Garder le cap : les valeurs d’entreprise ne doivent pas être un luxe conjoncturel

Le télétravail, c’était l’avenir. Jusqu’à ce que la crise arrive et que l’avenir redevienne… le bureau. L’engagement sociétal était un impératif. Jusqu’à ce que la rentabilité vacille. Alors on ajuste, on rationalise, et ce qui était présenté hier comme un socle devient aujourd’hui une variable d’ajustement.

Dans un secteur qui va devoir naviguer en pleine tempête, une question se pose : qui tiendra réellement ses engagements ?

Une contribution de Carl Azoury, PDG de Zenika

Des valeurs-piliers ou un social-washing opportuniste ?

Les entreprises aiment parler de valeurs. Mais entre celles qui en font un pilier durable et celles qui les adaptent au gré des cycles économiques, il y a un fossé. L’histoire récente nous montre que certains engagements – flexibilité du travail, inclusion, responsabilité sociale – tiennent bon en période faste, mais vacillent dès que la pression augmente.

Le télétravail est un bon exemple. Porté aux nues comme une avancée majeure, un levier de productivité et de bien-être, il est aujourd’hui remis en cause par certaines entreprises désireuses de « reprendre la main ». Derrière cette volonté, on retrouve parfois une logique rationnelle d’optimisation, mais aussi, dans certains cas, un retour à des modèles managériaux dépassés. Ce n’est pas un cas isolé : la baisse des avantages sociaux, la mise en retrait d’initiatives RSE ambitieuses ou certaines décisions purement financières en disent long sur les arbitrages en cours.

L’épreuve de vérité pour les entreprises

Car avec un ralentissement des investissements et un contexte économique instable, aussi bien en France qu’à l’international, de nombreuses entreprises font face à des choix difficiles. Et c’est précisément dans ces moments que l’on distingue celles qui avaient de véritables convictions de celles qui suivaient une tendance.

Malgré les turbulences du marché, il est possible de rester fidèle à ses engagements. Cela ne signifie pas qu’aucun ajustement n’est nécessaire, mais certaines lignes ne doivent pas bouger :

• Le télétravail reste un droit et non un privilège
• Les engagements sociaux doivent être maintenus
• L’inclusion et la flexibilité ne sont pas des variables d’ajustement.

Bien entendu, la réalité économique impose parfois de revoir, à la marge, certaines politiques – comme le budget formation par exemple. Dans un contexte économique tendu, il est essentiel d’être agile. Mais ces choix doivent être temporaires, sans jamais se faire au détriment des fondamentaux qui définissent une entreprise et son attractivité. Les valeurs ne sont pas un argument marketing, elles doivent être une boussole. Si elles sont sacrifiées au premier coup de vent, c’est qu’elles n’étaient probablement pas aussi solides qu’annoncé.

Dans quelques années, il sera facile de voir qui a tenu bon et qui a cédé à la facilité. Les entreprises qui auront su concilier adaptation et constance dans leurs engagements attireront les talents et la confiance des clients.

Un rôle clé à jouer dans un contexte de crise globale

Au-delà de leur propre équilibre, les entreprises jouent un rôle clé dans la société. Elles ne sont pas de simples acteurs économiques : elles contribuent à façonner le monde du travail et, plus largement, la dynamique sociale. Dans un contexte où les repères vacillent, elles peuvent être les garantes d’un progrès qui ne soit pas qu’un luxe de période faste.

Aujourd’hui, plus que jamais, elles ont une responsabilité : celle de ne pas voir chaque avancée comme une concession, mais comme un investissement dans un modèle plus durable et plus équilibré. Ce sont elles qui, par leurs choix, peuvent éviter un recul sur des enjeux fondamentaux.

Garder le cap, c’est bien plus qu’une question d’image. C’est une manière d’être utile, pour aujourd’hui et pour demain.

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