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Droits de douane : top 5 des emplois les plus vulnérables à l’instabilité économique en 2025

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L'industrie automobile en France compte plus de 200 000 emplois directs, majoritairement des ouvriers qualifiés, techniciens et caristes.

Inflation persistante, conflits géopolitiques, politiques douanières protectionnistes, tensions sur les chaînes d’approvisionnement… En 2025, les marchés internationaux sont plus instables que jamais. Et ce sont souvent les travailleurs, en bout de chaîne, qui paient le prix fort. En France, plusieurs métiers – parfois stratégiques – sont directement menacés par ces turbulences. Forbes France dresse la liste des cinq emplois les plus vulnérables dans ce contexte d’incertitude économique et commerciale.

 

1. Industrie automobile

Pourquoi ils sont exposés :

Au premier semestre 2024, l’activité de la filière automobile a ralenti, entraînant une diminution des effectifs salariés au troisième trimestre, aussi bien au niveau national que régional. La dépendance aux exportations, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et la baisse des commandes sont autant de facteurs à prendre en compte. En Bourgogne-France-Comté, où le secteur compte 400 entreprises avec près de 4 000 emplois, l’activité mesurée par les heures rémunérées a reculé de 8,7 % au cours du premier semestre 2024 par rapport à la même période de l’année précédente, selon les chiffres de l’Insee.

Un constat qui s’inscrit dans un contexte national de baisse structurelle des immatriculations de véhicules particuliers. En effet, sur les 11 premiers mois de l’année 2024, celles-ci ont reculé de près de 25 % par rapport à la période d’avant Covid. Ainsi, la production et le climat des affaires dans l’industrie automobile se dégradent progressivement. Au cours du premier semestre 2024, les établissements de la filière ont embauché 1 900 salariés, soit près d’un quart en moins par rapport à 2023 et la part des licenciements économiques est plus importante.

Effectifs concernés :

Plus de 200 000 emplois directs dans la filière, majoritairement des ouvriers qualifiés, techniciens et caristes.

Menaces spécifiques :

De manière générale, les voitures sont l’un des biens que l’UE vend le plus aux États-Unis, avec les produits médicaux et pharmaceutiques et les médicaments, selon les données de la Commission européenne. Mais c’est bien l’Allemagne qui va le plus subir les nouvelles taxes douanières de Donald Trump : le marché américain représente 13,1% des exportations allemandes contre 7,4% pour la France.

2. Viticulteur et ouvrier agricole spécialisé

Pourquoi ils sont exposés :

En 2024, la production agricole a diminué de 7,5 % en euros courants, reflétant une baisse des prix et des volumes produits, toujours selon l’Insee. En cause : la hausse des coûts des intrants (engrais, carburant), les conditions climatiques défavorables et les fluctuations des prix des produits agricoles. En effet, la production végétale a baissé de 6,8 % en volume à cause de conditions météorologiques qui ont particulièrement affecté la production de vin et celle des grandes cultures.

Les prix ont reculé également de 6,8 %, conduisant à une baisse exceptionnelle de 13,1 % en valeur. Comme l’année précédente, la valeur ajoutée de la branche agricole serait en baisse : la production se replie davantage que les consommations intermédiaires. Au total, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels baisserait de 7,7 % en 2024 après une chute de 9,6 % en 2023.

Effectifs concernés :

Les exportations de vins vers les États-Unis représentent environ 1,6 milliard d’euros, soit plus de 20 000 emplois dépendants de ce marché.

Menaces spécifiques :

Les États-Unis sont le sixième client de la France pour les produits agricoles et agroalimentaires. Mais ce sont surtout les produits à forte valeur ajoutée qui risquent d’être impactés par la hausse des droits de douane américains comme les vins et les spiritueux. Faisant déjà face à une baisse de la demande ces derniers mois, ces filières craignent déjà un retour de l’inflation.

3. Conducteur routier

Pourquoi ils sont exposés :

Les chauffeurs poids lourds et livreurs sont en première ligne quand les chaînes logistiques se dérèglent. En 2025, le secteur logistique est confronté à la hausse du coût des carburants, à des retards d’approvisionnement et à une tension sur les prix.

Effectifs concernés :

La logistique représente un secteur stratégique avec près de 1,8 million d’emplois, contribuant à hauteur de 10 % du PIB. Les conducteurs routiers, magasiniers qualifiés et caristes représentent les deux tiers des salariés des métiers de la logistique. Les conducteurs routiers à eux seuls sont plus de 700 000 en France.

Menaces spécifiques :

Les tensions géopolitiques, comme celles liées à la guerre en Ukraine ou la guerre commerciale initiée par Donald Trump, continuent de perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales. En 2025, les entreprises logistiques doivent s’adapter à des coûts de transport plus élevés, des retards dans les livraisons et une incertitude accrue quant à la disponibilité des matières premières. Un environnement complexe où la gestion des stocks devient plus critique et où l’optimisation des coûts de transport est essentielle.

 

4. Technicien aéronautique

Pourquoi ils sont exposés :

Le secteur aéronautique est fortement tourné vers l’export (85 % de la production). Les techniciens de production et d’assemblage sont donc directement concernés par les variations de commandes internationales. En cas de tensions diplomatiques ou de sanctions économiques, les contrats peuvent être reportés voire annulés. Un cinquième des exportations de la France vers les États-Unis sont liés à l’aéronautique. La France a exporté pour 9 milliards d’euros de biens de la catégorie « aéronefs et engins spatiaux » aux Etats-Unis en 2024.

Effectifs concernés :

La filière aéronautique tricolore (GIFAS) compte plus de 195 000 salariés, avec des pôles majeurs à Toulouse, Bordeaux, Nantes et Paris. L’avionneur européen Airbus a fait valoir qu’il achète chaque année pour plus de 15 milliards de dollars de pièces à ses quelque 2 000 sous-traitants américains, répartis dans 40 Etats, et affirme qu’il soutient ainsi 275 000 emplois aux Etats-Unis.

Menaces spécifiques :

Le secteur aéronautique, prépondérant en France sur le marché mondial, risque de subir un ralentissement des commandes depuis la Chine dans un contexte de guerre commerciale entre les États-Unis et le reste du monde. L’UE dépend aussi de 75% à 100% des importations sur la plupart des métaux, dont une majeure partie depuis la Chine. Les terres rares, qui sont utilisées dans les aimants permanents dans la filière aérospatiale, sont une denrée que la France n’a d’autres choix que d’importer. La guerre commerciale pourrait entraver ces importations de matières premières critiques.

5. Professionnels de l’hébergement et de la restauration

Pourquoi ils sont exposés :

Le tourisme international subit les contrecoups de l’instabilité géopolitique, entre guerres, inflation ou encore tension sur le prix du carburant aérien. Les hôteliers, les serveurs et les agents d’accueil dépendent fortement de la clientèle étrangère, en recul en 2024 selon Atout France.

Effectifs concernés :

Le secteur HCR (hôtels-cafés-restaurants) regroupe plus de 1,1 million d’emplois, dont une majorité de contrats précaires.

Menaces spécifiques :

La France pourrait bien subir un repli du tourisme asiatique et américain, une hausse des charges fixes mais aussi une baisse de la consommation domestique.

 


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