Pouvait-on, à un moment politique pareil, et venu de la bouche d’un Premier ministre pioché dans les limbes de la technocratie républicaine, s’attendre à autre chose qu’un discours de politique générale aussi fade dans la forme que morose dans le fond ?
Ce mardi 1er octobre, le fraîchement nommé Michel Barnier s’est adressé à l’Assemblée nationale pour donner les grandes lignes de la politique à venir de son gouvernement, alors que l’urgence est tournée vers le vote du budget, avec un déficit public qui va flirter avec les 6% de PIB.
Le Premier ministre a d’emblée rappelé que la France était menacée par deux « épées de Damoclès » que sont la dette financière et la dette écologique. Bien sûr, le chef du gouvernement a développé quelques pistes pour lutter contre cette seconde menace, mais sans aucune piste qui redéfinirait vraiment la politique énergétique et surtout écologique française actuelle.
La priorité va donc à la lutte contre la dette financière. Et bien entendu, Michel Barnier a joué la carte de la diversion, de l’ambigüité politique. Il aura en effet parlé de la nécessaire lutte contre la fraude fiscale, de la mise en place d’une « contribution exceptionnelle aux Français les plus fortunés », ainsi à qu’un surplus de taxation pour les « grandes et très grandes entreprises qui réalisent des profits importants », car si le niveau de taxation français « est un des plus élevés au monde », a rappelé le « PM », « la situation de nos comptes demande un effort ciblé, réduit dans le temps ».
Mais tout ce « remède » fiscal, qui fait déjà grand bruit et pourrait faire passer le futur gouvernement pour un attelage socialiste, n’est que le troisième dans la hiérarchie de ceux qu’a présentés l’ancien commissaire européen. Car quelques instants auparavant, l’homme de 73 ans a affirmé que le premier remède serait « la baisse des dépenses publiques » : pour le budget 2025, « les deux tiers de l’effort de redressement viendront de la réduction des dépenses », M. Barnier voulant mettre fin à « l’argent magique », et à la « tentation du tout subventionné ». Le second remède sera, lui, celui de « l’efficacité », de la chasse aux dépenses inutiles et aux « rentes injustifiées ». Au fond, le discours du nouveau Premier ministre a joué l’ambigüité que l’on pouvait attendre : celui d’effets d’annonce qui pourraient, de loin, faire croire à un élargissement des horizons politiques du gouvernement. Mais la priorisation du discours de l’apparatchik des Républicains ne laisse guère de doute à la direction prise : c’est sous le vent de l’austérité à venir que vont se déployer les voiles du pouvoir.
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