L’instance dirigeante du football mondial, la FIFA, a l’intention de surveiller toutes les activités sur les réseaux sociaux pendant la Coupe du monde de football féminin cet été afin d’aider à éradiquer « une crise sociale » qui affecte la santé mentale des joueurs et joueuses de football.
Après avoir mis en place avec succès son propre service de protection pour les réseaux sociaux (le « Social Media Protection Service », SMPS) lors de la Coupe du monde masculine au Qatar l’année dernière, la FIFA s’est engagée à utiliser les mêmes procédures de contrôle lors de la Coupe du monde féminine de cette année, promettant de couvrir l’intégralité du coût du service aussi longtemps que cela sera nécessaire.
Chacune des 32 associations membres participant à la neuvième phase finale de la Coupe du monde féminine de la FIFA, qui débutera le 20 juillet prochain, se verra offrir l’accès au service, l’invitation étant étendue à l’ensemble des 736 joueuses une fois que les sélections nationales auront publié leur liste définitive. La FIFA affirme que plusieurs nations participantes ont déjà accepté de mettre en œuvre l’élément de modération du service pour limiter immédiatement et automatiquement la visibilité des abus en ligne.
Durant la Coupe du monde masculine, la FIFA a révélé que plus de 20 millions de messages sur Twitter, Instagram, Facebook, TikTok et YouTube ont été analysés. Sur ce total, 19 636 messages ont été identifiés comme abusifs, discriminatoires ou menaçants, avec un pic lors du quart de finale Angleterre-France au cours duquel Harry Kane a manqué un penalty en fin de match.
Sur l’ensemble des commentaires signalés, plus d’un quart a été classé comme abus général (26,24 %), 13,47 % ont été identifiés comme sexistes et 12,16 % comme homophobes. Pour la Coupe du monde féminine, la FIFA se prépare à développer et à renforcer les catégories destinées à protéger les joueuses en procédant à une « analyse détaillée des insultes et des commentaires abusifs qui ont historiquement visé le football féminin ».
Pour ce faire, la FIFA « travaillera avec des joueuses, d’anciennes joueuses et des experts pour analyser et vérifier les termes et les filtres, y compris les nouveaux emojis et les tactiques identifiées ». Elle s’engagera également avec les officiels et les représentants des deux pays hôtes, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, pour « incorporer des questions régionales nuancées ».
Des sanctions seront prises par la FIFA, qui travaillera avec les plateformes de réseaux sociaux pour supprimer rapidement les commentaires abusifs. Par ailleurs, les joueuses pourront opter pour la modération de leur compte pendant le tournoi, ce qui permettra de détecter et de cacher en temps réel les contenus abusifs, discriminatoires ou menaçants.
La FIFA insiste sur le fait que « l’objectif principal de ces services est de protéger les joueuses, les équipes, les officiels et les supporters contre les abus, en préservant leurs réseaux sociaux de la haine et en leur permettant de se concentrer sur leur participation aux événements de la FIFA ».
En tout, 12 168 comptes de réseaux sociaux ont été identifiés comme ayant publié des commentaires abusifs pendant la Coupe du monde masculine. Tous ces comptes ont été signalés à leurs plateformes respectives et 1 189 ont été considérés comme des comptes de niveau 1, méritant une action policière juridictionnelle dans le pays concerné. Par ailleurs, 306 personnes ont été identifiées de manière vérifiable et des travaux sont en cours pour compiler des éléments de preuve afin de constituer des dossiers contre ceux qui ont commis une infraction pénale.
L’année dernière, l’instance dirigeante européenne, l’UEFA, a lancé une campagne similaire contre les abus en ligne, intitulée « Real Scars », soutenue par la joueuse française Wendie Renard et la Suissesse Alisha Lehmann. Dans le cadre d’un projet pilote, elles ont surveillé les commentaires sur les réseaux sociaux lors de l’Euro féminin de l’UEFA de l’été dernier (60 % des 447 commentaires signalés ont été supprimés par les plateformes respectives) ainsi que lors de la Finalissima d’avril entre l’Angleterre et le Brésil (83 commentaires ont été signalés comme abusifs, dont 12 dans la catégorie la plus sévère). Les messages identifiés ont été classés comme discours de haine (78 %), sexisme (21 %) et homophobie (1 %). Au total, 65 % de ces messages étaient dirigés contre le football féminin en général, tandis que 21 % visaient les joueuses.
À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les discours de haine (18 juin), le syndicat mondial des footballeurs professionnels, la FIFPRO, a expliqué comment les commentaires sur les réseaux sociaux peuvent avoir un effet négatif sur la santé mentale d’un joueur ou d’une joueuse de foot : « Les commentaires abusifs sont des attaques personnelles contre les identités et les caractéristiques des joueurs et des joueuses qui peuvent avoir des effets néfastes sur leur bien-être général. Ces attaques peuvent également amener les joueurs et les joueuses à se cacher et à se détourner de ce qu’ils sont ou veulent être. »
La FIFPRO a ajouté que « les footballeurs et les footballeuses peuvent se sentir découragés d’admettre qu’ils se sentent affectés par les abus des réseaux sociaux et peuvent choisir d’agir comme si tout allait bien pour eux », une stratégie autoprotectrice qui les conduit à ne pas s’attaquer au problème ni à rechercher le soutien dont ils ont besoin.
L’analyse de la FIFPRO sur les conséquences pour la santé mentale des joueurs a conclu que l’abus des réseaux sociaux peut conduire à une série de conséquences et entraîner l’apparition de symptômes réels tels que les crises d’angoisse, la dépression, l’accumulation de traumatismes, une faible estime de soi, des troubles du sommeil, des changements dans les habitudes alimentaires, des sentiments d’inadéquation, le retrait social et l’isolement et, dans les cas extrêmes, la mort par suicide.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Asif Burhan
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