Désireux de diversifier et d’étoffer son offre digitale, l’un des points saillants de son plan de transformation, Carrefour a annoncé avoir pris une participation majoritaire dans la foodtech Quitoque qui se revendique comme le leader français de la livraison à domicile de panier-repas à cuisiner.
Une prise de choix pour Carrefour qui peut s’apparenter au premier acte son opération « reconquête ». Une première salve de son plan de transformation destinée à rendre à Carrefour sa grandeur et enclencher sa marche en avant vers la modernité. Qui dit modernité, dit forcément digital ou « e-commerce » pour utiliser un terme moins barbare et surtout moins dévoyé. Ainsi, le distributeur français a mis la main sur la jeune pousse Quitoque, une foodtech créée en 2014 par Grégoire Roty, Étienne Boix et Céline Nguyen, et qui propose des paniers-repas à cuisiner livrables à domicile. Dans le détail, la société, qui compte 60 salariés, propose chaque semaine à ses clients via un système d’abonnement des recettes à préparer chez soi avec des produits locaux, bio et de saison et revendique près de 3 millions de repas livrés en France sur l’ensemble de l’année 2017. Comme de coutume dans ce type d’opérations entre grands groupes et start-up, le montant de la transaction ainsi que le chiffre d’affaires de Quitoque n’ont pas été communiqués. « Cette prise de participation permet à Carrefour d’étendre son offre en e-commerce alimentaire et d’enrichir l’expérience d’achat en proposant des services innovants », souligne le groupe d’Alexandre Bompard dans un communiqué.
« Cette acquisition va permettre au groupe de se renforcer dans la foodtech pour apporter une réponse omnicanale aux nouvelles habitudes de consommation », a abondé Marie Cheval, responsable de la transformation digitale chez Carrefour. En outre, les fondateurs de Quitoque ne quittent pas le navire puisqu’ils conserveront leurs fonctions et accompagneront le distributeur coté au CAC 40 dans le développement et l’épanouissement de la jeune pousse. Cette opération, comme évoqué en préambule, fait office d’acte fondateur de la transformation du groupe. Ainsi, le géant hexagonal de la distribution, qui a perdu en 2017 sa place de numéro 1 au profit de Leclerc et qui a longtemps peiné à prendre le virage du digital, est déterminé, par le truchement de cette « prise de guerre », à entrer de plain-pied dans cette nouvelle ère et ainsi ferrailler avec la concurrence. En premier lieu, Amazon et sa stratégie de faire « feu de tout bois » qui met en péril les modèles dits traditionnels pour ne pas dire sclérosés.
Un plan d’investissement de 2,8 milliards d’euros
Mi-janvier, Carrefour et Alexandre Bompard ont (enfin) pris la mesure de ce péril et ont annoncé un investissement massif de 2,8 milliards d’euros dans le digital d’ici à 2022. Pour des objectifs résolument ambitieux : 5 milliards d’euros de ventes dans le e-commerce alimentaire en 2022, un chiffre six fois supérieur à celui d’aujourd’hui, avec une part de marché en France supérieure à 20%, contre 10% actuellement. Outre ce retard à combler sur le volet digital, l’ancien leader a également décidé de « simplifier » son fonctionnement organisationnel. Massy abritera le siège unique du groupe et un plan de départs volontaires de 2 400 postes (soit l’équivalent de 2% des effectifs) est également sur rampe de lancement. Bercy, très attentif à ce genre d’annonces, a rapidement fait savoir via le ministre de l’Economie Bruno Le Maire que l’Etat serait « particulièrement attentif à la situation mais également très vigilant sur l’accompagnement de chaque salarié ». Désireux de récupérer son trône et d’en chasser le « nouveau roi » Leclerc (et surtout restaurer la rentabilité), Alexandre Bompard a également engagé un plan massif – décidément – de réductions de coûts à hauteur de 2 milliards d’euros. Un montant qu avait alorsi désarçonné les analystes qui tablaient davantage sur un montant oscillant autour du milliard d’euros.
Pour en revenir au « dossier Quitoque », Alexandre Bompard et son état-major ont pour ambition de faire de Carrefour « le leader mondial de la transition alimentaire pour tous ». Surfant, pour ce faire, sur la qualité et sur la tendance du « mieux manger », cette acquisition apparaît comme le prolongement naturel du discours du distributeur qui mise 5 milliards d’euros sur dans l’e-commerce alimentaire d’ici 2022. Car, en effet, Quitoque peut se targuer d’avoir pavé le chemin vers le « bon » en misant sur des produits de qualité et bios pour l’essentiel. Une proposition de valeur qui devrait ainsi aider Carrefour à atteindre ses objectifs (hautement) ambitieux en la matière. En Bourse, cette annonce n’a pas ému outre-mesure les opérateurs, l’action Carrefour reculant de 0,36% ce vendredi après-midi dans un marché létale à -0,07%. Une fin de semaine sans tambours ni trompettes pour le distributeur.
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