Droits de douane : le FMI annonce un ralentissement de l’économie mondiale

Son économiste en chef, Pierre-Olivier Gourinchas estime auprès du Monde que cela doit conduire à « remettre à plat le système » d’échanges commerciaux entre les pays alors que les tensions entre les deux plus grandes puissances économiques sont de plus en plus frontales. 

Ce qu’il faut savoir 

Douche froide pour l’économie mondiale. Le Front monétaire international (FMI) a abaissé ses prévisions pour la croissance mondiale de 0,5 point en 2025 par rapport à sa précédente estimation en janvier. La hausse du PIB devrait ainsi atteindre 2,8% en 2025. Pour 2026, l’institution table sur une croissance de 3%, un chiffré révisé à la baisse de 0,3 point. Les droits de douanes voulus par Donald Trump et les mesures de représailles annoncées en retour sont les principales causes de ce ralentissement. 

Les États-Unis subissent de plein fouet les incertitudes économiques. La croissance est désormais attendue à 1,8% contre 2%,initialement prévu. L’économie de la zone euro, relativement moins touchée, devrait enregistrer une croissance de 0,8 %, soit une révision à la baisse de 0,2 point par rapport aux prévisions précédentes. Du côté de la Chine, les perspectives de croissance ont également été revues à la baisse, passant de 4,5 % à 4 %. 

Pourquoi c’est important à suivre 

Dans ce contexte, le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, invite dans un entretien au Monde les pays à « remettre à plat le système » d’échanges commerciaux et à élaborer de nouvelles règles afin d’apaiser les tensions. Le français estime que la suspension des droits de douanes pour de nombreux pays est « compensée par les augmentations très importantes des droits de douane entre la Chine et les États-Unis ».  En clair, l’incertitude qui pèse sur les échanges entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales poussent à l’attentisme du côté des investisseurs. « Sur une planète où les chaînes de valeur sont mondialisées avec des produits intermédiaires qui traversent des frontières plusieurs fois, l’effet est amplifié », souligne Pierre-Olivier Gourinchas. 

Citation principale 

« Jusqu’à maintenant, on assistait à une réorganisation des flux commerciaux, par exemple des marchandises qui transitent par des pays tiers plutôt que d’aller directement de la Chine vers les Etats-Unis. Finalement, le commerce restait stable, proportionnellement à l’activité économique. Il était résilient, un peu comme quand on pose un caillou au milieu d’une rivière : l’eau change de direction mais continue de couler. Or, cette fois, les mesures sont si nombreuses dans beaucoup de pays que la situation est bien plus incertaine », observe l’économiste du FMI. 

Le chiffre à retenir : 1,7% 

Les échanges commerciaux mondiaux devraient connaître un ralentissement très important cette année. Alors qu’ils ont connu une croissance de 3,8% en 2024, leur hausse est attendue à seulement 1,7% en 2025 par le FMI.

À surveiller

Alors que l’administration Trump multiplie les pressions pour isoler la Chine de ses partenaires, l’Empire a prévenu lundi que des contre-mesures « fermes et réciproques » seraient prises à l’encontre des pays qui signeraient un accord avec Washington au détriment de Pékin. « Chercher ses propres intérêts égoïstes temporaires au détriment des intérêts des autres (…) échouera en fin de compte des deux côtés et nuira aux autres », a signalé le porte-parole chinois du ministère du Commerce. Ces déclarations interviennent alors que plusieurs indices laissent penser que les discussions entre Washington et ses partenaires commerciaux de la région avancent de manière notable. Une rencontre est prévue cette semaine entre la Corée du Sud et les États-Unis à Washington. La semaine passée, le Japon avait envoyé ses représentants négocier avec les États-Unis.

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