Alors que la propagation du virus Covid-19 s’intensifie en Europe, les autorités prennent des mesures variées afin de ralentir la pandémie, de préserver l’emploi, de rassurer les entreprises et d’alléger le fardeau des professionnels de la santé.
Voici ci-dessous la liste des principales mesures économiques mises en place sur notre continent :
Royaume-Uni
Le nouveau chancelier de l’Échiquier, Rishi Sunak, a annoncé la mise en place d’un plan d’aide massif, équivalent à 15 % du PIB britannique, soit non loin de 330 milliards de livres sterling. Il affirme : « Je veux rassurer tous les citoyens du Royaume-Uni, ce gouvernement vous donnera tous les outils nécessaires pour s’en sortir ».
Le gouvernement a également accordé des prêts de 330 milliards de livres sterling aux entreprises afin de les soutenir dans cette période. Rishi Sunak a assuré qu’il était prêt à aider le pays face au Covid-19, « coûte que coûte ».
D’autres mesures ont par ailleurs été annoncées, comme la possibilité pour les propriétaires de ne pas payer leur emprunt immobilier pendant trois mois, ou encore des subventions de financement jusqu’à 25 000 £ pour les petites entreprises.
De plus, l’exonération des charges pour les entreprises annoncée dans le budget a été élargie. Cette mesure permet aux boutiques et aux entreprises locales de respirer un peu et de ne pas avoir à payer ce qui se rapproche d’une taxe professionnelle locale.
Allemagne
Les Allemands aiment équilibrer leur budget, mais leur économie axée sur les exportations devrait être durement affectée par le ralentissement des échanges.
Olaf Scholz, vice-chancelier et ministre fédéral des Finances, a qualifié le montant des aides prévues par le gouvernement de « bazooka », ce qui lui permettrait d’éviter une crise dans son pays, l’économie la plus puissante de la zone euro. Vendredi, il a promis une aide illimitée aux entreprises allemandes touchées par la pandémie de Covid-19.
Mais comme souvent dans la zone euro, il ne s’agit pas que d’économie. La grande question est de savoir (encore une fois) quelle place occupera l’Allemagne pendant cette crise et quel fardeau économique elle devra porter à la place de certains de ses voisins européens moins solides.
Le New York Times définit ce sujet comme « politiquement sensible » en Allemagne, citant Sven Giegold, membre du Parlement européen, qui affirme : « Il ne suffit pas de sauver les entreprises allemandes si cela signifie mettre les entreprises italiennes en faillite ».
De nouveaux appels à un fonds commun de remboursement de la dette devraient se faire entendre sous peu. Une bonne nouvelle pour la France, qui devrait sauter sur l’occasion, mais pas sûr que nos voisins outre-Rhin soient aussi enthousiastes.
Italie
Marchel Alexandrovich, de The Guardian, décrit l’Italie comme « le canari dans la mine de charbon de l’Europe pour l’économie post-Covid ». Les paramètres économiques fondamentaux de l’Italie sont au plus bas, avec une croissance du PIB qui ne serait supérieure à celle de 2000 que de 5 %. En comparaison, la France se situerait à 29 %.
L’Italie est le deuxième pays le plus touché par la pandémie de Covid-19 après la Chine en termes de cas diagnostiqués, avec plus de 2000 décès. Face à cette situation, le gouvernement n’est pas resté inactif, annonçant des mesures progressives pour « renforcer le service national de santé et le soutien économique aux familles, aux travailleurs et aux entreprises ».
Par ailleurs, le gouvernement italien a approuvé un plan d’urgence de 25 milliards d’euros, afin de soutenir aussi bien le système de santé que les petites entreprises. Sur ce montant, 3,5 milliards d’euros seront consacrés au secteur de la santé, qui connaît des difficultés sans précédent. De plus, 500 millions d’euros seront versés pour la renationalisation de la compagnie aérienne Alitalia.
France
Nous le savons, la France a annoncé la création d’un plan économique d’urgence représentant non loin de 15 % du PIB national. Toutefois, cette poussée s’accompagne d’une mise en garde : de telles sommes vont inévitablement faire passer la dette publique bien au-delà du seuil de 100 % du PIB, déjà dépassé depuis le mois de septembre.
Le gouvernement français s’engage par ailleurs à verser 45 milliards d’euros d’aide d’urgence aux TPE et PME ayant perdu des parts de marché pendant la pandémie de Covid-19. Parmi les autres mesures, on compte également 300 milliards pour garantir les prêts bancaires, un fonds de solidarité d’au moins 1 milliard d’euros, ou encore un forfait mensuel de 1500 € pour les patrons de petites entreprises.
Espagne
L’Espagne est confinée depuis samedi dernier et impose de restrictions sévères à la circulation. Les grandes villes désertées sont décrites par les habitants comme « sinistres ».
Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, a décrit le plan de son gouvernement comme « la plus grande mobilisation de ressources de l’histoire démocratique de l’Espagne ». Les promesses des autorités s’élèvent en effet à 200 milliards d’euros.
Sont inclus dans cette somme : 100 milliards d’euros de garanties de prêts, conférant plus de liquidités aux entreprises espagnoles, un moratoire sur les paiements hypothécaires et les factures de services publics, et 600 millions d’euros pour aider les personnes vulnérables et celles dépendantes des services sociaux.
Norvège
La Norvège a annoncé lundi matin que le Parlement avait approuvé la mise en place d’un plan de crise, se plaçant comme l’un des pays les plus réactifs d’Europe.
Jan Tore Sanner, ministre des Finances, a déclaré : « L’économie norvégienne est forte. Nous avons un bon point de départ. Le chômage est faible, nous avons des entreprises rentables et des banques solides, et nous disposons d’une marge de manœuvre en matière de politique économique ».
La Norvège a ainsi annoncé que les personnes temporairement mises à pied toucheraient la totalité de leur salaire pendant 20 jours, et que les autoentrepreneurs et travailleurs indépendants recevraient jusqu’à 80 % de la moyenne de leur salaire sur les trois dernières années, avec un plafond annuel de 52 000 €.
Suède
Des mesures économiques d’une valeur de 30 milliards de dollars ont été annoncées par le gouvernement suédois pour protéger les entreprises et les travailleurs. Celles-ci comprennent un encadrement des licenciements temporaires, en vertu duquel le gouvernement prendra en charge une part du salaire des personnes mises à pied plus importante que d’ordinaire.
La ministre des Finances, Magdalena Andersson, a déclaré lors d’une conférence de presse : « C’est une situation tout à fait unique pour l’économie suédoise… Nous voulons que l’annonce d’aujourd’hui permette au plus grand nombre d’entreprises de traverser cette crise ».
Ukraine
Lundi, le président Volodymyr Zelensky a dévoilé son intention de solliciter rapidement l’aide financière du Fonds monétaire international.
Seul problème : les liquidités manquent. Kateryna Rozhkova, directrice adjointe de la Banque nationale d’Ukraine, affirme : « Il y a certaines difficultés avec la disponibilité de dollars en espèces [dans les banques], mais cela est lié uniquement au fait que des devises étrangères sont apportées par avion depuis l’étranger ».
Pays-Bas
Le discours télévisé du Premier ministre Mark Rutte, flegmatique au possible, marque l’histoire du pays. C’était en effet la première fois qu’un Premier ministre néerlandais s’adressait à la nation depuis la crise du pétrole des années 1970.
Au cours de son allocution, Mark Rutte a déclaré que tous les secteurs de l’économie avaient été touchés par le virus Covid-19 : « La dame qui tient le café au coin de la rue, le producteur de fleurs, le transporteur indépendant, l’autoentrepreneur… Nombre de travailleurs se retrouvent soudainement au pied du mur ».
Il a ajouté : « Mon message à tous les propriétaires d’entreprises aux Pays-Bas et à tous leurs employés est le suivant : le gouvernement fera le nécessaire pour vous soutenir. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les entreprises ne fassent pas faillite à cause de cette crise et pour que les gens ne perdent pas leur emploi ».
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