Didier Arino dirige le cabinet Protourisme. Cet expert du tourisme interroge régulièrement les acteurs français du secteur pour en prendre le pouls. Diagnostic exclusif pour Forbes.
Les vacances de Toussaint sont très attendues par de nombreux Français. Comment se présentent-elles ?
Didier Arino : A quelques jours du début des vacances de Toussaint, les réservations sont en baisse d’environ 50 % pour la destination France. Le recul des clientèles étrangères mais aussi française explique la chute d’activité, qui touche particulièrement le secteur hôtelier. Mais cette moyenne cache d’importantes disparités. Les réservations à Paris plongent de 80 %, alors que les espaces ruraux, déjà très en vogue cet été, sont plutôt à -10 %.
Les destinations balnéaires diminuent également, mais nettement moins que dans les villes, qui subissent aussi l’absence d’événements, ajoute l’expert. Les prochaines vacances se joueront, en partie, à la dernière minute, voire dans les dernières secondes. Au mois d’octobre, la météo joue un rôle majeur.
Pas de quoi rassurer les professionnels du tourisme.
DA : Ce qui est inquiétant, c’est le fait que de grands groupes commencent à souffrir. Des groupes considérés comme insubmersibles, tels Accor, Pierre & Vacances, Disneyland Paris. Par exemple, Disneyland Paris enregistre 15 % à 50 % de sa fréquentation habituelle. Et seuls 2 de ses 7 hôtels sont ouverts à la Toussaint alors même que Halloween est un moment fort pour le parc.
Pour les voyages à l’étranger, comment cela se passe-t-il ?
DA : Les réservations de voyages à l’étranger dévissent de 80 % pour la Toussaint. Un pourcentage qui correspond à la chute d’activité constatée par la plupart des TO et des agences de voyages. La réouverture cacophonique des frontières, les restrictions croissantes, les couacs des tests PCR et la crainte d’une seconde vague justifient la frilosité des Français.
C’est dommage parce qu’avec le passage à deux semaines de vacances pendant la Toussaint, le taux de départ en vacances avait bien progressé au cours des dernières années. Les Français séjournaient dans un parc de loisirs, partaient en vacances dans une capitale européenne en low cost, ou effectuaient un séjour en long-courrier. Nous avions une forme d’étalement des vacances. Là, nous retournons dans une hyper-saisonnalité.
Et finalement, les pros qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont fait des saisons courtes. Cet été les loueurs de bateaux, de canoé, de camping-car ont tous fait un bel été.
Dans tous les cas, il faut rester agile. Être capable de s’adapter à la météo en faisant évoluer son offre. En fonction d’un apaisement sanitaire, c’est-à-dire le fait que certaines zones puissent ne pas être rouge ou rouge écarlate, on peut espérer que les Français réservent en dernière minute cette année pour combler une partie du retard
Et pour l’hiver ?
DA : Pour beaucoup, le soleil lointain s’éloigne. Noël dans la Caraïbe, ce n’est pas forcément pour cette année. Pour les ski, les réservations sont bonnes, surtout pour la semaine du jour de l’an. Mais là encore, tout va se jouer en dernières minutes. Si la neige est au rendez-vous, les petites stations du Jura ou des Vosges qui allient espace, ruralité et bonne air, devraient tirer leur épingle du jeu.
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