COVID-19 | S’il y a bien un évènement que le monde entier veut à tout prix éviter aux prochains Jeux olympiques (JO) de Tokyo, c’est bien la création d’un « méga-cluster » qui pourrait entraîner une immense vague de propagation.
Les JO de Tokyo débuteront le 23 juillet. Un tel évènement suscite de nombreuses inquiétudes, notamment concernant les conséquences potentielles sur la situation sanitaire mondiale. La pandémie de covid-19 est toujours en cours et l’apparition du variant Delta, plus contagieux, pourrait ainsi entraîner une immense vague de propagation dans le monde entier.
En effet, plus 15 000 athlètes et délégués en provenance de plus de 200 pays à travers le monde vont se rassembler pendant environ deux semaines au Japon, alors que le pays est en plein état d’urgence covid-19. Annoncé la semaine dernière par le Premier ministre japonais, Yoshihide Suga, l’état d’urgence est entré en vigueur le 12 juillet et devrait prendre fin le 22 août.
La mise en place de cet état d’urgence n’est pas une décision prise à la légère par le gouvernement nippon. Actuellement, le Japon connaît une recrudescence de cas de covid-19 avec 86 nouvelles infections signalées pour la journée du 8 juillet, ce qui est proche des niveaux quotidiens de la mi-mai. Il faut donc s’attendre à ce que les autorités japonaises imposent davantage de mesures de distanciation sociale.
L’année dernière, si les autorités nippones n’ont pas réussi à contrôler l’épidémie de covid-19 aussi efficacement que d’autres pays en Asie, comme Taïwan ou la Corée du Sud, elles ont tout de même mieux géré la situation que la plupart des pays européens ou que les États-Unis. À cet égard, alors que les États-Unis ont enregistré plus de 33,7 millions de cas et plus de 606 000 décès liés au covid-19, le Japon a enregistré 814 315 cas et 14 865 décès (selon le Johns Hopkins Coronavirus Resource Center). Ces chiffres sont moins élevés qu’aux États-Unis, même si l’on tient compte que le Japon est moins peuplé : 124,7 millions d’habitants au Japon contre 332,5 millions d’habitants aux États-Unis.
Cependant, ces derniers mois, le Japon lutte pour contenir l’augmentation de cas de covid-19. Comme l’a expliqué Joshua Cohen à Forbes le 24 mai dernier, le Japon avait enregistré jusqu’à cette date 12 312 décès liés au covid-19 et environ 80 % de ces décès étaient survenus en 2021. Par ailleurs, seul un quart de la population japonaise a été vacciné contre le covid-19 jusqu’à présent, ce qui laisse le pays plutôt exposé. Ainsi, ce n’est pas le meilleur moment pour créer de nouveaux clusters au Japon.
L’instauration d’un état d’urgence sanitaire au Japon n’est donc pas une trop grande surprise. Après tout, la pandémie de covid-19 est toujours en cours. Ces derniers mois, de nombreux experts en santé publique ont exprimé leurs inquiétudes quant à la tenue des JO en plein milieu d’une pandémie. Le fait de rassembler autant de personnes du monde entier pour qu’elles se mélangent et rentrent ensuite dans leur pays respectif pourrait bien être une aubaine pour le virus : cela pourrait contribuer à propager le virus, y compris le variant Delta plus contagieux, dans plus de 200 pays différents. De plus, les JO de Tokyo pourraient également contribuer à créer et propager de nouveaux variants du covid-19.
Un autre problème se pose également : un certain nombre d’athlètes et de délégués accompagnateurs ne sont pas vaccinés. En effet, le Comité international olympique (CIO) n’exige pas que les athlètes et les délégués soient entièrement vaccinés pour entrer au Japon et participer aux JO.
Pour le Japon, « gagner » le droit d’accueillir les JO d’été 2020 n’a pas vraiment ressemblé à une « victoire ». Parfois, l’organisation de cette édition des JO s’est avérée problématique. Tout d’abord, les JO n’ont pas eu lieu en 2020 comme prévu, mais ont été reportés en 2021 en raison de la pandémie de covid-19. Et maintenant, il semble que les JO de Tokyo vont se dérouler en plein milieu d’une situation d’urgence, du 23 juillet au 8 août.
Il est même fort probable que ces JO ne puissent pas accueillir de spectateurs. Avant même que l’état d’urgence ne soit déclaré, les organisateurs olympiques avaient fixé les jauges suivantes : pas plus de 50 % de la capacité sur chaque site ou 10 000 spectateurs, le chiffre le plus bas étant retenu. Avec l’état d’urgence qui pourrait limiter davantage les rassemblements publics, il y a de fortes chances que ces JO soient les premiers sans spectateurs.
Néanmoins, le CIO a insisté pour que les JO se déroulent comme prévu. Le gouvernement japonais va lui aussi de l’avant, bien qu’une partie de la population nippone souhaite voir ces JO annulés ou reportés. En effet, selon un sondage téléphonique réalisé par Asahi Shimbuna à la mi-mai, 43 % des Japonais interrogés pensent que les JO devraient être annulés et 40 % estiment qu’ils devraient être à nouveau reportés.
Le Japon se trouve actuellement dans une position difficile. Il est certain que de nombreuses entreprises ont misé sur les JO de Tokyo et font donc pression pour que les Jeux se déroulent comme prévu. Par ailleurs, de nombreux athlètes olympiques ne veulent pas voir leurs rêves s’envoler. Dans le même temps, le rassemblement de personnes venues du monde entier est l’une des pires situations qui puissent arriver à un pays qui tente d’éviter un afflux massif. Idéalement, il faudrait d’abord maîtriser le virus avant de penser à organiser un évènement international de grande ampleur. En outre, ce qui se passe au Japon ne restera probablement pas au Japon, car tous les athlètes, les entraîneurs et le personnel qui les accompagnent rentreront eux aussi dans leur pays d’origine.
La communauté internationale doit trouver comment envoyer davantage de vaccins au Japon afin qu’une plus grande partie de la population puisse être protégée avant le début des JO. Il serait également utile de s’assurer que les athlètes et les délégués soient entièrement vaccinés avant de se rendre au Japon. Ces deux mesures permettraient de réduire les risques de propagation du virus. La devise olympique est « Citus, Altius, Fortius », ce qui en latin signifie « Plus vite, plus haut, plus fort ». Il ne reste qu’à espérer que cette devise ne s’applique pas également au covid-19.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Bruce Y. Lee
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