Comme tout événement international, cette élection va avoir des incidences pour les chefs d’entreprise français, qu’ils soient présents ou non sur le marché américain. Ils devront très vite tenir compte des incidences sur les équilibres économiques et les conditions de marché. A la clé, une nécessaire réflexion sur la structuration opérationnelle, le besoin d’un autre accompagnement et une approche renouvelée de l’innovation.
Les dés sont dorénavant jetés : les Américains ont choisi, Donald Trump présidera les États-Unis pour les 5 prochaines années. Reste à voir quelles incidences ce vote aura pour les entrepreneurs français – car tous seront impactés, qu’ils aient ou non des activités outre-Atlantique. Au-delà des débats politiques sur l’élection présidentielle américaine, il est essentiel d’avoir une lecture business de ce type d’actualité internationale et de tenter de cerner la marge de manœuvre qu’elle laisse à nos chefs d’entreprise.
Face à la redistribution des cartes
Année après année, les équilibres économiques internationaux ont changé et le centre de l’échiquier mondial s’est progressivement déplacé. L’Europe n’a plus ni le même poids ni la même position qu’aux siècles derniers et elle va devoir tenir compte de l’évolution des rapports de force qu’induiront les futures décisions américaines en matière de politique économique et internationale.
La situation n’est pas nouvelle en soi : la première élection de Donald Trump en 2017, puis la pandémie du Covid, le déclenchement des conflits en Ukraine et au Proche-Orient ont déjà à plusieurs reprises modifié les règles du jeu et redistribué les cartes. Ce qui change en 2024, c’est que les incertitudes propres au contexte politique et économique français se superposent à ces évolutions internationales : absence de croissance, poids de la dette publique, incertitudes sur la fiscalité, etc.
Ce qui est sûr en revanche, c’est que ne plus prendre de décision serait la pire des options. Les événements géopolitiques créent autant d’opportunités qu’ils modifient les équilibres existants. L’enjeu est d’arriver à les capter – ce qui suppose de se mettre en conditions pour pouvoir le faire.
Le défi de la structuration
Tout d’abord, il faut que l’entreprise soit prête à intégrer et à capitaliser sur le changement. Cela demande au dirigeant de travailler sur sa structuration opérationnelle, c’est-à-dire d’aligner l’organisation sur le projet de croissance pour avoir la capacité d’exécuter le plan de développement imaginé quand le moment sera venu. Il est important qu’il accepte de questionner son organisation et son management afin d’ajuster ce qui doit l’être.
Par exemple, il se penchera sur son plan directeur, sa structure de coûts, ses projets d’investissement et réfléchira à la manière d’intégrer de nouveaux paramètres – dont les conséquences de l’élection présidentielle américaine sur l’économie mondiale. Il peut aussi faire évoluer sa gouvernance et son comité de direction. Un CoDir équilibré, engagé et performant est déterminant pour la performance d’une entreprise. Les membres du Codir ne sont pas choisis parce qu’ils travaillent depuis de nombreuses années dans l’entreprise mais parce qu’ils apportent des idées et leur analyse de l’environnement économique, contribuent aux décisions collectives qui assurent la croissance et les assument.
Le besoin d’un accompagnement opérationnel
Deuxième point : le dirigeant qui performe est celui qui ne reste pas seul. En 2018 déjà, le BGC notait que le taux de faillite des entreprises atteignait 40% quand elles n’étaient pas accompagnées contre 20% quand elles l’étaient. Une dimension que les Américains ont perçue et structurée dès la crise financière de 2008 : les fonds d’investissement ont recruté des « have-it-done », autrement appelés operating partners. Ces anciens chefs d’entreprise ont été mobilisés pour épauler les dirigeants de leurs participations en jouant un rôle d’ « assurance croissance ». S’appuyer sur un entrepreneur qui l’a déjà fait permet d’éviter de réitérer les mêmes erreurs.
Et les résultats sont là : la présence des operating partners dans le secteur du Private Equity américain explique en partie ses performances, avec une augmentation annuelle des encours de +23% contre +10,7% en Europe[1]. Par ailleurs, lors de leurs sorties, les fonds de capital-risque observent une hausse du chiffre d’affaires de +18,3% chez les entreprises accompagnées par un operating partner, contre 10,3% pour celles qui n’en ont pas sollicité. L’EBITDA généré par ces mêmes entreprises est respectivement de +23,2% versus +11,9%[2]. Quant aux entreprises ayant fait appel d’elles-mêmes à des operating partners indépendants, 30% notent une augmentation de 50% de leur chiffre d’affaires. Toutes le voient progresser d’au moins 5%[3].
L’innovation, autrement et à plusieurs niveaux
Dernier point d’attention pour capter les opportunités que générera l’élection présidentielle américaine : oser l’innovation business en plus de l’innovation produit ou technologique. Par exemple, si l’IA est en train de s’imposer partout, au-delà de la rupture technique qu’elle porte, elle est surtout en train de changer les modèles économiques et les façons de travailler. Pour un dirigeant, cela signifie qu’il peut imaginer d’autres sources de revenus et jouer sur de nouveaux leviers pour atteindre ses objectifs de rentabilité.
Le monde est en pleine transformation. L’élection du président américain aura un impact majeur car la politique qui sera menée influera sur les jeux de pouvoir entre les grandes puissances économiques mondiales. Nos entreprises doivent penser leurs stratégies de développement à l’aune de ces évolutions tout en veillant à toujours avoir la capacité d’agir et de mettre en œuvre le plan prévu, avec l’agilité et la résilience dont ils font preuve depuis plusieurs années déjà.
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[1] Source : France Invest
[2] Source : France Invest – analyse des sorties réalisées par les fonds français de capital-investissement entre 2020 et 2021.
[3] Source : I&S Adviser
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