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Droits de douane : la Chine renforce son contrôle sur les exportations de terres rares

Après la mise en place d’importants droits de douanes par les États-Unis, Pékin a décidé de répondre en renforçant les restrictions sur les exportations de métaux. Ces dernières sont indispensables pour le secteur technologique américain. 

La Chine frappe là où cela fait mal. En réponse à la guerre commerciale lancée par Donald Trump, Pékin a récemment renforcé ses restrictions sur les exportations vers les États-Unis en ajoutant sept terres rares à la liste des métaux soumis à un contrôle accru. Selon la version officielle, les autorités souhaitent garantir que ces métaux ne seront pas utilisés dans la fabrication d’armements.

Mais derrière cette annonce se cache un plan précis : la Chine chercherait à fragiliser le secteur technologique américain et à se donner un levier de négociation face à l’administration Trump dans le cadre des discussions sur les tarifs douaniers. Pour rappel, la plupart des produits en provenance de Chine sont désormais taxés à hauteur de 145%, un taux qui grimpe à 245% dans certains cas.

Désormais, les importateurs devront s’acquitter d’une procédure administrative lourde qui entraînerait un allongement des délais de livraison d’au minimum 45 jours ouvrables pour obtenir ces pièces industrielles essentielles dans de nombreux secteurs industriels. Aux restrictions déjà en place depuis 2023 sur les exportations de gallium et de germanium viennent désormais s’ajouter celles concernant le terbium, l’yttrium, le dysprosium, le gadolinium, le lutécium, le samarium et le scandium. Chacune de ses métaux possèdent des spécificités uniques, d’où l’intérêt qu’ils suscitent. 


Tesla, victime des restrictions 

Le terbium, par exemple, contribue à renforcer la tolérance à la chaleur des aimants employés dans les avions, les sous-marins et les missiles, en plus d’être utilisé pour produire des couleurs vives et intenses sur les écrans de smartphones. Le dysprosium est, quant à lui, reconnu pour sa résistance à des températures élevées. Il est surtout utilisé dans la composition d’alliages destinés aux aimants présents dans les moteurs et générateurs. Ainsi, c’est un élément indispensable pour la fabrication de véhicules électriques et d’éoliennes. 

D’ailleurs Tesla a été l’une des premières victimes de ces restrictions. Lors de l’annonce de ses résultats financiers pour le premier trimestre, le groupe a admis que la fabrication d’Optimus, son robot humanoïde considéré comme un pilier de sa croissance à venir, accusait un certain retard en raison des délais rallongés pour l’obtention de terres rares. « Nous sommes en train de régler cela avec la Chine. J’espère que nous obtiendrons une licence pour utiliser les aimants de terres rares », a signalé Elon Musk, pourtant proche du président Trump. Et d’ajouter : « La Chine veut avoir la garantie que ceux-ci ne sont pas utilisés à des fins militaires, ce qui, évidemment, est le cas. Ils vont juste dans un robot humanoïde. »

Sortir de la dépendance à la Chine 

D’autant que sur ce sujet, Pékin est en position de force. L’Empire extrait plus de 60 % du minerai mondial et s’est surtout spécialisé dans le raffinage de ces métaux rares, contrôlant entre 90 % et 100 % du marché, selon le métal concerné. À l’inverse, les États-Unis ne possèdent que peu de terres rares. Et quand bien même, l’Oncle Sam est contraint d’expédier le minerai exploité sur son sol vers la Chine, pour que celui-ci soit transformé. L’une des rares usines de raffinage en Amérique est située au Texas. C’est une entreprise privée qui l’exploite, mais le ministère de La Défense finance également le projet, démontrant toute l’importance du sujet outre-Atlantique. 

D’autant que les États-Unis ont commencé à rouvrir des mines de terres rares. Et le président américain de se montrer intéressé par ces minéraux en Ukraine. Un accord pourrait être paragraphe dès la semaine prochaine. En clair, les États-Unis prendraient possession du minerai et des éventuelles terres rares contre la sécurité du pays. Mais pour sortir de la dépendance à la Chine, le chemin est encore long. 


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