Autrefois, les Etats-Unis étaient la force motrice qui poussait à réduire les barrières commerciales mondiales. Cette ère, après la Seconde Guerre Mondiale, a permis une forte croissance économique en Amérique ainsi qu’au sein de tous les pays partenaires.
La Maison Blanche actuelle envisage clairement un rôle très différent pour les Etats-Unis, avant même que Donald Trump n’ait pris ses fonctions de président. La crise financière mondiale de 2007-2008 a été un choc majeur pour le monde, et les Etats-Unis n’ont pas fait exception en prenant des mesures tel que le « Buy American », un programme de relance lancé en 2009 et destiné à transformer la demande vers l’intérieur. Par la suite, aucun accord commercial majeur n’a été lancé et adopté, au cours du mandat Obama qui aura duré 8 ans.
Peu importe ce qui a motivé de telles mesures, elles ont en tout cas été lancées. Elles ont ainsi laissé le reste du monde avec un challenge : celui de traiter avec les Etats-Unis, dans un nouveau rôle de partenaire commercial. C’est une préoccupation qui occupe clairement les leaders mondiaux se réunissant au G20 cette semaine, à Hambourg. Ce sommet a suscité quatre approches distinctes de la part des pays membres :
Rhétorique – Trois grandes organisations internationales se sont réunies cette semaine, à la veille du sommet, pour appeler à l’ouverture du commerce. Le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont déclaré que le bien-être de milliards de personnes dépendait d’une action décisive des dirigeants du G20. Cela rappelle quelque peu les réunions du G20 au lendemain de la crise financière mondiale, qui appelait les pays à s’abstenir du protectionnisme. Ça n’a pas particulièrement bien fonctionné. Ainsi les États-Unis ont-ils opté pour le Buy American et des tarifications spéciales sur les pneus chinois. Les autres pays ne se sont pas mieux comportés, puisqu’ils ont aussi adopté quelques mesures. Simon Evenett et Johannes Fritz ont ainsi récemment dénoncé au Global Trade Alert, qu’au « fil des ans, l’engagement du G20 sur le non-protectionnisme a échoué », favorisant le comportement de l’administration Trump vis-à-vis de potentiels partenaires. La rhétorique s’apparente à un succès, seulement si on la compare aux résultats de la crise commerciale des années 1930.
Retrait – Le rapport de Global Trade Alert, à partir des données du premier semestre de cette année, note également que les différents partenaires commerciaux ont abordé l’administration Trump avec prudence. Les membres du G20 en 2017 ont notamment abandonné des mesures antérieures qui défavorisaient les industries américaines. Evenett et Fritz ont écrit : « Cette année, le gouvernement Trump a-t-il réussi là où le G20 a échoué – c’est-à-dire moins de protectionnisme ? Les données ne peuvent pas l’exclure ».
Réacheminement – Cette semaine, l’Union Européenne et le Japon sont parvenus à un accord de libre-échange. Ensemble, ils représentent 19% de la production mondiale et 38% des exportations de biens. Ainsi, chacune des parties supprimera les tarifs sur les voitures et la nourriture de l’autre. Le plus important, peut-être, est que tout accord entre ces fabricants commerciaux en matière de normes et de réglementation deviendra rapidement un candidat à une nouvelle norme mondiale. Bien sûr, il s’agissait du rôle que jouait le Japon auprès des Etats-Unis, avant le retrait de l’administration Trump du Partenariat transpacifique (TPP). Le message ici est clair : si les États-Unis ne veulent pas participer à la libéralisation, le reste du monde continuera à la pratiquer. L’effet sera de désavantager les travailleurs et les entreprises des États-Unis, qui ne bénéficieront pas de réductions tarifaires sur les exportations de voitures et d’aliments américains.
Représailles – Puisque l’administration Trump s’est penchée sur l’augmentation des entraves aux échanges commerciaux avec le Mexique et les tarifs douaniers avec l’Union Européenne, les deux partenaires ont clairement indiqué que de telles actions ne seraient pas sans conséquences. Le Mexique a noté qu’il serait dommage qu’il arrive quelque chose de malencontreux aux exportations agricoles américaines qui circulent vers le sud via la frontière. L’Union Européenne, quant à elle, songe à quelques produits clés en guise de riposte, notamment le bourbon – exporté par l’Etat du Kentucky. La plupart de la libéralisation du commerce d’après-guerre que les États-Unis ont menée a été réciproque. Si l’administration Trump veut défaire ces échanges, les autres pays feront de même.
L’administration Trump est encore jeune. Il reste à voir non seulement quelles positions commerciales elle adoptera, mais aussi comment réagiront le Congrès et les pays partenaires aux décisions qui seront prises. Bien qu’on ne puisse l’avancer avec certitude, les stratégies présentées ci-dessus sont très probablement listées par ordre croissant d’efficacité, du moins (rhétorique) au plus (représailles). La prochaine étape sera la réaction et la réponse de Donald Trump et de son administration.
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