Publicis Sapient a choisi l’incubateur parisien Station F pour organiser le premier rendez-vous de son club Digital. For Good, un espace d’échanges autour des sujets de sobriété numérique et de digital à impact. La première table-ronde du 2 décembre dernier s’est intéressée à la place de la technologie et de l’innovation dans une transformation durable de nos habitudes de consommation, en présence de Back Market et Sline.
Rendre notre modèle économique plus durable ne pourra se faire sans la mobilisation générale de tous les maillons de la chaîne. C’est cet impératif qui a fait l’objet du débat de la table-ronde du 2 décembre dernier, organisé par Publicis Sapient à station F (Paris). Anaïs Desmoulins, CEO de Sline et Benjamin Glaenzer, General Manager de Back Market for Business, ont été invités à explorer les pistes permettant d’adopter un modèle productif plus vertueux, à l’aide d’innovation, de circularité et d’éco-conception.
L’innovation comme remède ?
« Le digital génère à ce jour 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, lance en introduction Lise Malbernard, Directrice Générale de Publicis Sapient France. Il fait donc à la fois partie du problème et de la solution. » Par ailleurs, concilier la transformation digitale avec des objectifs durables est, selon elle, un synonyme assuré de performance économique.
René Thomas-Nelson, Customer Experience & Innovation chez Publicis Sapient et chargé d’animer cette table-ronde, partage le même avis. Cette nécessité pour les entreprises d’intégrer des objectifs durables dans leur développement économique n’est plus une simple obligation légale mais une « demande des clients, des salariés mais aussi de plus en plus des actionnaires ». La question n’est plus « comment mais quand » prendre ces sujets à bras-le-corps.
« L’innovation a pour but de faire de la croissance et de chercher à avoir plus d’impact, poursuit-il, c’est à ce niveau qu’une contradiction peut s’installer ». Puisque la croissance infinie dans un monde fini n’est évidemment pas possible, il est question d’utiliser l’innovation pour explorer de nouvelles pistes, tendre vers de nouveaux modèles économiques basés sur la circularité, la collaboration et l’usage.
Donner une seconde vie à l’économie d’usage
C’est ensuite au tour d’Anaïs Desmoulins de prendre la parole. Cette dernière est à la tête de la startup montante Sline qui accompagne les commerçants dans le lancement d’une offre de location sur leur site internet ou leurs points de vente et donc, dans la diversification de leur activité. Selon elle, il n’y aura pas de « seconde vie à l’économie d’usage sans les maillons des reconditionneurs et des recycleurs ». Elle cite la difficulté pour les retailers de proposer du matériel d’occasion ou de seconde vie tout seuls.
Le marché de la seconde vie en puériculture aurait d’ailleurs d’après elle commencé à émerger justement parce que des réparateurs se sont intéressés à des produits du secteur comme les poussettes. « Structurer la filière est la clé pour que l’économie d’usage devienne une norme dans le retail », explique-t-elle.
L’avènement d’une économie de l’usage requiert de mieux optimiser la qualité et la durabilité du produit en fonction des usages et des ressources disponibles. Et ici, la donnée est aussi présentée comme un maillon essentiel pour mieux connaître le consommateur mais aussi son intensité d’usage. Combinées aux données sur la solidité du produit, ces data peuvent notamment permettre d’anticiper la fin de vie d’un produit pour prévoir quand il faudra en proposer un autre.
« Il faut pouvoir remettre en question son modèle de production et accepter qu’un ROI (ndlr : retour sur investissement) ne soit pas fixé à seulement 12 mois mais au-delà », estime Anaïs Desmoulins. Elle prend l’exemple de Morning, un client que Sline accompagne dans sa gestion locative de mobilier. L’investissement en ce sens est présenté ici comme « une dépense courante intégrée aux OPEX (ndlr : dépenses courantes) ». Il ne s’agit plus de matériel figé dans le temps qui a été acheté dans le cadre des CAPEX (ndlr : dépenses sur le long terme).
Pas de nouvelle économie sans adoption massive
Si l’adoption du marché de la seconde vie se fait de plus en plus sentir chez le public – notamment chez les jeunes – il n’en est pas forcément de même du côté des entreprises. Pour Benjamin Glaenzer, en charge du lancement depuis fin novembre d’une offre B2B chez BackMarket, l’enjeu reste « l’éducation des professionnels, notamment concernant leurs à priori sur la fiabilité et la qualité de nos produits reconditionnés ». Ce dernier considère que le plus important est d’être « en mesure de proposer le même niveau de service que dans le neuf ». Cela passe notamment par le fait de proposer un produit de remplacement en attendant la réparation d’un produit défectueux.
Toutefois, il faut évidemment noter que le cycle du reconditionné s’inscrit dans un cycle plus long et l’offre ne pourra inclure les produits dernier cri. Pour Benjamin, tout l’enjeu est de mieux identifier les usages d’une organisation : « Certains de nos ordinateurs ne seront probablement pas adaptés à certains développeurs informatiques, explique-t-il. Mais ils peuvent suffire amplement pour de la bureautique ».
Ce dernier déplore que l’électronique soit encore aujourd’hui composée à 98% de neuf et 2% d’occasion. « Acheter un smartphone reconditionné, c’est près de 80 kg d’émission carbone évités, soit un trajet Paris-Nantes en voiture », conlut-il. En 2021, 40% des Français se posaient la question d’une réparation de leurs produits avant d’en racheter de nouveaux. Et nul doute que le contexte inflationniste qui grignote le pouvoir d’achat des Français contribue à renforcer cette tendance.
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