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Exclusif : les coulisses de l’échec de la méga-fusion entre SITEL et Majorel

 ➡ Ce devait être le mariage de la décennie entre deux mastodontes de la relation client, ouvrant la voie à une entreprise dont le chiffre d’affaires aurait dépassé les 6 milliards d’euros.

Le 22 juillet dernier, au cœur de la torpeur estivale, Sitel Group (propriété de la famille Mulliez) et Majorel (une co-entreprise entre l’allemand Bertelsmann et le marocain Saham) annonçaient être parvenus à « un accord fixant les principaux termes d’une potentielle fusion (…) afin de créer un nouveau leader mondial de l’expérience client ».

Moins de deux mois plus tard, le deal tombe par terre. A en croire le communiqué laconique émis par les deux fiancés ce lundi soir juste après la fermeture des marchés financiers européens, ce serait en raison de « désaccords sur l’alignement de la stratégie financière » que le mariage ne serait finalement pas consommé.

Mais derrière le vocable policé et volontairement apaisant, des divergences de fond seraient apparues lors de la période de négociation, notamment lors de la phase de « Due diligence » pendant laquelle les partenaires doivent ouvrir leurs livres de comptes. Est apparue une « asymétrie financière de la capacité d’endettement entre les deux entreprises », selon une source fiable qui a conseillé les parties sur le plan financier, et qui a requis l’anonymat. En clair, l’une des deux parties serait très endettée, et l’autre pas, aliénant ainsi les chances de succès de la fusion. En fait, Sitel aurait financé une opération de croissance externe antérieure, le rachat de Sykes en septembre 2021 en ayant recours à 100% à de la dette .

Rien de bien exotique jusque-là, Sitel Group disposant de fondamentaux solides et pouvant y faire face. Sauf que la banque anglaise qui aurait conseillé Sitel sur cette opération a négocié cet emprunt avec un taux variable, et que depuis le déclenchement de la crise ukrainienne, ces derniers se sont naturellement envolés…

Plusieurs centaines de millions d’euros supplémentaires

Au final, ce serait donc plusieurs centaines de millions d’euros de taux d’intérêts supplémentaires qui pèseraient sur le bilan du nouvel ensemble, modifiant les modélisations financières et réduisant l’effet des synergies projetées du nouvel ensemble. Toujours selon la même source proche du deal , les discussions se seraient tendues entre Sitel Group et Majorel depuis que ce point aurait été abordé afin de tenter de l’intégrer dans le deal final en réduisant le poids de Sitel pour refléter le surcoût lié à l’endettement.

Pour Majorel, qui n’est pas endettée, la question de la résolution de cette dette variable dans le bilan de Sitel constituait un point d’achoppement. Côté Sitel, le top management de l’entreprise aurait insisté pour que les « paramètres originels du deal » soient conservés, dette variable ou pas. Au final, les deux entreprises reprennent leur chemin séparément après 60 jours de lune de miel, et l’idée de créer un leader mondial de la relation client aura vécu… jusqu’au prochain round ?

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