosses et plus autonomes. C’est une bonne nouvelle pour Volvo, qui à partir de l’an prochain, ne vendra plus que des voitures électriques ou hybrides. Il se pourrait que Li Shufu soit une fois de plus en avance sur son temps.
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