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Dette : une nouvelle opportunité pour la croissance des entreprises tech européennes ?

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San Francisco. | Source : Pixabay

Indubitablement, de la start-up au grand groupe international,  le monde de la tech a été durement touché depuis le début de l’année 2022 : baisse des valorisations, faillites, licenciements massifs… accompagnés par une diminution drastique du flux de capitaux. Et même si ces changements radicaux ont bouleversé un ordre préétabli post-pandémie, ils ont permis de cesser le financement de modèles d’entreprises non viables et non rentables.

Suite à cela, le financement par la dette est devenu une source importante de soutien pour les entrepreneurs. Preuve en est, 2022 s’est avérée être une année record. Le montant total d’emprunt investi dans les entreprises tech européennes a doublé par rapport à 2021, pour atteindre plus de 30 milliards d’euros, un signe de la maturité de l’écosystème tech européen. 

Un marché en mouvement qui favorise l’émission de dette

L’environnement favorable au M&A du point de vue des acheteurs, et celui moins attrayant des levées de fonds, ont contribué à ce que les émissions de dette pour les sociétés tech en Europe atteignent 30,5 milliards d’euros en 2022. Et ce, bien que les émissions mondiales de titres de dette aient diminué de 19 % par rapport à l’année précédente.

En effet, les cas d’utilisation de la dette ont évolué. Il existe désormais une plus grande variété d’instruments de crédit disponibles : dette de croissance, dette à risque, dette senior, dette décotée, redevance, obligations de prêts garantis (CLO), fonds de dette privée… Cette évolution a notamment permis de revoir les valorisations des sociétés, permettant l’ajustement des prix pour mieux refléter les risques potentiels.

Les entreprises technologiques britanniques restent les plus grandes émettrices de dette en Europe, doublant presque en glissement annuel, pour atteindre 12 milliards d’euros en 2022. Leur position de leader s’explique par le grand nombre de sociétés fintech, représentant environ 4,8 milliards d’euros de capitaux de prêt. La France a, quant à elle, émis 1,8 milliard d’euros de prêt – soit 6% des émissions sur le Vieux Continent.

En parallèle, on assiste à un changement sectoriel important : le montant de la dette contractée par les entreprises cherchant à transformer le secteur de l’énergie a explosé : 4 des 10 plus importantes levées de dette en Europe ont été réalisées par des entreprises travaillant sur la transition énergétique. Mais la fintech continue de dominer, représentant la plus grande part du marché des prêts et le montant de la dette levée a presque doublé, passant de 4,3 milliards d’euros en 2021 à 7,8 milliards d’euros en 2022.

Des opportunités qui attirent de plus en plus

Pour les entreprises tech en recherche de financement et en particulier celles en phase avancée de développement, le financement par la dette constitue une alternative attrayante à la levée de fonds. Et de nombreuses entreprises, qui n’avaient pas envisagé d’emprunter jusqu’à présent, reconnaissent aujourd’hui les avantages évidents de la dette. A titre d’exemple, les fondateurs ou entrepreneurs peuvent obtenir des fonds plus rapidement et simplement, tout en gardant le contrôle de l’equity de leur startup. Autre avantage, le remboursement de la dette peut aider à renforcer la discipline financière et améliorer la gestion de trésorerie de l’entreprise.

De plus, la baisse des valorisations a créé des opportunités intéressantes pour les acquéreurs. On peut constater une augmentation significative de l’activité de fusion et d’acquisition, les entreprises se lançant dans la recherche de bonnes affaires. Bien que la hausse des taux d’intérêt rende le capital d’emprunt plus coûteux, les acquisitions, financées par une combinaison prudente de dettes et de capitaux propres, peuvent contribuer à renforcer la croissance rentable.

Enfin, cette hausse a rendu le marché européen de la dette plus attractif et entraîné une forte concurrence entre les prêteurs. Ces derniers cherchent en effet à attirer les emprunteurs en offrant des conditions plus favorables, notamment en matière d’appréciation des fonds propres et d’amortissements de la dette. Cette concurrence accrue a également profité aux investisseurs institutionnels désirant investir dans cette classe d’actifs. Les conditions d’emprunt actuelles reflètent mieux les paramètres risque/rendement et ces investisseurs cherchent à diversifier leur portefeuille en investissant dans des actifs offrant un rendement supérieur, tout en minimisant les risques.

Les perspectives pour l’année 2023 sont prudemment positives, le besoin différé de capital devrait être plus important cette année, étant donné la proportion relativement faible d’entreprises qui ont levé des fonds propres en 2022. L’émission de dette par les entreprises technologiques en phase de croissance est susceptible de se poursuivre à un rythme actif en raison de la confluence de plusieurs tendances. Cette évolution témoigne de la bonne santé des prêts aux entreprises tech en Europe, et l’abandon de la « croissance à tout prix » devient ainsi une évolution saine pour le marché.

 

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