Agent d’image de Raphaël Varane pendant plus de 8 ans, Frank Hocquemiller, fondateur de VIP-Consulting et HAT-TRICK Management, a notamment œuvré à la signature du contrat entre le défenseur madrilène et Braun, celui-ci s’ajoutant aux contrats avec Nike, EA Sports, Panini, Tag Heuer, Jaguar et JBL déja négociés pour lui. Il fut également à la manœuvre en ce qui concerne les contrats signés entre Alphone Aréola et Samsung QLED TV et JBL by Harmann, Hervé Mathoux et BetStars, Kevin Gameiro et Head & Shoulders ou encore, dans un autre registre, entre l’acteur Ramzy Bedia et Pringles. Le tout en intervenant à la demande des marques. L’homme idoine pour décrypter le potentiel marketing des Bleus avant la finale de la Coupe du monde de dimanche.
Pour quelles raisons les footballeurs ne bénéficient-ils que de si peu de contrats publicitaires à l’échelle individuelle ? Le bon parcours des Bleus en Russie, qualifiés pour la finale ce dimanche, pourrait-il changer la donne ?
Pour répondre à la première partie de votre question, j’évoquerai deux paramètres. Pendant longtemps, le comportement des joueurs français – même s’il ne s’agissait que d’une poignée d’entre eux – a écorné l’image globale du football hexagonal. Certes, Knysna [épicentre de la grève des Bleus en 2010 en Afrique du Sud, ndlr] commence à être loin derrière nous, mais on ne tire pas un trait sur un tel épisode du jour au lendemain. Au sein de n’importe quel contrat de sponsoring, les clauses éthiques et de manquements aux bonnes mœurs qui, il y a dix ans, faisaient cinq lignes, prennent aujourd’hui cinq pages. De plus, et c’est mon deuxième point, la performance sportive, moyenne pendant des années, n’a donc pas pu masquer ces écarts de comportements. Jusqu’en 2014, un joueur qui revêtait le maillot bleu n’avait clairement aucune crédibilité pour un potentiel partenaire. Les choses ont heureusement changé depuis… Après Griezmann, des joueurs comme Olivier Giroud ou Raphaël Varane ont déjà eu quelques contrats publicitaires intéressants. Mais au regard du bon parcours des Bleus, et surtout s’ils parviennent à devenir champions du monde, il est évident que beaucoup de marques frapperont au portillon et voudront s’identifier à cette équipe qui a notamment brillé par sa cohésion et son sens du collectif.
Pourquoi si peu d’icônes françaises par rapport à nos voisins espagnols, italiens ou allemands ?
C’est vrai que l’Espagne par exemple regorge de héros sportifs : Sergio Ramos, Gérard Piqué, Fernando Alonso en F1… alors, qu’en effet, en France, spontanément hormis Griezmann qui s’en est le mieux tiré en termes d’images et de traitement médiatique jusqu’à présent, les grandes figures manquent dans notre pays. Mais derrière Griezmann il y a un vrai potentiel de futures icônes du sport dans l’Hexagone. D’ailleurs, beaucoup de talents, complètement inconnus du grand public avant le début de la compétition, comme les deux latéraux Lucas Hernandez et Benjamin Pavard, ne devraient pas manquer de sollicitations au sortir de la Coupe du monde. Et, de facto, décrocher quelques contrats particulièrement intéressants.
Quid de Kylian Mbappé qui, à seulement 19 ans, a littéralement crevé l’écran durant cette Coupe du monde ? Apôtre d’une stratégie attentiste en termes de contrats publicitaires, son entourage n’aurait-il pas intérêt à profiter de ses performances pour faire monter les enchères et attirer de nombreux partenaires ?
Ce serait à lui de vous répondre. Car, en effet, ses conseillers – et je ne dis pas que c’est une erreur – ont décidé d’attendre que leur joueur soit l’équivalent, en termes de performances, d’un Ronaldo, Messi, Ibrahimovic, Neymar, pour lui faire signer des contrats internationaux particulièrement juteux. En tant que spécialiste, je dis ‘pourquoi pas ?’ car tout ce qui est rare, et encore plus dans notre métier, est particulièrement prisé et convoité. Une bonne stratégie sur le papier, certes, mais dans le marché actuel, les grandes marques iront davantage vers Messi, Ronaldo… Nous parlons ici de joueurs, pour citer les deux derniers, qui ont tout de même cinq ballons d’or… chacun. Alors pour recentrer mon propos sur Kylian Mbappé, je pense qu’il aura effectivement de nouvelles opportunités mais comme il en a déjà eu par le passé. Car il convient de garder à l’esprit que ce n’est pas parce que vous devenez champion du monde que vous êtes soudainement au niveau des plus grands. Dès lors, je crains que les montants des contrats proposés ne correspondent pas encore aux attentes de son entourage ou de ce que peuvent percevoir les joueurs susnommés. C’est encore un peu tôt. Comme vous le souligniez, il n’a que 19 ans.
A l’inverse, le tournoi plus poussif d’Antoine Griezmann (footballeur français le plus bankable au sein de notre classement avec des revenus publicitaires avoisinant les 5 millions d’euros annuels) peut-il inciter les marques à moins s’intéresser à lui ? La question vaut également pour Ronaldo ou Messi, pas forcément à la hauteur de leur réputation durant ce Mondial.
Concernant Antoine Griezmann, les annonceurs vont continuer à s’intéresser à lui. La seule différence est qu’il aura, parmi les joueurs français, beaucoup plus de concurrence qu’auparavant. Si de son côté, ses performances se sont avérées décevantes, en revanche, certains de ses coéquipiers ont brillé sur le terrain et ont, par conséquent, forcément tapé dans l’œil des annonceurs. Je vais vous citer de nouveau les exemples de Lucas Hernandez et de Benjamin Pavard, hors des radars des annonceurs avant le début de la Coupe du monde. Pour en revenir à Griezmann, il a également fait le choix, avant le Mondial, de prolonger l’aventure à l’Atlético de Madrid, un club beaucoup moins dans la lumière que le Real, le Barça, Manchester United ou encore le Bayern Munich. Et je pense que cela constitue un frein à son développement marketing. Enfin, pour Messi et Ronaldo – même si les performances de ce dernier sont loin d’avoir été infâmantes – s’ils avaient remporté la Coupe du monde, ils auraient pu prétendre accéder au statut d’intouchables. Mais ils jouissent d’une énorme communauté de fans sur les réseaux sociaux et donc leurs images respectives restent au firmament. Mais tout comme Griezmann, ils vont juste subir, pendant quelques temps, la concurrence des joueurs les plus en vue durant la compétition.
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