Emploi | Le Premier ministre a présenté les pistes privilégiées pour « inciter toujours davantage à la reprise d’emploi ». Les syndicats sont vent debout après les déclarations du chef du gouvernement.
L’exécutif y voit une forme de panacée. Pour réduire le déficit public, qui s’est établi à 5,5% en 2023, le gouvernement veut « faire en sorte qu’il y ait davantage de Français qui travaillent pour avoir des recettes supplémentaires ». Lors d’un entretien au « 20 heures » de TF1, ce mercredi 27 mars, Gabriel Attal a réaffirmé son souhait d’« une vraie réforme plus globale de l’assurance chômage » . Le Premier ministre espère ainsi « inciter toujours davantage à la reprise d’emploi » en instaurant un nouveau tour de vis à l’encontre des personnes en recherche d’activité.
Gabriel Attal a indiqué que la ministre du Travail, Catherine Vautrin, aura la charge de préparer le document de cadrage d’ici « l’été » pour une entrée en vigueur « à l’automne ». Les partenaires sociaux, qui fixent, sur le papier via la convention Unédic, les paramètres de l’assurance-chômage, devront donc entamer des négociations au pas de charge. Car pour l’exécutif, il y a urgence. L’objectif de plein-emploi, un taux de chômage aux alentours de 5%, s’est éloigné en 2023. La courbe du nombre de personnes en recherche d’activité s’est légèrement inversée, s’établissant à 7,5% sur un an.
Trois pistes envisagées
L’intervention du Premier ministre a permis d’y voir plus clair sur les pistes envisagées par l’exécutif. Parmi elles, la réduction de la durée d’indemnisation « de plusieurs mois mais pas en dessous de douze », contre 18 mois actuellement. « J’entends beaucoup de Français, de chefs d’entreprise, de PME, des commerçants me dire que ce n’est pas suffisamment incitatif », a justifié Gabriel Attal. Le nombre de mois nécessaire pour être couvert avait déjà été revu à la baisse lors de la précédente réforme, passant de 24 à 18, pour les individus de moins de 53 ans.
Autre solution envisagée : un durcissement de la durée d’affiliation. Alors qu’il faut avoir été en activité au moins six mois – contre quatre avant la réforme de 2019 – sur les deux dernières années pour toucher une prestation, « on peut imaginer (…) qu’il faut travailler davantage ou dire que les six mois s’apprécient sur une durée moins longue », a expliqué Gabriel Attal. En dernier curseur, l’exécutif pourrait décider de réduire le montant d’indemnisation ou durcir le mécanisme de dégressivité dans le prochain document de cadrage. « Cette dernière piste n’a pas ma préférence », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Mais on va laisser les partenaires sociaux travailler. »
La réaction des organisations d’employeurs et de salariés ne s’est pas faite attendre. « C’est inacceptable dans la méthode et dans le fond, la seule chose annoncée par Gabriel Attal, c’est encore taper sur les précaires et les chômeurs », a aussitôt fustigé Denis Gravouil, négociateur pour la CGT dans les négociations sur l’assurance chômage. La CFDT, par l’intermédiaire de sa secrétaire générale Marylise Léon, a elle aussi émis de grandes réserves : « Le régime de l’assurance chômage ne peut pas être une variable d’ajustement budgétaire de l’Etat ».
Echo favorable du côté patronal
Même son de cloche du côté des cadres. « C’est un discours particulièrement effrayant », a déploré François Hommeril, président de la CFE-CGC, mercredi soir sur Franceinfo. Il y voit un message clair envoyé par le gouvernement. « Vous êtes un chômeur, vous êtes un parasite de la société, et donc on va vous taper sur la tête et vous allez accepter n’importe quel emploi, sinon on va vous exclure de la société », a-t-il estimé.
Les propos de Gabriel Attal ont trouvé un écho plus favorable du côté du patronat. Si le secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), a rejeté la réduction de l’indemnisation, Jean-Eudes du Mesnil du Buisson a évoqué un « problème » dans le système actuel de l’assurance chômage. « Il y encore trois millions de chômeurs indemnisés et un très grand nombre d’entreprises qui ne parviennent pas à trouver des salariés quand ils en ont besoin », a-t-il rappelé sur FranceInfo privilégiant un durcissement de la durée d’affiliation. « Gabriel Attal a exprimé sa confiance dans les partenaires sociaux », a déclaré Patrick Martin, président du Medef au Monde. Les semaines qui arrivent s’annoncent chargées pour les représentants d’employeurs et de salariés, eux qui travaillent actuellement à un accord sur « un nouveau pacte de la vie au travail ».
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