Rechercher

Des milliardaires engagés pour la planète

1 % des plus riches de la population mondiale sont responsables de 15 % des émissions de gaz à effet de serre. Alors qu’il est urgent d’agir pour éviter des impacts encore plus catastrophiques, la philanthropie a un rôle clé à jouer pour accompagner une transition écologique juste et solidaire. En France et dans le monde, qui sont ces philanthropes et ces entreprises qui contribuent à la cause écologique à travers des fondations ?

Un article issu du numéro 29 – hiver 2024, de Forbes France

 

« Nous vivons aujourd’hui dans un monde en profonde mutation, confronté à des dérèglements climatiques majeurs mais aussi à de multiples crises économiques, sociales, démocratiques, géopolitiques. Dans ce contexte, il est primordial d’aborder la question de la transition écologique sous un prisme global, qui tient compte de l’imbrication de tous les enjeux. Nous devons pour cela unir nos forces et agir collectivement aux côtés de tous les acteurs qui sont prêts à s’engager au niveau international, national et local », déclarait Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France, à l’Académie du climat en novembre 2024.

Les actions et financements restent insuffisants face à l’urgence et à l’ampleur des défis. Selon la dernière édition du rapport du réseau européen Philea, Environmental Funding by European Foundations, les dépenses estimées des fondations et fonds de dotation en France dédiées à la cause environnementale ne représenteraient que 474 millions d’euros, soit 3 % de l’ensemble des dépenses du secteur. Au niveau mondial et européen, la tendance est la même : selon les données de l’étude, les financements consacrés aux enjeux environnementaux représenteraient 2 %

des financements philanthropiques globaux et 5 % des financements européens. On observe toutefois une prise en compte croissante des questions environnementales par la philanthropie : en France, 25 % des structures du secteur créées depuis 2019 disent consacrer au moins une partie de leur activité à l’environnement, contre 14 % des fondations créées avant 2009.

 

Le rôle des entreprises

Au changement de millénaire, un mouvement philanthropique voyait le jour. Le mouvement 1 % for the Planet est né près d’une rivière du Montana en 2001 lors d’une simple partie de pêche entre Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia, et Craig Mathews, fondateur de Blue Ribbon Flies. Conscients de la responsabilité des entreprises face à leur impact environnemental, les deux hommes décident de lancer un mouvement international inédit et s’engagent alors à donner 1 % de leur chiffre d’affaires annuel – et non de leurs bénéfices – à des associations environnementales. L’idée était simple : parce que les entreprises tirent profit des ressources qu’elles extraient de la terre, elles doivent protéger ces ressources. Avec Patagonia en tête de file, cette idée résonne auprès de bien d’autres marques, telles que Brushfire Records, Klean Kanteen, New Belgium Brewing, Caudalie et d’autres qui rejoignent le collectif 1 % for the Planet. Depuis sa création, plus de 635 millions de dollars ont été consacrés à des associations environnementales. Chaque année, les membres français versent plus de 11 millions d’euros pour soutenir des projets porteurs d’avenir.

Chaque année, les marques du groupe Léa Nature consacrent grâce à l’initiative américaine 1 % de leur chiffre d’affaires au financement de projets environnementaux, ce qui fait du groupe l’un des principaux donateurs en France. Les projets environnementaux soutenus par les marques du groupe contribuent au développement de l’agriculture paysanne et écologique, à la lutte contre les principaux freins à une agriculture saine, au climat et à la transition écologique et enfin à la protection de la biodiversité. Depuis 2007, Léa Nature tente également d’interpeller l’opinion publique via des campagnes engagées, portées par sa fondation avec la mise en avant d’une association.

Créateur des magasins Nature et Découvertes, François Lemarchand est un écologiste dans l’âme et une figure nationale du développement durable et de l’environnement. Quand il crée Nature et Découvertes en 1990, il décide d’affecter 10 % de ses bénéfices à une fondation du même nom. Lorsqu’il confie les rênes de l’entreprise à son fils en 2010, il lance l’exploitation d’une petite ferme agricole en Bretagne et engage sa famille et une partie de son capital dans cette nouvelle aventure philanthropique. En 2011, la fondation familiale reverse 805 000 euros à 37 projets renforçant les relations entre l’Homme et la Terre comme le jardinage en hôpital, l’agrobiologie ou encore l’entrepreneuriat social écologique.

Il y a plus de trente ans, Jacques Rocher et son père Yves Rocher créaient la fondation Yves Rocher pour la nature. Désormais reconnue d’utilité publique, celle-ci agit aux quatre coins du monde, les mains dans la terre, aux côtés des communautés locales. En trois décennies, plus de 120 millions d’arbres ont été plantés avec des actions menées dans 60 pays. La fondation Engie, elle, s’engage également année après année pour l’environnement avec 50 % de ses projets consacrés à l’accès aux énergies renouvelables et durables et à la biodiversité en 2024. Son volet environnemental se concentre principalement sur l’accès à l’énergie pour tous et la préservation de la biodiversité. Elle a notamment soutenu des ONG et associations dans la construction de 20 écoles électrifiées en 2016 ou encore la création de dix jardins participatifs ou fermes écologiques.

Les initiatives sont ainsi très nombreuses parmi les entreprises françaises. Aujourd’hui, quelque 70 fondations abritées à la Fondation de France agissent dans ce domaine, ainsi qu’un programme dédié à l’environnement, composé de quatre appels à projets, dans les domaines de la gestion des zones littorales et de la mer, la production d’une alimentation durable, l’agroforesterie et la transition écologique.

 

Les grandes fortunes mondiales mobilisées

Les plus grandes fortunes du monde n’ont jamais été aussi importantes, mais que font-elles pour lutter contre le changement climatique ? Ces dernières années, le milliardaire et patron d’Amazon, Jeff Bezos, n’a pas manqué de s’engager dans la lutte contre le changement climatique, que ce soit par le biais de The Climate Pledge ou du Bezos Earth Fund. À ce jour, 535 entreprises dans plus de 45 pays à travers le monde ont rejoint The Climate Pledge et se sont engagées à atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. Amazon a également créé un Fonds pour le climat doté de deux milliards de dollars afin d’investir dans de nouvelles technologies indispensables à la mise en place d’une économie sans carbone. L’entreprise affirme être le plus grand acheteur d’énergies renouvelables au monde et s’est fixé des objectifs en interne, notamment le déploiement de 100 000 véhicules électriques pour ses livraisons d’ici 2030.

Le fondateur d’Amazon a également rejoint une vingtaine d’investisseurs de premier plan, avec à leur tête Bill Gates, pour lancer le fonds d’investissement Breakthrough Energy Ventures en 2016. L’objectif de ce groupement à son lancement était d’investir au moins un milliard de dollars dans des entreprises développant de nouvelles technologies à zéro émission. Collectivement, ce groupe d’investisseurs représentaient 170 milliards de dollars. Parmi eux, on peut retrouver les milliardaires américains Richard Branson, Meg Whitman, Mark Zuckerberg ou encore Michael Bloomberg.

L’argent réuni par ces investisseurs de renom a abouti à l’élaboration de projets d’avenir pour la transition écologique. 80 millions de dollars ont été attribués à Verdox, une start-up qui tente de développer une nouvelle plateforme de capture et d’élimination du carbone. D’autres projets de start-up innovantes ont bénéficié du coup de pouce des milliardaires, entre conversion du méthanol en électricité, une technologie de drones pour lutter contre les feux de forêt ou encore des efforts visant à mettre en relation les producteurs et les consommateurs d’hydrogène vert.

L’empereur du luxe Bernard Arnault a quelques comptes à rendre en matière d’environnement. À la tête de 75 marques de luxe à travers LVMH, qui englobe plusieurs secteurs tels que la joaillerie, la mode, les boissons et les cosmétiques, le milliardaire français domine des secteurs confrontés étroitement à des défis complexes en matière de durabilité et de lutte contre le changement climatique. Le groupe LVMH parle souvent d’une voix unie sur le front de la durabilité et du changement climatique, notamment par le biais de son programme LVMH Initiatives for the Environment, rebaptisé LIFE 360 en 2020. À cette occasion, le géant du luxe avait dévoilé ses objectifs en matière de développement durable tels que l’utilisation de 100 % d’énergies renouvelables et l’élimination du plastique vierge d’origine fossile dans les emballages d’ici 2026. En 2017, le groupe LVMH s’était également engagé à réduire de 25 % ses émissions de carbone d’ici 2020, un objectif que le groupe affirmait avoir non seulement atteint, mais même dépassé, faisant état d’une réduction de 37 %.

Françoise Bettencourt Meyers est toujours la femme la plus riche du monde. Et avec L’Oréal, elle s’investit comme certains de ses pairs dans la transition écologique. Le groupe avait pris des engagements publics en matière de lutte contre le changement climatique, notamment concernant la réduction de ses émissions de carbone. En 2018, il s’était engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 25 % par rapport à ses niveaux de 2016, d’ici 2030. Toujours d’ici 2030, L’Oréal souhaite tirer 95 % des ingrédients de ses produits de sources végétales renouvelables, de minéraux abondants ou de processus circulaires à la place des ingrédients issus du pétrole. Enfin, le géant du cosmétique souhaite garantir que 100 % de ses produits respectent l’environnement aquatique. Françoise Bettencourt Meyers avait donné son feu vert à tous ces engagements puisqu’elle est membre du conseil d’administration du comité de stratégie et de développement durable de L’Oréal.

 


À lire égalementDes solutions européennes pour protéger les droits d’auteurs et stimuler l’innovation technologique

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC