Rechercher

EXCLUSIF | Carlos Ghosn revient sur le conflit juridique qui l’oppose à Nissan

Carlos Ghosn
Carlos Ghosn au GP de Monaco, le 25 mai 2017. | Source : Getty Images

Dans une interview exclusive pour Forbes, Carlos Ghosn revient sur le conflit qui l’oppose à Nissan et sur l’action en justice qu’il vient d’intenter contre le constructeur automobile au Liban.

 

Nommé à la tête de Renault en 2005, Carlos Ghosn a sauvé le constructeur automobile de la quasi-faillite, avant d’en faire de même chez Nissan en mettant en place une puissante alliance qui incluait également Mitsubishi Motors. Cette alliance était sur le point de s’étendre potentiellement à Fiat Chrysler lorsque Carlos Ghosn a été soudainement arrêté après avoir atterri à Tokyo le 19 novembre 2018, accusé d’avoir sous-déclaré sa rémunération au gouvernement japonais.

L’ancien titan de l’industrie automobile a ensuite passé plus de 100 jours en prison, une détention que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a qualifiée d’« arbitraire et illégale ». Libéré contre une caution de 8,9 millions de dollars et assigné à résidence, il s’est enfui du Japon de manière assez spectaculaire, affirmant que les accusations portées contre lui étaient motivées par des considérations politiques et qu’il n’avait aucune chance de bénéficier d’un procès équitable.

Il vit désormais comme au Liban, où il a récemment intenté un procès contre Nissan et une douzaine de cadres, leur réclamant 1,1 milliard de dollars. Pour Forbes, il revient sur son procès, l’état de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Elon Musk, les véhicules électriques et bien d’autres choses encore.

Pour retrouver l’interview en intégralité, cliquez ici.

 

L’exil au Liban

Le procès, qui vise à obtenir 588 millions de dollars d’indemnités et 500 millions de dollars de dommages-intérêts punitifs de la part de Nissan et d’une douzaine de personnes nommément désignées, a été intenté au Liban, car c’est là que certains des délits présumés contre lui ont été commis. La date de dépôt de la plainte reflète le temps qu’il a fallu à Carlos Ghosn pour rassembler des preuves après avoir perdu l’accès à son téléphone, à son ordinateur portable, à son courrier électronique et à d’autres documents au moment de son arrestation. « Je pense qu’aujourd’hui, j’ai probablement 30 % de ce que j’avais avant », déclare Carlos Ghosn.

L’ancien PDG de Renault explique qu’il a été initialement arrêté pour un seul chef d’accusation : « sous-déclaration d’une rémunération qui n’a été ni décidée ni payée. » Bien qu’il soit devenu le dirigeant le mieux payé du Japon, son salaire était nettement inférieur à celui de ses rivaux du secteur, comme Mary Barra, PDG de GM. Aucun tribunal n’a pour l’heure statué sur les accusations portées contre Carlos Ghosn.

 

Un « conflit étrange » chez Nissan

« Aujourd’hui, nous avons une façade d’alliance et le dernier chapitre a été cet étrange conflit entre le PDG et le directeur de l’exploitation, où le directeur de l’exploitation a été jeté par la fenêtre », déclare Carlos Ghosn. Mardi 27 juin, lors de la réunion des actionnaires, « il n’y a pas eu une seule question sur les raisons du départ du directeur de l’exploitation, pas une seule question sur le procès que j’ai intenté à l’entreprise », ajoute l’ancien dirigeant de Renault.

Ce qui est le plus saisissant, selon Carlos Ghosn, c’est le nombre d’actionnaires présents : 243. « Lorsque j’étais PDG de l’entreprise pendant 19 ans, 2 000 actionnaires en moyenne assistaient à nos réunions », affirme-t-il, qualifiant la réunion de « spectacle organisé » sans aucune transparence sur ce qui se passe réellement.

« Toute cette histoire a commencé parce que les Japonais ne faisaient plus confiance aux Français », dit-il. « Le divorce est acté. »

 

À propos des véhicules électriques et d’Elon Musk

Carlos Ghosn évoque également les opportunités qu’il entrevoit dans l’industrie automobile (il affirme conseiller un certain nombre d’entrepreneurs et de collègues de l’industrie), ainsi que la poussée vers les véhicules électriques. En 2009, Elon Musk et lui-même ont été des pionniers avec respectivement la Nissan Leaf et Tesla. « Il a créé sa propre entreprise. Je ne l’ai pas fait. C’est là mon erreur », déclare Carlos Ghosn. « Si j’avais créé une startup de voitures électriques ou de batteries, je serais dans une position complètement différente. »

L’ancien PDG de Renault conclut : « S’ils abandonnent les poursuites, cela ne signifie pas que nous sommes quittes. Ils doivent me dédommager pour les dégâts qu’ils ont causés. »

 

Article traduit de Forbes US – Auteure : Diane Brady

 

<<< À lire également : Carlos Ghosn intente une action en justice contre Nissan >>>

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC