Dans un contexte où chaque point de marge compte, l’IA devient un levier de différenciation. Ne rien faire, c’est déjà prendre du retard. Beaucoup de dirigeants ont la conviction mais manquent d’accompagnement pratique. Une fois compris que l’IA automatise les tâches chronophages, augmente la précision et libère les équipes pour créer plus de valeur, comment avancer ?
Une contribution de Nathalie Lamborghini Dumas, Fondatrice de Flying Rhino, le start-up studio dédié aux plateformes et à l’économie circulaire , et Charlotte Hausemer, Associée en private equity et experte du Déploiement de l’IA et de l’automatisation dans le lower middle market
L’intelligence artificielle est entrée dans le quotidien des PME-ETI et ce n’est que le début. 20 % des ETI ont intégré des solutions basées sur l’IA, mais seulement 4 % l’ont pleinement adoptée (source Grant Thornton). Selon Deloitte, les entreprises de 50 à 500 salariés utilisant l’IA en marketing et vente voient leur chiffre d’affaires progresser de 15 à 25 % . PwC montre que des projets simples (chatbots, automatisation de reporting) génèrent un ROI de 3 à 5 fois l’investissement en un an. Pour les PME, l’IA est devenue un accélérateur de croissance accessible et rentable. Le défi reste l’adoption : 48 % des entreprises restent bloquées à l’étape du business case. Les freins sont connus : manque de compétences, coûts d’implémentation, intégration aux outils existants.
Par où commencer ?
Il est essentiel d’avancer méthodiquement. D’abord, mettre à plat les processus existants. Ecouter les équipes permet d’identifier les points de friction majeurs ; par exemple, une sous-utilisation de l’erp peut freiner directement la croissance. Il faut cibler un problème concret, celui qui consomme le plus de ressources ou limite l’expansion. Ensuite, identifier des gains “faciles”. Commencer par un projet simple, à faible risque humain, comme la création d’un agent d’aide à la prospection : peu d’impact sur la propriété intellectuelle et des résultats rapides. Enfin, implémenter et mesurer. Plutôt que de se perdre dans des roadmaps longues, il est préférable de lancer un premier projet ciblé, d’en mesurer l’impact précisément, puis d’itérer.
En un an, les résultats sont visibles : enthousiasme des équipes, croissance du chiffre d’affaires, amélioration des marges. La condition : une mise en œuvre progressive et une conduite du changement pensée dès le départ.
Il ne s’agit pas de révolutionner les modèles mais d’intégrer l’IA dans les workflows existants. Les intégrations réussies sont celles qui augmentent l’humain sans bouleverser son quotidien. Moins de saisie manuelle, plus de fluidité : quelques minutes gagnées par tâche deviennent des centaines d’heures sur l’année.
Exemples concrets
• Amélioration du ciblage commercial
Un distributeur industriel (250 salariés) active le scoring automatique dans son CRM. L’IA trie les prospects par probabilité d’achat, permettant aux commerciaux de se concentrer sur les meilleurs leads. Résultat : +22% de taux de conversion, réduction de 30% du cycle de vente. Aucun changement structurel ou projet technique complexe n’a été nécessaire, juste un usage intelligent des outils existants.
• Prospection automatisée
Une ETI industrielle (150 salariés) connecte un agent IA à LinkedIn et à sa boîte mail. L’agent identifie des prospects, envoie des messages ciblés, puis relance automatiquement. En trois mois, les opportunités commerciales augmentent de 30%, sans recrutement supplémentaire. Le coût est 5 à 10 fois inférieur à celui d’un salarié, générant plus de leads, plus rapidement, sans alourdir la masse salariale. Ainsi les commerciaux peuvent se concentrer sur la relation client. L’agent ne remplace pas l’humain pour autant, c’est une façon de travailler hybride – toujours avec la supervision nécessaire.
• Service client optimisé
Industrie manufacturiére (350 salariés). Un service client saturé de demandes répétitives (suivi de commande, manuel technique, FAQ SAV) implémente un chatbot IA connecté à la base de données produit. Ce dernier répond à 80% des questions courantes, à toute heure. Les équipes humaines peuvent ainsi se concentrer sur les cas complexes. Résultat : 50% d’appels entrants en moins, sans baisse de la satisfaction client.
L’approche hybride : l’humain reste central
L’IA propose, l’humain décide. Cette approche hybride permet de gagner en vitesse. L’impact va plus loin. En déployant l’IA dans des processus “hybrides” — où la machine propose mais l’humain décide — les PME-ETI allient vitesse d’exécution et qualité. Une alerte est remontée par l’IA, un opérateur la traite. Un brouillon de campagne est généré automatiquement, un expert le finalise. L’entreprise gagne en efficacité sans perdre le contrôle.
Le vrai frein n’est pas technologique mais culturel. Beaucoup de dirigeants redoutent de ne pas être “assez tech”. En réalité, il suffit de poser les bonnes questions :
• Quels sont les irritants du quotidien ?
• Où vos équipes perdent-elles du temps ?
• Quels processus sont encore 100% manuels ?
C’est là que l’IA peut intervenir — de façon ciblée, progressive, mesurable.
Regarder vers l’avenir
Clients, partenaires, collaborateurs : tous attendent plus de rapidité et de modernité. L’IA devient une norme. L’inaction expose à un risque de marginalisation.
Faut-il une stratégie IA complète ? Pas forcément. Commencer par un cas d’usage simple, avec un pilote, permet d’explorer concrètement les bénéfices. L’IA ne s’ajoute pas comme une couche supplémentaire : elle transforme la manière de traiter l’information.
Les PME-ETI disposant déjà de plateformes internes (extranet client, marketplace) peuvent renforcer ces dispositifs par l’IA : suggestions automatiques, tarifs dynamiques, détection de signaux faibles.
L’IA n’est pas une surcouche, elle exploite les flux de données existants pour générer plus de valeur.
Conclusion
Les attentes s’accélèrent : clients, partenaires et équipes exigent réactivité, transparence et outils modernes. L’IA devient la norme dans tous les secteurs. Ne pas l’adopter expose à un risque de marginalisation.
Plutôt qu’une stratégie globale, il est plus efficace de commencer par un cas d’usage simple, avec une équipe pilote. L’IA transforme la manière de traiter l’information et renforce les plateformes existantes en exploitant les flux de données pour automatiser, personnaliser, ajuster en temps réel.
Les entreprises qui réussiront seront celles qui agissent concrètement, pas celles qui théorisent. L’action progressive est la voie la plus sûre pour renforcer efficacité et croissance dès aujourd’hui.
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