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Future of Sustainibility | Faut-il vraiment trancher entre baisse des températures et hausse du PIB ?

économiquesThermometer Indicates Extremely Low Temperature on Blue Background Front View.

La question de la conciliation entre croissance économique et lutte contre le réchauffement climatique devient de plus en plus cruciale. Une étude récente du National Bureau of Economic Research (NBER) projette qu’un degré de réchauffement climatique pourrait entraîner une baisse de 12% du PIB mondial.

En France les scénarios prévus par le Ministère de la Transition Écologique tablent sur une hausse probable de +3° à l’échelle mondiale et +4°C sur le territoire national. Cette double perspective impose une réflexion sur la manière dont nous concevons la croissance et les priorités économiques mondiales.

Est-il nécessaire de choisir entre la hausse des températures et la croissance du PIB ? Faut-il changer de “système” et d’indicateurs de pilotage de la santé de l’économie mondiale ? Existe-t-il une voie intermédiaire pour une prospérité et un bien-être durable ?

Les résultats de l’étude du NBER sont sans équivoque : la hausse des températures aura des répercussions profondes sur l’économie mondiale. Les secteurs tels que l’agriculture, le tourisme et les infrastructures côtières sont particulièrement vulnérables. Les phénomènes climatiques extrêmes comme les vagues de chaleur, les sécheresses et la montée du niveau de la mer entraîneront des coûts colossaux. Ces impacts économiques montrent que le réchauffement climatique freinera la croissance bien plus que prévu, et sûrement bien plus violemment que si l’on finance activement la transition écologique et la réduction des émissions de GES.

Cette réalité économique est amplifiée par les crises financières potentielles. Une analyse récente publiée dans Nature indique que la hausse des températures pourrait provoquer une crise financière mondiale d’une ampleur inédite, en déréglant notamment ​​les chaînes d’approvisionnement mondiales. Les marchés financiers, déjà fragilisés par les incertitudes économiques, pourraient être encore plus volatils face aux impacts climatiques. L’inaction dans la lutte contre le réchauffement climatique pourrait donc se révéler bien plus coûteuse que les investissements nécessaires à la transition écologique.

Les modèles économiques actuels, basés sur une croissance infinie, sont remis en question par de plus en plus d’études et de données scientifiques et économiques. Les preuves s’accumulent pour la nécessité d’intégrer des politiques durables et des pratiques respectueuses de l’environnement dans les stratégies économiques des États des entreprises. Les entreprises ont un rôle crucial à jouer en faisant évoluer leur modèle d’affaire, en réduisant leur empreinte carbone et en s’engageant dans des pratiques commerciales durables tout en emmenant dans leur sillage leurs parties prenantes.

Les gouvernements doivent être proactifs en matière de politiques publiques. Certains programmes politiques des élections législatives en cours en France, par exemple, prévoient une hausse des impôts pour financer les services publics en crise, la transition écologique et réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Cette approche, bien que contestée, montre une volonté de prendre en compte les coûts réels du changement climatique et de préparer une économie résiliente et durable.

La croissance économique forte est souvent perçue comme essentielle pour maintenir l’économie à flot, financer les services publics et réduire les inégalités. Cependant, la question se pose : cette croissance doit-elle être poursuivie à tout prix ? Les résultats de l’étude du NBER entre autres montrent clairement que le réchauffement climatique pourrait annuler les gains économiques réalisés par ailleurs. Il devient donc impératif de réévaluer nos priorités et de comprendre que la croissance économique ne peut être durable sans une action climatique ambitieuse.

Qu’on le critique ou non, à court terme le PIB risque de rester l’indicateur pilier et boussole de l’économie. Mais il n’empêche pas l’action pour l’environnement. Si la “croissance verte” est une utopie dans un monde fini, à court terme la transition vers des modèles d’affaires durables et l’adaptation au dérèglement climatique vont demander du travail, des investissements, de l’activité et des transactions marchandes comme le PIB en raffole.

Sur le long terme, la nécessité de choisir entre la baisse des températures mondiale et la croissance du PIB est un faux dilemme. Les preuves montrent clairement que le réchauffement climatique aura des conséquences dévastatrices non seulement pour l’environnement mais aussi pour l’économie mondiale. Il est temps de réévaluer nos priorités économiques et de comprendre que la croissance durable ne peut être atteinte sans une action climatique ambitieuse et sans une prise en compte des limites planétaires. Les entreprises, les gouvernements et les citoyens doivent travailler ensemble pour construire un avenir où nos activités économiques, le bien-être des individus et la santé de notre planète vont de pair. Les choix que nous faisons aujourd’hui détermineront le monde dans lequel nous vivrons demain.

 


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