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Défense : l’Allemagne, fer de lance de la dépense militaire en Europe ?

Défense : l'Allemagne, fer de lance de la dépense militaire en Europe ?
Défense : l'Allemagne, fer de lance de la dépense militaire en Europe ?

L’Allemagne a adopté une réforme de sa Constitution permettant un important effort de réarmement. Un changement de paradigme à l’heure où l’Union européenne souhaite affirmer sa dépense stratégique vis-à-vis des États-Unis de Donald Trump. 

Un conservateur qui souhaite mettre fin à l’orthodoxie budgétaire ? Un paradoxe à bien des égards. D’autant plus en Allemagne, pays réputé pour sangler ses finances publiques plus que tous autres. Mardi 18 mars, le Bundestag a adopté une réforme de la Constitution poussée par le probable nouveau chancelier Friedrich Merz. Elle doit permettre le financement d’un important effort de réarmement en ouvrant les vannes à la dépense. Ce vote historique, qui nécessitait une majorité des deux tiers,  rompt avec des décennies de gestion rigoureuse des deniers publics. Le texte doit désormais être validé par le Bundesrat, la chambre haute, ce vendredi. 

Le texte comportait trois aspects impliquant chacun une révision de la Constitution. Le premier concernait un assouplissement du mécanisme limitant l’endettement public, le « frein à la dette ». En vigueur depuis 2009, cette règle limite actuellement les emprunts annuels à 0,35 % du PIB. La réforme prévoit d’exclure de ce dispositif toutes les dépenses consacrées à la défense, aux services de renseignement, à la cybersécurité, à la protection civile et au soutien à l’Ukraine, dès lors qu’elles dépassent 1 % du PIB, soit environ 44 milliards d’euros.

1500 milliards d’investissements  

Le deuxième visait à accorder aux Länder – les États fédérés –  la possibilité d’emprunter, un droit dont ils sont actuellement privés. Ils ne pourront toutefois pas dépasser la limite du « frein à la dette ». Enfin, le troisième volet proposait la mise en place d’un fonds spécial de 500 milliards d’euros sur douze ans, destiné à moderniser les infrastructures et à soutenir la reprise économique dans un contexte de récession prolongée. Enfin, la décision prise ce mardi ouvrira la voie au versement d’une aide militaire de 3 milliards d’euros à l’Ukraine, jusque-là en attente.


« C’est un changement de paradigme dans la politique de défense qui nous attend », a souligné à la tribune du Parlement Friedrich Merz. Actuellement, l’Allemagne investit 3 à 3,5% de son PIB dans le secteur de La Défense. Dans les années à venir, il est question de 1500 milliards d’investissements supplémentaires dans les infrastructures de l’armée.

 Nouveau paradigme européen 

Le vote a été salué par plusieurs dirigeants européens dont Emmanuel Macron. « La décision que nous prenons aujourd’hui pour la défense de notre pays n’est rien de moins que le premier grand pas vers une nouvelle communauté européenne de défense », a expliqué le futur chancelier. Dans un contexte où les États-Unis de Donald Trump multiplient les attaques au vitriol à l’encontre de l’Europe, et agitent la menace d’un retrait de l’Otan, les 27 se sont mis en quête d’accéder à une certaine indépendance économique mais aussi militaire. 

La France a également annoncé il y a quelques jours vouloir renforcer son budget lié à la défense. « L’effort que nous allons demander, c’est-à-dire de passer de 2 à 3% du PIB pour les dépenses militaires et de défense, c’est un point de PIB quand la dépense publique c’est 56 % du PIB », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas à l’issue du Conseil des ministres, le 6 mars dernier. Cela représente 30 milliards d’euros supplémentaires par an. 

Mais ces ajustements budgétaires à la hausse ne sont pas uniquement portés par les États de manière unilatérale. Le 6 mars dernier, les 27 États membres ont approuvé un plan de 150 milliards d’euros visant à renforcer l’industrie de défense en Europe. L’enjeu principal est de diminuer la dépendance militaire vis-à-vis des États-Unis, en particulier dans des domaines clés comme la défense aérienne, la cybersécurité et la production de munitions. Dans cette optique, l’Union européenne envisage également d’émettre une dette commune afin de financer ces investissements stratégiques, marquant ainsi une avancée vers une intégration budgétaire et militaire plus approfondie. L’Union européenne et le Royaume-Uni souhaitent également accélérer une coopération renforcée sur le dossier militaire.


Lire aussi : Pourquoi la politique économique de Trump pourrait jouer en faveur de l’Europe ?

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