La musique classique ne s’est, en réalité, jamais antagonisée à la modernité. Dorénavant, grâce à l’audace de pionniers, elle s’ouvre aussi aux technologies les plus à la pointe… Rencontre avec Mael Perrigault. Entretien réalisé par Florence Petros
Mael Perrigault : Le label Indésens Calliope records est ainsi un des tout premiers producteurs français à avoir mis en place rien de moins qu’une opération NFT à l’occasion de la sortie du disque du jeune harpiste Alexander Boldachev. Oui, un pur objet informatique, totalement unique par construction.
Et le public est au rendez-vous.
Mael Perrigault, initiateur du projet, a d’abord travaillé dans le milieu de la pop avant de rejoindre le label Indésens Calliope Records, qui, curieux, lui a proposé de gérer un label classique de manière plus moderne et dynamique. Le succès ne s’est fait pas attendre et les NFT sont dans la continuité de cette dynamique.
Comment en êtes-vous arrivé à travailler dans la musique classique ?
M. P. : Contrairement à beaucoup de mes collègues, je n’ai pas de formation classique à proprement parler. J‘ai d’abord travaillé dans le monde de l’art contemporain, puis j‘ai monté un petit label pop et commencé à travailler dans le monde de la musique enregistrée. Mais je n’ai jamais vraiment fait de différence entre la musique classique et la musique pop, j’écoute les deux de la même manière. C’est donc naturellement que je suis passé d’un monde à l’autre en emportant avec moi les codes de la pop.
Le NFT est un nouveau support qui permet d’inventer de nouvelles pratiques et de répondre à une attente des fans, celle d’avoir une relation plus proche avec l’artiste
Comment se sont passés vos débuts chez Indésens Calliope ?
M. P. : Lorsque j’ai rencontré Benoit d’Hau pour la première fois, il avait un gros « back catalogue » quasiment inexploité en streaming, c’était donc un véritable challenge de mettre en ligne ce catalogue et surtout de trouver des moyens de le faire vivre ! Il m’a laissé le champ libre et, comme dans la pop, j‘ai commencé à créer des compilations et playlists. Après mon expérience chez Believe je savais que le seul moyen d’élargir le public du classique c’était de faire écouter la musique via un autre angle que celui du seul nom des œuvres et des artistes. On a donc commencé à travailler sur des playlists thématiques, par exemple Piano Chill ou Relax Cello. Cela nous a permis de toucher un public plus large. Cette pratique est aujourd’hui largement répandue dans tous les stores.
Quelle est la spécificité du marché de la musique classique aujourd’hui ?
M. P. : Aujourd’hui le marché est scindé en 2. D’un côté les aficionados de la musique classique qui vont bien connaître les œuvres et les artistes et qui vont lire la presse spécialisée, mais ce public est assez restreint. De l’autre côté il y a un public toujours grandissant et plutôt jeune qui, grâce aux réseaux sociaux et au streaming, vont découvrir la musique classique en s’affranchissant des « péages » que sont finalement les codes traditionnels de l’écoute. Ils vont par exemple n’écouter qu’une partie d’une sonate ou d’une symphonie. Il me parait important que les labels de musique classique puissent parler à ces deux publics, en sortant des singles ou en liant plus fortement la vidéo et la musique par exemple. La musique classique a longtemps été engoncée dans des traditions dont il est temps de sortir pour la faire vivre… et durer !
Vous avez récemment lancé une campagne NFT, comment et pourquoi ?
M. P. : Nous pensons que le monde de la musique classique ne doit pas être exclu de la culture numérique – et dois même faire partie des fers de lance… Le NFT est un nouveau support qui permet d’inventer de nouvelles pratiques et de répondre à une attente des fans, celle d’avoir une relation plus proche avec l’artiste. Avec Speakr une entreprise spécialisée dans la production de NFTs musicaux nous avons lancés une campagne test sur un de nos Artistes : Alexander Boldachev. Le but n’est pas de remplacer les ventes physiques ou digitales, mais plutôt d’ajouter du contenu à l’enregistrement accessible aux fans les plus impliqués. Par exemple ils peuvent bénéficier d’une improvisation unique de l’artiste ou être sur un groupe de discussion leur permettant de lui poser des questions.
Quels sont vos derniers coups de cœur musicaux ?
M. P. : J’ai vu récemment, lors d’un festival, Marie-Laure Garnier interpréter des lieder de Schubert avec le quatuor Dutilleux et ça m’a bouleversé ! Dans un registre plus pop, je suis avec attention les nouvelles sorties d’Andrea Laszlo de Simone, dont j’ai adoré l’excellent album Immensità.
Entretien réalisé par Florence Petros
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