La France traverse actuellement une période de fortes turbulences économiques, politiques et sociales, marquée par des défis budgétaires significatifs, des réformes controversées et une montée des inégalités. Dans ce contexte, l’économie quaternaire, telle que proposée dans 2040 – 5 futurs possibles et comment s’y préparer, offre une alternative pertinente et nécessaire.
Une contribution de Jeremy Lamri, auteur de « 2040 – 5 futurs possibles et comment s’y préparer » (Editions Eyrolles)
Pendant des décennies, nous avons avancé avec une boussole économique déréglée. Une croissance aveugle, un productivisme exténuant, un progrès réduit au PIB. Et aujourd’hui, le constat est sans appel : dérèglement climatique, inégalités sociales explosives, crise du sens au travail, fragmentation des sociétés. Si notre époque vacille, c’est que notre système repose encore sur un modèle dépassé. Ce n’est pas la planète qui est à bout de souffle, c’est le logiciel qui la gouverne.
Il est temps de penser autrement. Il est temps d’oser une économie qui réconcilie l’humain, la planète et le progrès. C’est tout l’enjeu de l’économie quaternaire.
Une boussole pour le XXIe siècle
L’économie quaternaire repose sur trois piliers : la connaissance, la solidarité et la durabilité. Elle ne cherche pas à maximiser la production, mais à optimiser la contribution. Elle ne récompense plus l’accumulation, mais l’utilité sociale. Dans ce modèle, les soins aux autres, la transmission, la protection des écosystèmes, l’innovation éthique deviennent des moteurs de prospérité à part entière.
Ce n’est pas une utopie : c’est déjà une réalité en germe. Des villes régénératives, des initiatives de revenu contributif, des plateformes de consommation responsable émergent partout dans le monde. Ce sont les premières briques d’un système qui pourrait devenir notre nouveau cap.
Le revenu contributif : reconnaître enfin ce qui compte
Dans cette économie, chacun peut recevoir un revenu non pas pour ce qu’il produit, mais pour ce qu’il apporte à la société. Soins informels, actions écologiques, engagement associatif, éducation, entraide locale : des millions de personnes œuvrent déjà pour le bien commun sans reconnaissance ni filet de sécurité. Le revenu contributif vient réparer cette injustice.
Il ne s’agit pas d’un revenu sans condition, mais d’un contrat sociétal clair : tu contribues, tu es reconnu. C’est un pas décisif vers une justice sociale réinventée, à l’heure où l’automatisation exclut une part croissante de la population des formes classiques d’emploi.
Une économie qui rend possible la dignité
L’économie quaternaire redonne à chacun une place et une raison d’agir. Elle suppose que la prospérité ne se mesure pas seulement en argent, mais en liens, en sens et en équilibre. Elle refuse que la valeur d’un individu se résume à sa productivité. Elle place la dignité humaine, l’accès aux biens essentiels (énergie, éducation, mobilité, numérique), et la participation citoyenne au cœur de l’organisation sociale .
Elle ne nie pas le rôle des entreprises ou des technologies. Au contraire. Mais elle les encadre, oriente, responsabilise. L’innovation n’a de valeur que si elle sert le vivant.
Choisir la direction, plutôt que subir la trajectoire
Nous faisons aujourd’hui face à une bifurcation historique. Le statu quo nous mène droit dans le mur. Les alternatives existent, mais elles nécessitent un courage politique, une vision collective, et une action coordonnée à tous les niveaux de la société. Ce n’est pas un détail de politique économique. C’est un choix de civilisation.
Face au manque de vision positive dans le débat public, je lance aujourd’hui le Cercle Quaternaire : un collectif transpartisan pour porter une alternative claire, systémique, désirable. Il ne s’agit pas d’être « contre » tout, mais enfin « pour » quelque chose de grand. Un projet commun, humain, lucide, et profondément transformateur. Parce qu’il ne suffit pas d’imaginer des futurs possibles : il faut commencer à les bâtir.
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