Depuis 2016, l’entreprise indépendante H2V œuvre à développer la production massive d’hydrogène vert en France pour relever un défi de taille : remplacer l’hydrogène gris, décarboner l’industrie et la mobilité lourde, principaux émetteurs de co2. Audacieuse, H2V s’est d’emblée positionnée stratégiquement dans les bassins industriels, comme le havre, Dunkerque ou Marseille Fos et développe ses projets en fonds propres. Alexis Martinez, directeur général répond à nos questions et nous fait part de ses ambitions…
L’HYDROGÈNE SUSCITE DE NOMBREUX ESPOIRS, MAIS LE COMMUN DES MORTELS IGNORE LA DIFFÉRENCE ENTRE L’HYDROGÈNE GRIS ET L’HYDROGÈNE VERT. POUVEZ-VOUS NOUS ÉCLAIRER SUR LE SUJET ?
L’hydrogène dit « gris » est fabriqué par procédés thermochimiques à partir de sources fossiles, types charbon ou gaz naturel. Aujourd’hui, il représente 95 % de l’hydrogène consommé en France. Pour que la filière tienne ses promesses il faut absolument décarboner sa production, car celle-ci dégage 10 tonnes de CO2 pour 1 tonne d’hydrogène produite. L’hydrogène vert est le résultat d’un procédé appelé électrolyse de l’eau, qui divise l’eau en hydrogène et en oxygène. L’énergie nécessaire peut provenir de deux sources, déterminées en fonction des besoins : soit à partir d’électricité d’origine renouvelable sécurisée via des Power Purchase Agreement (PPA), soit à partir d’électricité bas carbone issue du réseau électrique français. La production et l’utilisation de l’hydrogène vert ne dégagent aucune pollution, aucune particule fine, ni d’oxyde d’azote, ni bien sûr de CO2.
H2V CONCENTRE SES EFFORTS SUR LES SECTEURS DE L’INDUSTRIE ET DE LA MOBILITÉ LOURDE… POURQUOI CES CHOIX ?
Parce que ce sont actuellement les principaux émetteurs de CO2. Pour ce qui est de la mobilité lourde, nous sommes porteurs de solutions tant pour le routier que le maritime ou l’aérien, même si les vols longs courriers sont plus compliqués à décarboner que les moyens courriers. S’agissant du secteur industriel, nous investissons, développons et construisons des gigafactories de production d’hydrogène vert de 100 mégawatts et plus. Nous sommes d’ores et déjà présents à Dunkerque et Marseille Fos. D’autres sites sont en devenir. Notamment à Thionville, Valenciennes, aux Portes du Tarn et à Saint- Clair-du-Rhône… Et nous avons encore bien d’autres ambitions, notamment au Royaume Uni et en Belgique.
CELA NOUS AMÈNE AU NERF DE LA GUERRE…. COMMENT ASSUREZ-VOUS LE FINANCEMENT DE TOUS CES AMBITIEUX PROJETS ?
Nous travaillons sur un principe de financement de projet sans recours. En résumé la banque qui prête assoit ses garanties sur l’actif industriel. Le solde net des investissements moins les subventions est financé une fois que le projet est totalement dé risqué (débouchés sécurisés, performance industrielle sécurisée, schéma de subvention formalisé et approuvé) à hauteur de 40 % par l’actionnariat de la SPV et 60 % par de la dette. Une fois que le projet sera à pleine vitesse et génèrera beaucoup de cash-flow nous ferons une opération de refinancement pour augmenter la part de dette et réduire la contribution en capital.