Érosion des marges : comment survivre au marasme économique ?

Ces dernières années, l’environnement économique s’est profondément transformé, devenant à la fois plus complexe et plus compétitif. Entre inflation galopante, instabilité politique et chaînes d’approvisionnement fragilisées, les entreprises subissent des pressions croissantes tout en s’efforçant de préserver leur croissance. En France, le climat économique actuel, alourdi par une instabilité politique persistante, assombrit encore davantage les perspectives des entreprises. Dans ce climat tendu, chaque projet est scruté avec rigueur, tandis que les stratégies autrefois efficaces pour maximiser les marges montrent leurs limites et peinent à répondre aux nouveaux défis.

Une contribution de Ronan Kerouedan, SVP Solutions Consulting chez Coupa Software

Face à cette situation, les entreprises font preuve de prudence, en réduisant leurs coûts et en surveillant de près leurs dépenses. Mais cette vigilance, associée à des dynamiques de marché en pleine mutation, engendre une nouvelle menace : l’érosion des marges, un problème qui ne cesse de s’intensifier.

Comprendre et identifier la zone d’érosion des marges

Ce que l’on désigne par « zone d’érosion des marges » est ce déclin progressif et insidieux de la rentabilité d’une entreprise, qui se manifeste au fil du temps. Ce phénomène est particulièrement préoccupant, car il menace directement la pérennité et les performances financières des organisations. Aucune entreprise n’est épargnée par cette réalité, et à mesure que cette problématique s’intensifie, il devient crucial pour les responsables financiers de comprendre ses mécanismes, d’identifier les leviers à actionner et de mettre en place des stratégies ciblées pour y faire face ou s’en affranchir.

Mais alors, à quoi ressemble une entreprise avec une marge bénéficiaire saine ? Bien qu’il n’existe pas de formule magique, cela repose sur plusieurs facteurs clés : le secteur d’activité, la structure des coûts et les objectifs stratégiques de l’entreprise. Se comparer aux acteurs du même secteur peut également fournir des repères précieux. En théorie, les marges d’une entreprise devraient être égales ou supérieures à celles de ses concurrents. En pratique, les turbulences macroéconomiques pèsent lourdement sur la rentabilité.

Ces préoccupations sont confirmées par une étude récente, qui révèle que 90 % des directeurs financiers mondiaux craignent de ne pas atteindre leurs prévisions de chiffre d’affaires. Plus ces défis restent sans réponse, plus leurs impacts se cumulent, aggravant la situation.

Il est également important de souligner que l’érosion des marges ne provient pas uniquement de facteurs externes, mais aussi internes, tels que des systèmes informatiques obsolètes ou encore des processus cloisonnés et inefficaces (paiements manuels, cycles longs d’approbation des factures ou des notes de frais).

Les conséquences de cette érosion des marges sont profondes : réduction des bénéfices, tensions opérationnelles et frein à la croissance. Dans ce contexte, les directeurs financiers sont confrontés à un double défi : maîtriser les coûts tout en maintenant la qualité des produits ou services, et éviter les réductions de ressources essentielles telles que les effectifs. Et pour cause, face à une augmentation des coûts plus rapide que celle des revenus, l’entreprise risque de perdre son avantage concurrentiel, laissant ainsi la place à des compétiteurs plus agiles capables de mieux s’adapter aux nouvelles réalités du marché.

Protéger et défendre ses marges

Bien que les solutions à court terme puissent apporter un soulagement temporaire, elles ne suffisent pas à contrer l’érosion des marges. Pour inverser la tendance, les entreprises doivent revoir leur gestion des dépenses et miser sur de petits changements qui, cumulés, produisent des effets significatifs.

Cinq leviers clés peuvent être activés pour renforcer la rentabilité : efficacité, productivité, durabilité, résilience et croissance. Ces piliers sont interconnectés et se renforcent mutuellement :

• Efficacité : La rationalisation des processus d’approvisionnement et des relations fournisseurs réduit les coûts opérationnels, créant un « multiplicateur d’efficacité ».

• Productivité : L’automatisation libère les équipes financières pour des tâches stratégiques, générant un « multiplicateur de productivité ».

• Durabilité : Optimiser les chaînes d’approvisionnement avec des fournisseurs respectueux des critères ESG et DEI permet de réduire l’empreinte carbone tout en renforçant le « multiplicateur de durabilité ».

• Résilience : Ces mêmes engagements durables renforcent la capacité de l’entreprise à résister aux chocs externes, créant un « multiplicateur de résilience ».

• Croissance : Dans des marchés où les marges sont étroites, la croissance repose sur des décisions financières plus intelligentes et un contrôle rigoureux des marges. Le « multiplicateur de croissance » est le résultat de tous les autres.

L’intelligence artificielle au service des marges

L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les leviers stratégiques permet d’amplifier leur efficacité. L’IA aide les responsables financiers à prendre des décisions éclairées dans des environnements complexes et souvent imprévisibles. Toutefois, la performance de l’IA repose directement sur la qualité des données qu’elle analyse. Des données incomplètes ou biaisées limiteront son efficacité et son rôle dans la lutte contre l’érosion des marges.

Pour initier cette transformation, il est essentiel de se poser les bonnes questions : « Quels sont nos objectifs stratégiques ? » et « Quels changements internes devons-nous opérer pour les mesurer et les suivre efficacement ? ». Identifier l’écart entre la performance actuelle et les ambitions de l’entreprise est crucial pour éviter que la zone d’érosion des marges ne se creuse davantage.

La gestion globale des dépenses offre une approche durable, fiable et complète pour garantir une croissance rentable. Face à une économie incertaine, des habitudes de consommation en évolution et des prévisions de ventes fluctuantes, les responsables financiers se concentrent sur ce qu’ils peuvent maîtriser : les processus et la technologie. Résultat ? Un retour sur investissement rapide, parfaitement aligné avec les objectifs stratégiques, permettant de saisir des avantages concurrentiels et de stimuler une croissance durable.

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