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Finance verte : les investisseurs appellent l’UE à ne pas céder face à la dérégulation américaine

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Le président américain Donald Trump rencontre la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors de la 50e réunion annuelle du Forum économique mondial, mardi 21 janvier 2020, au Centre des congrès de Davos, en Suisse. | Source : Getty Images

Plus de 200 groupes d’investisseurs et institutions financières, gérant un total de 6 800 milliards de dollars d’actifs, ont exhorté l’Union européenne (UE) à maintenir sa règlementation en matière de finance verte qui constitue, selon eux, un contrepoids à l’instabilité du gouvernement Trump.

 

Dans une déclaration commune publiée mardi 4 février, plusieurs groupes d’investisseurs ont appelé la Commission européenne à « préserver l’intégrité et l’ambition » des règlementations de l’UE en matière de finance verte. Loin de rendre l’Europe non compétitive, les signataires ont déclaré que les règles actuelles contribuaient à offrir une stabilité à long terme dans un climat économique mondial de plus en plus incertain.

« Soutenir à la fois l’action climatique et la croissance économique n’est pas seulement possible, mais nécessaire », confie Stephanie Pfeifer, directrice générale du Institutional Investors Group on Climate Change (IIGCC). « Si l’UE peut montrer son engagement à respecter ces principes, elle donnera aux investisseurs et aux entreprises la confiance nécessaire pour investir à long terme dans les technologies, les entreprises et les secteurs qui stimuleront à la fois la croissance économique et la décarbonisation. »


« Les solutions climatiques et la transition des secteurs clés de l’économie représentent l’une des plus grandes opportunités d’investissement du XXIe siècle », ajoute Stephanie Pfeifer, affirmant que de tels investissements « aideraient à sevrer l’Europe de sa dépendance aux combustibles fossiles et à alimenter l’économie de demain avec une énergie bon marché, fiable et durable ».

Les investisseurs et plusieurs entreprises avaient déjà averti la Commission européenne après l’annonce d’Ursula von der Leyen en novembre dernier. La présidente de la Commission avait déclaré que l’UE cherchait à « rationnaliser » les exigences en matière d’information financière prévue par la règlementation européenne sur le pacte vert pour l’Europe. À l’époque, plus de 50 grandes entreprises, dont IKEA, H&M et Nestlé, avaient adressé une lettre ouverte à l’UE, l’exhortant à « maintenir son engagement en faveur de la protection et de la restauration de la nature et de la biodiversité, ainsi que de la lutte contre le changement climatique ».

Les groupes de lobby d’entreprises européennes et certains pouvoirs politiques européens, dont le gouvernement français, ont demandé à la Commission européenne d’affaiblir les règles relatives aux publications d’informations en matière de durabilité. Le mois dernier, le ministre français des Affaires européennes, Benjamin Haddad, a écrit sur la plateforme de réseaux sociaux X : « Nos entreprises ont besoin de simplification, pas d’alourdissement administratif supplémentaire. »

Les spéculations selon lesquelles la Commission européenne pourrait tenter d’affaiblir les exigences de l’UE en matière d’information financière se sont intensifiées depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, où il a entrepris un programme de censure systématique du langage relatif au changement climatique, à la durabilité et aux droits humains au sein de son nouveau gouvernement. Dans le même temps, les droits de douane considérables imposés par Donald Trump, qui visent les pays voisins, le Canada et le Mexique, ainsi que le bloc européen, ont jeté le trouble sur les marchés mondiaux.

Cependant, Aleksandra Palinska, directrice exécutive du Forum européen de l’investissement socialement responsable (ou Eurosif), a déclaré qu’une telle incertitude ne faisait que renforcer les arguments en faveur de règles solides en matière de finance verte. Mettant en avant le rapport Draghi 2024, qui identifie un déficit de financement de 800 milliards d’euros pour que l’Europe atteigne ses objectifs de décarbonisation industrielle et de compétitivité, Aleksandra Palinska a déclaré : « Pour jouer leur rôle, les investisseurs ont besoin d’informations de qualité, fiables et comparables sur les entreprises, y compris sur les risques et les impacts liés au développement durable. Les changements radicaux apportés à ces règles [de finance verte], avant qu’elles ne soient pleinement mises en œuvre, créeront une incertitude règlementaire et sont susceptibles d’entraver la contribution que les investisseurs peuvent apporter à la croissance durable. »

Avant cela, François Gemenne, professeur à HEC Paris et auteur principal du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a déclaré au magazine Sustainable Views que « la meilleure réponse aux politiques mises en œuvre aux États-Unis est de renforcer l’agenda vert de l’UE, et non de l’affaiblir ». Selon lui, « plutôt que de suivre la voie de Trump, nous devrions tracer notre propre chemin. »

« La clé de la compétitivité est l’accès à une énergie abondante et bon marché », a déclaré François Gemenne. « Nous n’avons pas de combustibles fossiles en Europe, et nous ne pouvons donc pas appliquer la stratégie de Trump “drill, baby, drill” [“fore, chéri, fore”]. Mais nous pouvons produire des énergies renouvelables et faire baisser les prix de l’énergie. »

 

Une contribution de David Vetter pour Forbes US, traduite par Flora Lucas

 


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