Rendre son équipe performante. C’est le défi de nombreux managers, et encore davantage aujourd’hui dans une organisation du travail de plus en plus hybride. Et si l’un des sports les plus populaires en France, aka le football, pouvait nous éclairer et nous donner des enseignements pratiques pour l’entreprise ?
Créer un sentiment d’appartenance tout en respectant l’unicité de chacun
Une équipe, c’est un même maillot qui rassemble tous les joueurs. C’est aussi le nom et le numéro du joueur qui sont inscrits explicitement sur le maillot pour que chacun puisse sentir son identité reconnue. Le numéro devient même un signe distinctif à l’image du n°7 de Cristiano Ronaldo (CR7). Dans une équipe de football, le maillot est le premier élément de matérialisation de deux besoins indispensables pour s’impliquer pour l’équipe : le sentiment d’appartenance et le besoin d’être reconnu comme un individu unique.
En entreprise, le manager doit régulièrement veiller à cet équilibre : reconnaître l’unicité de chacun et sa contribution spécifique tout en entretenant le sentiment d’appartenance au travers de rituels, de langage commun et d’expériences partagées. Cela passe aussi par l’acceptation et la création d’une culture valorisant la diversité et une vigilance pour ne pas basculer dans un système d’iniquité ou de préférence personnelle qui serait préjudiciable au collectif.
Clarifier les rôles sans créer de prés carrés
Dans le sport, chacun à un rôle sur le terrain. Sans missions propres, chacun se mettrait à suivre le ballon en “troupeau” avec peu d’efficacité. Des fonctions sont donc assignées aux joueurs : défenseur, milieu, attaquant. Mais pour autant, cela reste des fonctions. Un joueur peut prendre des initiatives et dépasser son rôle, c’est le cas par exemple quand un défenseur monte sur le terrain pour créer le surnombre ou, à l’inverse, quand les attaquants effectuent un repli défensif, comme l’équipe du Maroc nous l’a joliment montré pendant cette coupe du monde. Un joueur peut venir en soutien – à l’image de l’impressionnant Antoine Griezmann lors de ces derniers matchs – dans une zone où son coéquipier se serait fait distancer. Ces fonctionnements permettent à l’équipe de foot de s’adapter, de répondre à l’imprévu ou de faire la différence. Intervenir en dehors de sa zone pour aider un coéquipier est donc non seulement admis mais nécessaire. Viendrait-il à l’idée d’un coach de dire à un joueur qui sauve l’équipe « non, ça n’est pas ton périmètre, tu aurais dû laisser passer le ballon » ?
Pourtant, en entreprise, les fonctions peuvent avoir tendance à devenir des territoires, voire des prés carrés où il est parfois malvenu de s’introduire et donner son avis. Transposer le rôle sur le terrain de l’entreprise, cela signifie qu’il faut assigner des fonctions mais veiller à ce que les frontières ne limitent pas les territoires à quelques-uns, que des initiatives coordonnées puissent être prises pour que l’organisation garde sa flexibilité. Cela signifie qu’il est aussi de la responsabilité d’intervenir, de manière coordonnée et raisonnée, si on constate un dysfonctionnement qui impacte le collectif.
Développer la complicité opérationnelle
Les joueurs s’entraînent ensemble pour créer des réflexes collectifs, comprendre comment l’autre joueur aime se déplacer, recevoir la balle, faire ses appels. Ces entraînements vont permettre d’avoir des gestes plus fluides et de développer des modes opératoires collectifs plus impactants.
Les équipes en entreprise peuvent elles aussi développer cette complicité opérationnelle en partageant leurs intentions, en communiquant davantage sur ce qu’elles vont faire, sur leurs contraintes ou leurs besoins. Elles peuvent également définir ensemble leur mode de fonctionnement, dans le cadre d’un projet complexe par exemple.
Les joueurs de foot ont également une conscience forte de leur interdépendance : la manière dont le joueur transmet la balle à un autre joueur influence les chances de succès de l’équipe. Chacun dépend de la façon de jouer de l’autre, et surtout de la façon de jouer pour le collectif. L’entreprise prête-t-elle suffisamment attention à la façon de tenir compte de l’interdépendance ? Regarde-t-on qui fait bien circuler l’information ou qui la garde pour soi ? Faire équipe, c’est être attentif au partage d’information, à la compréhension des contraintes des autres, et intégrer que la responsabilité vis-à-vis du collectif dépasse les envies de liberté individuelle.
Gérer les rythmes pour réussir dans la durée
La mi-temps permet de recaler une équipe dans la bonne énergie et stratégie. Ce fut par exemple le cas en 1998 pour Aimé Jacquet à la mi-temps de France-Croatie. Quelques minutes pour se parler collectivement et ajuster la façon de jouer.
Débriefing vidéo des performances, analyse individuelle et collective, décryptage de données : une équipe tire les enseignements de ses grands moments, qu’il s’agisse de victoires ou de défaites.
En entreprise, l’opérationnel prend souvent le dessus et l’équipe ne prend pas toujours le temps de s’interroger sur ses pratiques. Quels sont nos succès et avons-nous pris le temps de les célébrer avant de passer au sujet suivant ? Comment pouvons-nous faire évoluer nos interactions et nos fonctionnements collectifs ? Est-ce qu’une stratégie qui marchait jusqu’à présent est-elle devenue inefficace ? Que faudrait-il adapter et comment ? Une équipe s’entretient et à besoin de temps réguliers pour échanger sur ses pratiques et les évolutions à apporter.
Pour faire équipe, il ne suffit pas de réunir les meilleurs talents. Il faut trouver la bonne alchimie entre l’individuel et le collectif, permettre à chacun de se sentir en sécurité et contributeur dans le groupe sans laisser les égos individuels ou les jeux personnels dominer l’intérêt collectif.
Cela se construit avec des pratiques pensées et adaptées. Tout comme les passionnés de foot ont un regard critique sur le jeu produit pendant un match, les managers peuvent aiguiser leur regard pour observer finement ce qui se joue dans leur équipe et la rendre plus cohésive et performante.
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