Le Sénat américain a vécu mercredi 31 janvier une rencontre au sommet. Les grands patrons de la tech, Mark Zuckerberg, Elon Musk ou encore Sam Altman, étaient réunis lors d’un forum d’information pour discuter d’innovation, d’IA, de sécurité et surtout des dangers des réseaux sociaux. Des mea culpa, oui, mais quid des solutions ?
Les dirigeants du secteur de l’intelligence artificielle ont été invités par Chuck Schumer, le chef de la majorité au Sénat. Parmi les patrons présents, il y avait Mark Zuckerberg, PDG de Meta, Elon Musk, PDG de X, Jensen Huang de Nvidia, Sam Altman d’OpenAI, Sundar Pichai de Google et Satya Nadella de Microsoft.
Pour Mack Zuckerberg, les deux questions essentielles qui devraient soutenir toute réglementation de l’IA sont le libre accès et la sécurité. « Le Congrès devrait s’engager avec l’IA pour soutenir l’innovation et les garanties », a-t-il fait remarquer avant d’ajouter « Nous pensons que les décideurs politiques, les universitaires, la société civile et l’industrie devraient tous travailler ensemble pour minimiser les risques potentiels de cette nouvelle technologie, mais aussi pour maximiser les avantages potentiels. »
Tout comme Meta, les autres géants de l’IA se disent d’accord avec une réglementation du secteur. Dans son interview au New York Times, Sam Altman, le patron d’OpenAI a affirmé être impressionné par la rapidité avec laquelle le gouvernement américain a décidé de réglementer la technologie. Également patron d’une entreprise d’IA, Neuralink, Elon Musk a déclaré aux journalistes qu’une agence fédérale de surveillance de l’IA constituait selon lui le meilleur moyen pour le gouvernement d’encadrer le secteur. Il a également ajouté que les entreprises de la Tech auraient besoin d’un arbitre pour éviter une gestion sans contrôle des produits d’IA.
« Du sang sur les mains »
Mais cette « rencontre » n’a pas été de tout repos pour les patrons de la Tech. Contenus choquants, exploitation sexuelle, harcèlement en ligne, prévention du suicide… Les réseaux sociaux sont décriés à travers le monde pour leur impact néfaste sur la jeunesse. Face à ces dérives, le Sénat américain a organisé une audition lors du forum à laquelle ont été convoqués les principaux dirigeants des plateformes numériques. Et cela ne s’est pas très bien passé pour le numéro 1 incontesté, Mark Zuckerberg. Interpellé par le sénateur républicain de la Caroline du Sud, Lindsey Graham, il comprend très vite qu’il va devoir fournir des explications. « Monsieur Zuckerberg, vous et les entreprises devant nous, je sais bien que ce n’est pas votre intention au départ, mais vous avez du sang sur les mains. Vous avez un produit qui tue des gens », a lancé le sénateur américain. Sous les interpellations accusatrices de parents, présents lors de l’audition, dont les enfants sont victimes de cyber-harcèlement, Mark Zuckerberg s’excuse. « Je suis désolé pour tout ce que vous avez traversé, pour les épreuves qu’ont subies vos familles. C’est pourquoi nous investissons autant. Et nous allons continuer nos efforts, les plus importants du secteur, pour nous assurer que personne n’ait à traverser les mêmes souffrances que vos familles », a déclaré le cofondateur de Facebook. La solution suggérée par plusieurs sénateurs est que les médias sociaux soient enfin responsables des contenus qu’ils hébergent. Mark Zuckerberg s’est étendu sur les nombreuses mesures prises par son groupe pour protéger les plus jeunes, rappelant avoir investi plus de 20 milliards de dollars dans la sécurité depuis 2016 et employé 40 000 personnes dédiées à la modération et la sécurité sur les plateformes.
« Niveau d’hypocrisie ahurissant »
Sur ce sujet délicat, Shou Zi Chew, patron de Tik Tok, a également son mot à dire. « En tant que père de trois jeunes enfants, je sais que les questions abordées aujourd’hui sont horribles et alimentent les cauchemars de tous les parents. J’ai l’intention d’investir plus de 2 milliards de dollars dans la sécurité. Rien que cette année, nous avons 40 000 professionnels qui travaillent sur ce sujet. » X va de son côté créer une nouvelle antenne dédiée à la modération de la plateforme, qui va recruter une centaine de personnes pour lutter avant tout contre ce fléau, d’après un communiqué publié vendredi.
« X n’est pas la plateforme de choix des enfants et adolescents », a rappelé de son côté Linda Yaccarino, la patronne de X. Quant à Facebook, les sénateurs ont dans leur main des documents internes du géant des réseaux sociaux qui prouvent que Mark Zuckerberg a refusé de renforcer les équipes chargées de débusquer les risques pour les adolescents. « Le niveau d’hypocrisie est ahurissant », a jugé le sénateur démocrate Richard Blumenthal. Aux États-Unis, ces documents font partie du dossier de plainte déposé par une quarantaine d’États fin octobre. Ces derniers estiment que Meta nuit à la « santé mentale et physique de la jeunesse », évoquant les risques d’addiction, de cyber-harcèlement ou de troubles de l’alimentation. À ce stade, la législation américaine protège largement les plateformes numériques de toute responsabilité juridique en ce qui concerne les contenus partagés sur leurs sites. De nombreux élus souhaitent désormais inverser cette tendance mais de nouvelles lois ont été bloquées par un Congrès très divisé sur les solutions et par un puissant lobbying des grandes entreprises technologiques.
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