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Croissance, inflation, chômage: quelles perspectives pour l’économie française en 2025 ?

Croissance, inflation, chômage: quelles perspectives pour l'économie française en 2025 ?
Croissance, inflation, chômage: quelles perspectives pour l'économie française en 2025 ?

Les Français devraient bénéficier d’un meilleur pouvoir d’achat grâce au rattrapage des salaires sur l’inflation et au reflux de celle-ci. Néanmoins, les perspectives économiques restent mornes pour 2025 avec une croissance évaluée à 0,8% du PIB et une hausse du taux de chômage. 

Après une année 2024 morose, le nouveau millésime ne sera pas celui du renouveau économique. Hormis le taux d’inflation, les voyants sont loin d’être au vert. L’incertitude politique continue de planer sur les investissements des entreprises avec des conséquences sur le taux d’emploi, la consommation des ménages et, in fine, la croissance.

  • La France va-t-elle éviter la récession ? 

Si la récession n’est pas à l’ordre du jour, la France devrait connaître une croissance timide cette année. Dans sa dernière note de conjoncture, l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) table sur une augmentation du produit intérieur brut (PIB) de 0,2% par trimestre au premier semestre 2025. Maigre éclaircie dans ce ciel nuageux, la consommation devrait de nouveau venir au secours de l’économie, contrairement à ces deux dernières années. « Le consommateur porterait un peu la croissance », estime l’organisme qui prévoit une augmentation de 0,1% puis 0,3% des dépenses des ménages en début d’année. 

De son côté, la Banque de France a abaissé sa prévision de croissance pour 2025, à 0,9% contre 1,2% en septembre. L’institution souligne un contexte économique soumis « à une double incertitude », tant sur le plan national qu’international avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Point non négligeable : les prévisions ont été arrêtées fin novembre, avant la chute du gouvernement de Michel Barnier. Elles s’appuient donc sur la mouture initiale du projet de loi de finances, qui prévoyait une réduction du déficit public à 5% en 2025, à raison d’un réajustement budgétaire de 60 milliards d’euros. Ses perspectives sont donc soumises à des aléas.

Selon les informations du journal l’Opinion, Bercy a également revu ses prévisions à la baisse. Alors que le gouvernement Barnier misait sur une croissance de 1,1% en 2025, le nouveau ministre de l’Economie, Eric Lombard, a retenu une hausse du PIB de 0,8%. Un jugé encore trop optimiste par Christopher Dembik, stratégiste chez Pictet Asset Management :

« Ces prévisions n’ont pas vocation à tenir, ce sont des prévisions politiques pour justifier des décisions qui le sont tout autant. Elles ne tiennent pas compte de tout un tas de facteurs qui poussent la croissance vers le bas.»

Pour l’économiste Dany Lang, enseignant-chercheur en économie à l’université Sorbonne Paris Nord, tout dépendra de la nature du réajustement budgétaire décidé par le gouvernement.

« Dans le précédent budget, les 20 milliards d’euros de hausses d’impôts sur les grandes entreprises et grosses fortunes n’avaient pas d’effet récessif, contrairement aux 40 milliards de baisse de baisse de dépenses publiques, soulève-t-il. Si le gouvernement décide de faire des coupes dans la dépense, il ne faut pas s’étonner d’avoir une croissance stagnante. »

  • Le taux de chômage devrait augmenter 

Le plein-emploi s’éloigne. Les organismes de prévisions sont formels, la part des actifs en recherche d’activité professionnelle sera en hausse lors des prochains mois.  Actuellement à 7,4%, le taux de chômage devrait atteindre 7,6% d’ici la mi-2025, selon l’Insee. La Banque de France table, quant à elle, sur une augmentation de la courbe à 7,8% en 2025. 

« La dégradation du marché du travail est principalement liée à l’instabilité politique engendrée par les élections législatives anticipées, remarque Christopher Dembik. Le pic d’investissement pour les entreprises est arrivé en mai, depuis juillet on remarque un fléchissement. »

En effet, instabilité et attractivité font rarement bon ménage. D’autant que d’autres facteurs viennent expliquer cette remontée du chômage. La croissance de l’activité économique demeure nettement insuffisante pour inciter à l’embauche et certaines politiques publiques favorables à l’emploi pourraient disparaître. 

Parallèlement, l’augmentation des défaillances d’entreprises, de retour à son niveau d’avant pandémie, conduira à des licenciements. L’économiste Dany Lang pointe également une insuffisance de la demande. « Les carnets de commande sont vides, expose-t-il. Les entreprises ont attendu mais voient que la conjoncture n’est pas près de s’améliorer donc elles vont licencier. »

  • Une inflation qui se calme 

Après avoir arrêté sa course folle en 2024, l’inflation continuera de ralentir en 2025. L’Insee estime que l’indice des prix devrait croître de 1 % en juin de cette année. La Banque de France table sur une hausse de 1,6% contre 2% en 2024. « L’épisode inflationniste est derrière nous », observe Christopher Dembik.

L’épisode d’inflation, initié en octobre 2021 avec la montée des prix des matières premières suite à la reprise économique post-Covid, avait pris une tout autre ampleur après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La flambée des coûts énergétiques s’était rapidement diffusée à l’ensemble de l’économie mondiale, avec un impact particulièrement marqué en Europe.

De nombreux experts anticipaient alors un recul de l’inflation à partir de 2025, voire 2026. Pourtant, la baisse des prix de l’énergie s’est opérée plus rapidement que prévu. Le resserrement monétaire opéré par la Banque centrale européenne a également produit l’effet escompté, malgré des répercussions négatives pour les entreprises et les ménages. 

« Les pressions inflationnistes sur les prix du gaz perdureront », remarque néanmoins Christopher Dembik. « Le problème de l’approvisionnement en énergie peut réapparaître car l’Europe est toujours dépendante d’autres pays », ajoute Dany Lang. Dans ce contexte, le risque d’une déflation, phénomène également pernicieux pour l’économie, n’a aucune chance de se produire en zone euro et en France. 

  • Progression du pouvoir d’achat 

Première préoccupation des Français, le pouvoir d’achat devrait augmenter en 2025. En effet, les salaires devraient augmenter plus vite que l’inflation. Selon une étude du cabinet WTW, les salariés peuvent attendre une hausse médiane de leurs revenus employés de 3,5% en 2025. Une évolution en léger recul  par rapport à 2024 (4%) et 2023 (3,8%), qui coïncide néanmoins avec une hausse des prix moins importante que celles constatées les années précédentes. 

Pour autant, les salariés du privé sont toujours très en retard sur les prix depuis le début de la crise inflationniste. « Sur trois ans, les hausses de salaires n’ont pas permis de rattraper l’inflation », pointe Christopher Dembik. En clair, le pouvoir d’achat des ménages était supérieur en 2021, avant le début de la crise inflationniste.

Reste que certains s’en sont mieux tirés que d’autres. « Il n’y a pas un marché du travail mais plusieurs, signale Dany Lang. Dans les métiers en tension, les salaires ont augmenté plus fortement que l’inflation alors que dans les secteurs où le rapport de force était en défaveur des salariés, la perte de pouvoir d’achat est beaucoup plus importante.»


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