Brandie comme une menace par Élisabeth Borne, l’objectif est d’encourager les patrons à augmenter les salaires et à être très mesuré dans la répercussion de la hausse des matières premières sur les prix. Est-ce la bonne méthode ? Réponse avec Marc Touati, Économiste et Président du cabinet ACDEFI.
« C’est la stratégie qu’a choisi le gouvernement pour tenter de désamorcer la crise sociale en gestation en cette rentrée, mais c’est un propos qui favorise la lutte des classes en entretenant une méconnaissance des mécanismes économiques » explique Marc Touati. « Formulée comme telle, cette menace semble sous-entendre que les entreprises ne paient pas d’impôts ou pas suffisamment. Or, ce n’est pas le cas. N’oublions pas que la France arrive en seconde place des pays qui paient le plus d’impôts, et que, par ailleurs, la réalité du tissu économique français est que 98% des entreprises françaises ont moins de 10 salariés. On est donc loin du CAC 40. Autre idée fausse ? 80% des profits des entreprises du CAC 40 sont réalisés à l’étranger, leurs gains sont donc taxés, mais dans le pays où ils ont été générés. En voulant taxer les superprofits des entreprises du secteur énergétique comme TOTAL, le gouvernement s’attaque à un problème de faisabilité économique et juridique. Comment expliquer à ces entreprises qu’elles vont être taxées deux fois sous prétexte qu’elles sont françaises ? ».
Si la priorité du gouvernement est de rendre du pouvoir d’achat aux Français, alors plusieurs options s’offrent à lui. « Il peut baisser les charges qui pèsent sur les salaires, ou encore baisser la CSG, mais pour cela, il faudrait baisser la dépense publique et notamment les dépenses de fonctionnement ». Dans le contexte actuel de tension sur l’emploi dans de nombreux secteurs, l’augmentation de salaire est une décision évidente pour les entreprises qui peuvent se le permettre. « Il faut éviter, en économie, de prendre des mesures unilatérales. En contraignant les entreprises à augmenter les salaires, même celles qui ne peuvent pas le faire, on risque de s’enfermer dans une boucle prix-salaire, comme cela a été le cas en 1981 avec François Mitterrand. Un choix qui a porté l’inflation à 14,5 % en France ». A méditer…
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