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Axelle Lemaire : « La France Est Sur La Carte Du Monde Des Pays Qui Comptent Le Plus Dans La Tech »

© Getty Images

A propos d’attractivité, certains déplorent le fait que certaines « pépites », l’exemple le plus récent étant le rachat du pionnier des objets connectés Withings par Nokia (pour 170 millions d’euros), passent sous pavillon étranger, ce qui attesterait d’une « faiblesse » de la French Tech. Que leur répondez-vous ?

Il n’existe pas de voie toute tracée pour une start-up. Le rachat est, en effet, l’un des destins possibles. A l’inverse, j’ai tendance à penser que les transactions que vous évoquez sont le signe de l’attractivité et de la vitalité de la « French Tech ». Dans un monde idéal, nous voudrions avoir des entreprises qui soient suffisamment puissantes en France afin qu’elles rachètent des start-ups. C’est évidemment déjà le cas puisque vous n’êtes pas sans savoir que des grandes sociétés du CAC 40, avec beaucoup moins d’emphase et de publicité, rachètent des entreprises. Ce qui est important dans un écosystème, et ce qui fait sa réussite, c’est avant tout l’aspect humain. Les entrepreneurs qui ont réussi à faire croître leur entreprise et qui ont estimé, à un moment charnière, que ladite croissance n’était plus possible ne sont pas à blâmer. Ce qui compte c’est que ces personnes-là puissent, derrière, créer de nouveau une entreprise et investir dans l’écosystème avec l’expérience des réussites ou des échecs passés. On a besoin d’eux en France. Dès lors la question n’est pas que Withings ait été racheté par Nokia, mais la seule interrogation qui vaille est surtout est-ce que Eric Carrel (Président fondateur de Withings) va continuer d’investir dans l’écosystème français ?

Pour en revenir à votre visite en Israël, évoquée en préambule, l’un des axes de votre visite reposait sur le concept « d’innovation ouverte ». Pouvez-vous nous en dire davantage ? Rappelons qu’à la suite du départ d’Emmanuel Macron de Bercy, vous avez hérité du portefeuille de l’innovation.

L’enjeu pour l’économie française n’est pas uniquement de faire croître les start-ups afin qu’elles deviennent des licornes et, éventuellement, des futurs géants technologiques. Il s’agit aussi, pour l’ensemble des acteurs économiques  Français et plus généralement Européens, d’opérer leur mue industrielle. Ainsi, ceux qui ont été les acteurs historiques de la révolution industrielle ont vocation à devenir les leaders de la transformation numérique. Ce défi s’impose à tous les secteurs industriels et de service. Pour ce faire, il faut modifier la manière d’innover et miser à fond sur l’innovation ouverte en lien avec l’écosystème de la French Tech. Travailler plus étroitement avec les start-ups via des partenariats technologiques. Ce n’est plus seulement un retour sur investissement financier qui doit être recherché mais une véritable veille pour être en capacité d’intégrer les innovations les plus pointues. Tout ceci ne peut s’opérer que dans un environnement plus ouvert notamment avec un partage de données à partir d’infrastructures mutualisées. C’est d’ailleurs dans ce but que j’ai lancé l’alliance pour l’innovation ouverte qui abrite en son sein plus d’une trentaine d’entreprise du CAC 40. Ces dernières sont engagées dans cette voie, en signant une charte rédigée en étroite collaboration avec les start-ups françaises. Voilà le modèle d’innovation que je souhaite encourager en France.

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