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Elon Musk a créé une société dont le nom, « United States Of America Inc », suscite de nombreuses interrogations

Elon Musk
Elon Musk, PDG de Tesla et SpaceX, quitte la scène après avoir pris la parole lors d'un événement de campagne avec l'ancien président Donald Trump au Butler Farm Show, samedi 5 octobre 2024, à Butler, en Pennsylvanie. Getty Images

Les objectifs de l’entreprise restent incertains, mais son nom rappelle une théorie du complot largement réfutée. Son lancement fait suite aux déclarations de Donald Trump, affirmant qu’Elon Musk dirigerait une commission sur l’efficacité gouvernementale.

Un article de Sarah Emerson pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

 

Elon Musk, un grand donateur républicain, a discrètement créé deux nouvelles sociétés qui pourraient indiquer un futur rôle dans la politique américaine, selon des informations obtenues par Forbes. Ces entités mystérieuses, fondées au début du mois, ont été enregistrées dans l’État du Texas, où réside le milliardaire, avec une adresse partagée avec son bureau familial. Il s’agit de United States of America Inc. et de Group America LLC, qui n’avaient jamais été signalées auparavant.

Peu d’informations sont disponibles sur leurs objectifs, mais United States of America Inc. semble être une société holding, avec Musk comme unique directeur. Cette entité est également citée comme gestionnaire de Group America LLC, qui ne nomme pas directement Musk, mais partage la même adresse, utilisée par plusieurs de ses entreprises, dont Musk Ventures et diverses LLC associées à ses activités. Les représentants de Musk n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.

Ces derniers mois, le magnat de la technologie a clairement affiché son soutien à Donald Trump. Lors d’un rassemblement la semaine dernière, il a même fait une apparition remarquée en montant sur scène. Actuellement, il est en tournée en Pennsylvanie, un État clé lors des élections, pour défendre l’ancien président. Musk est également devenu l’un des principaux donateurs de Trump, ayant versé au moins 75 millions de dollars à America PAC, le comité d’action politique pro-Trump qu’il a lancé en mai, selon les derniers documents de financement de campagne.

Bien qu’Elon Musk n’ait publiquement exprimé son soutien à Donald Trump qu’en juillet, le qualifiant de « résistant » et de « martyr » après une tentative d’assassinat en Pennsylvanie, il soutient financièrement des causes républicaines depuis plusieurs années. En complément de ses contributions publiques à America PAC, Musk aurait également transféré des millions de dollars vers des campagnes conservatrices par le biais d’une SARL, utilisée pour financer des groupes qui ne sont pas légalement tenus de divulguer l’identité de leurs donateurs, selon le Wall Street Journal. En 2022, plus de 50 millions de dollars de ses fonds auraient été transférés à Citizens for Sanity, un groupe à l’origine de nombreuses publicités contre les droits des personnes transgenres, la criminalité et l’immigration, et ayant des liens avec Stephen Miller, ancien rédacteur de discours de Trump.

Les nouvelles entreprises de Musk n’apparaissent pas dans les registres de la Commission électorale fédérale, qui auraient pu révéler si elles ont servi à recevoir ou à verser des fonds de campagne. Les rapports les plus récents couvrent uniquement le troisième trimestre fiscal de cette année, ne prenant pas en compte le mois d’octobre, durant lequel ces sociétés ont été créées.

Comme beaucoup de personnalités influentes, Musk a utilisé des SARL et des sociétés écrans pour dissimuler certaines de ses activités. Par exemple, à Bastrop, au Texas, sa société de creusement de tunnels, The Boring Company, a acquis de vastes parcelles de terrain via une SARL nommée Gapped Bass. Forbes avait précédemment révélé que sa start-up d’intelligence artificielle, xAI, avait distribué des accords de non-divulgation par l’intermédiaire d’une entité sœur, afin de maintenir le secret autour de son projet de superordinateur. Il est intéressant de noter que United States of America Inc. partage également son nom avec une théorie du complot d’extrême droite.

Certaines enclaves extrémistes et des groupes de « citoyens souverains » — des individus opposés à l’autorité gouvernementale qui prétendent ne pas être soumis à sa juridiction — soutiennent que les États-Unis auraient été secrètement transformés en société à but lucratif, une croyance basée sur une mauvaise interprétation de la loi de 1871, qui a incorporé et créé le district de Columbia. Ryan Bundy, fils de Cliven Bundy, dont la confrontation violente avec les forces de l’ordre fédérales en 2014 est devenue un symbole du mouvement souverain, a fait référence à « United States of America Inc. » dans la plainte qu’il a déposée contre le gouvernement américain. En 2021, cette théorie a été reprise par des partisans de QAnon pour affirmer que l’investiture du président Joe Biden était illégitime. Cependant, cette théorie du complot a été entièrement réfutée par les historiens, les experts juridiques et les spécialistes de la désinformation.

Musk ne semble pas avoir adopté cette théorie, ni même l’avoir commentée, et rien ne suggère que sa nouvelle société y soit liée. Cependant, à de nombreuses reprises, des utilisateurs de X, apparemment partisans de cette idéologie, ont tweeté à son intention « United States of America Inc. ». Les raisons derrière son choix de ce nom restent floues.

Le milliardaire s’est activement employé à influencer la politique américaine, aussi bien au grand jour qu’en coulisses. Son comité America PAC a sollicité des contributions de figures influentes de la Silicon Valley, comme l’investisseur Marc Andreessen et le cofondateur de Palantir, Joe Lonsdale. Le comité propose même de récompenser les citoyens qui parviendront à convaincre les électeurs des États clés de s’engager en faveur des premier et deuxième amendements. Plus tôt cette année, il a secrètement financé une campagne pour démettre de ses fonctions un procureur du Texas, finançant des publicités accusant ce dernier de « remplir les rues d’Austin de pédophiles et de meurtriers », selon le Wall Street Journal.

Il est également possible que les nouvelles entités créées par le millairdaire soient liées à ses projets pour une éventuelle seconde administration Trump. Le mois dernier, l’ancien président américain a déclaré que, « sur suggestion d’Elon Musk », ce dernier avait manifesté son intérêt pour la mise en place d’une commission sur l’efficacité gouvernementale, dont l’objectif serait de « supprimer totalement les fraudes et les paiements indus » grâce à un audit fédéral généralisé. « C’est une nécessité absolue », a répondu M. Musk.

Avec la contribution de Zach Everson.


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