Le projet de crossover électrique du constructeur américain Fisker est sur le point de devenir réalité. La start-up de Los Angeles, dirigée par le concepteur de voitures de luxe Henrik Fisker, a fait appel à Magna, un poids lourd de l’ingénierie automobile, dans le cadre d’un partenariat à grande échelle, pour commencer à le produire sous deux ans.
Se décrivant comme une « société de voitures numériques », Fisker a déclaré pendant des mois vouloir externaliser la production de son modèle Ocean au lieu de construire sa propre usine, afin de limiter les coûts. Cette annonce intervient peu avant l’entrée du constructeur à la bourse de New York plus tard dans le mois, par le biais d’une fusion de SPAC. De son côté, Magna, qui assemble des véhicules sous contrat pour BMW, Daimler, Jaguar Land Rover et Toyota, construira l’Ocean dans son usine de Graz, en Autriche.
Henrik Fisker nous explique : « La décision est de faire un partenariat stratégique très solide avec Magna, qui prendra une participation de 6 % dans le capital de Fisker et sera responsable de la fabrication de l’Ocean, toujours prévu au quatrième trimestre 2022. Et cela inclut l’utilisation de l’architecture et de la plate-forme EV de Magna ».
En s’assurant une collaboration avec un partenaire chevronné, qui peut également fournir des composants clés, des services d’ingénierie et même des essais de chocs automobiles, la start-up américaine s’assure de mettre son SUV électrique rapidement sur le marché. S’ajoute à cela la somme de plus d’un milliard de dollars réunie par Fisker grâce à sa cotation en bourse et à d’autres levées de fonds. On ignore encore si la demande aux États-Unis et en Europe, où l’Ocean sera vendu en premier, permettra à Fisker d’atteindre son objectif de 50 000 unités en 2023.
Dévoilé en janvier au Consumer Electronics Show de Las Vegas, l’élégant SUV Ocean, alimenté par une batterie électronique, a le volume intérieur d’une BMW Série 5, mais pour un prix de base de seulement 37 500 $. Cela représente moins de la moitié du prix de la Tesla Model X, la moins chère du constructeur futuriste. L’Ocean pourra aussi être louée pour seulement 379 $ par mois.
Selon Henrik Fisker, l’approche à faible coût adoptée (notamment en évitant les dépenses d’un milliard de dollars liées à la construction d’une usine) lui permettra d’avoir un flux de trésorerie positif dès 2023. La participation de Magna, qui s’élève à 6 %, se fait en échange de services d’ingénierie et de production et n’inclut pas d’investissement en espèces.
Swamy Kotagiri, président de Magna International, a déclaré au sujet de la collaboration : « Nous sommes très heureux de pouvoir travailler avec Fisker sur un produit durable aussi passionnant, et de voir quelles possibilités supplémentaires cette coopération peut apporter. Il s’agit d’un excellent exemple de notre stratégie, qui vise à tirer parti de notre solide portefeuille pour l’adapter aux besoins futurs en matière de mobilité, et utiliser l’ensemble de nos capacités d’ingénierie et de fabrication de véhicules ».
Fisker est la deuxième tentative de création d’une société de voitures électriques à succès par le designer d’origine danoise, qui a conçu des voitures haut de gamme pour BMW, Aston Martin, mais aussi Tesla (il a planché sur les premières versions de ce qui est finalement devenu la Tesla Model S). Sa première tentative, Fisker Automotive, a finalement déposé le bilan en 2013, malgré un hybride rechargeable visuellement étonnant, un financement précoce du capital-risque et un prêt fédéral à faible coût de 527 millions de dollars (dont 193 millions ont été utilisés). Une expérience difficile, mais qui éclaire aujourd’hui la démarche d’Henrik Fisker avec ce nouveau projet.
Ce dernier raconte : « On apprend plus de l’échec que du succès, mais je préfère le succès. Il faut parfois échouer pour comprendre ce que sont ces belles choses, les choses uniques que vous devez faire pour atteindre le succès ».
Son premier projet n’était pas bien huilé, et Henrik Fisker s’était empressé de résoudre des pépins techniques, des défauts de batterie et des problèmes de fournisseurs tout en essayant de construire sa propre usine sur le sol américain. Avec sa nouvelle société, l’accent est mis sur la conception des véhicules, du logiciel, d’une application utilisateur et de la vente et du service (Magna s’occupant de l’ingénierie et de la confection des véhicules). Le designer automobile affirme : « Nous allons adopter davantage l’approche d’Apple et de Foxconn ».
Autre grand changement : il y a dix ans, la base fournisseurs en batteries et en pièces détachées pour les véhicules électriques était infime. Mais le rythme rapide de développement du secteur, stimulé en grande partie par Tesla, a changé les choses de manière spectaculaire, créant de nouvelles opportunités pour les start-ups qui peuvent désormais s’approvisionner en batteries, moteurs et autres composants critiques auprès de nombreuses entreprises. Fisker n’a pas encore identifié quelle entreprise fournira les cellules lithium-ion pour ses batteries.
Henrik Fisker conclut : « Dès le début, j’ai dit aux investisseurs que nous n’étions pas là pour prouver au monde que nous pouvions fabriquer une voiture mieux que Toyota ou que quiconque. Nous sommes ici pour prouver qu’il est possible de mettre sur le marché des véhicules étonnants qui soient émouvants et durables ».
Article traduit de Forbes US – Auteur : Alan Ohnsman
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