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Couches, basketball et plats à emporter : la success-story du milliardaire Marc Lore

Marc Lore
Marc Lore. | Source : capture d'écran vidéo

Pour bâtir sa fortune et se frayer un chemin dans le très fermé club des milliardaires, Marc Lore a diversifié ses investissements, en veillant à ne pas se focaliser sur un domaine trop longtemps. Aujourd’hui, le cofondateur de Diapers.com et copropriétaire des Minnesota Timberowolves mise beaucoup sur sa dernière start-up, Wonder, qui a pour objectif de bouleverser le secteur de la vente à emporter et de la livraison.

 

« Mettre la charrue avant les bœufs »… « Vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué »… Marc Lora, 53 ans, aime inverser les vieux adages, considérant leur version originale comme contraire à l’esprit d’entreprise. C’est un peu ridicule, certes, mais c’est le signe d’un esprit vif. Cette quête a porté ses fruits : l’entrepreneur en série, qui a touché à tout, du commerce électronique aux cartes de baseball, possède aujourd’hui une fortune évaluée à 2,8 milliards de dollars, selon Forbes.

Le natif de Staten Island, dans l’État de New York, a étudié le commerce et l’économie à Bucknell, puis a passé six ans dans trois banques avant de démissionner pour créer une entreprise. Avec deux amis d’enfance, il a créé The Pit, une plateforme en ligne de cartes à collectionner qu’ils ont vendue en 2001 pour six millions de dollars. Après être devenu père, Marc Lore a quitté Wharton pour cofonder Diapers.com. La société a été rachetée par Amazon en 2010 pour 500 millions de dollars.


Ensuite, il y a eu Jet.com, un site de e-commerce qui voulait concurrencer Costco. La société a été rachetée par Walmart en 2016 pour 3,3 milliards de dollars, avant de fermer en 2020. Marc Lore est resté à la tête de la branche en ligne du géant du commerce de détail jusqu’en 2021.

Plus tard dans l’année, Marc Lore s’est associé à Alex Rodriguez, star à la retraite des Yankees de New York, pour acheter les Minnesota Timberwolves et les Minnesota Lynx de la WNBA. Les deux partenaires ont effectué les deux premiers tours de table, payant un montant estimé à 550 millions de dollars pour environ 40 % des parts. Le troisième tour de table a fait l’objet d’une procédure d’arbitrage en raison d’un différend portant sur le respect par Marc Lore et Alex Rodriguez de la date limite de mars 2024. La décision devrait tomber lundi 10 février. Forbes estime que la valeur des Wolves a doublé depuis la signature du contrat.

 


« Il a un énorme poids sur les épaules et veut construire une grande entreprise cotée en bourse. »


 

Le dernier pari de Marc Lore ? Wonder, qui se présente comme « un nouveau type de salle de restauration ». Il a fondé la société en 2018 et en a pris les rênes en tant que PDG après avoir quitté Walmart. L’idée de départ était d’acheter des recettes et des marques de restaurants branchés et de chefs célèbres. Wonder payait les chefs, dont Bobby Flay et José Andrés, membre du conseil d’administration de Wonder, en cash et en actions. Wonder préparait ensuite les repas dans des cuisines centralisées et les livrait dans des camionnettes équipées de fours.

Début 2023, peu après avoir levé 350 millions de dollars pour une valorisation de 3,5 milliards de dollars, Marc Lore a troqué les 450 camionnettes de Wonder contre des vitrines où les clients pouvaient commander des plats à emporter ou à livrer à partir d’une sélection géante de 30 menus uniques. Un pari risqué. L’entreprise a rapidement enregistré 80 millions de dollars de pertes liées à ce changement. « Nous avons dû réduire notre chiffre d’affaires à pratiquement zéro et repartir de rien », explique Marc Lore, qui possède environ la moitié de la société et a investi 300 millions de dollars de ses propres fonds dans l’entreprise à ce jour, en plus de lever environ 1,5 milliard de dollars supplémentaires.

Wonder prépare toujours ses repas dans trois cuisines centralisées, mais les expédie désormais dans 37 sites répartis dans cinq États. Selon Marc Lore, la beauté du modèle réside dans le fait que les magasins n’ont pas besoin d’être équipés de cuisines complètes, mais qu’ils peuvent se contenter de fours à cuisson rapide pour terminer la cuisson des aliments. Pour les clients, en particulier les familles, chaque magasin offre une grande variété d’options où, par exemple, une personne peut commander un pad thaï et une autre un hamburger. Pour étendre sa zone de couverture, Wonder prévoit d’ajouter un nouveau magasin par semaine, pour un total d’environ 100 établissements (principalement à New York et dans le New Jersey) d’ici la fin de l’année.

Bien que l’entreprise ne soit pas encore rentable, une source proche du dossier affirme que Wonder rapporte plus par unité que Chipotle ou Cava, deux entreprises cotées en bourse très réputées.

Wonder prend également d’autres mesures. La start-up a acquis la société de kits de repas Blue Apron en novembre 2023 pour 100 millions de dollars et l’application de livraison Grubhub en janvier pour 650 millions de dollars (toutes deux avec une décote de 90 % par rapport à leur valorisation maximale). Les plans d’intégration avec l’activité principale de Wonder ne sont pas encore clairs. « Il essaie de trouver d’autres sources de demande, car la chose la plus difficile à faire est d’acquérir des clients et de les fidéliser », indique Matt Newberg, qui n’est pas impliqué dans Wonder, mais suit l’activité de l’entreprise de près en tant que directeur de HNGRY, société de médias spécialisée dans les technologies alimentaires.

En 2024, Wonder a réalisé un chiffre d’affaires de 470 millions de dollars, selon une source au fait des finances de l’entreprise, contre 50 millions de dollars en 2023. Les chiffres les plus récents incluent les ventes de Blue Apron, qui a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 400 millions de dollars l’année précédant son acquisition par Wonder, mais pas celles de GrubHub. L’entreprise reçoit également des revenus de 29 entreprises qui ont des commandes permanentes pour acheter des repas en gros, notamment un espace de coworking, plusieurs immeubles de bureaux et même une école primaire.

En outre, Wonder Works, filiale de Wonder, vend ses équipements de cuisine (comme les fours à cuisson rapide) et ses méthodes de cuisson à des lieux tels que les cinémas, les stades (comme le Yankee Stadium) et les bateaux de croisière, afin de les aider à préparer des repas, principalement des pizzas, plus rapidement et à moindre coût. Selon Stephen Toebes, l’ancien directeur technique de Wonder, il pourrait s’agir d’une « activité massive de ce côté-là également ».

Pourtant, Wonder est encore loin des prévisions de rêve de Marc Lore, à savoir un chiffre d’affaires de deux milliards de dollars cette année et une introduction en bourse de 40 milliards de dollars en 2028. Matt Newberg est sceptique et pense que Marc Lore « développe [Wonder] avant d’avoir vraiment maîtrisé le modèle commercial ». À titre de comparaison, il a fallu 30 ans à Chipotle pour atteindre une valeur de marché de 30 milliards de dollars.

Dave Munichiello, associé gérant de Google Ventures (GV), déclare à propos de Marc Lore : « Il a une énorme pression sur les épaules et veut construire une grande entreprise cotée en bourse », ajoutant que le chèque de plus de 100 millions de dollars que GV a versé à Wonder était le deuxième plus important de son histoire, derrière Uber. « Il considère qu’il s’agit d’un marché qui n’a pas encore été exploré par un entrepreneur aussi intrépide et féroce que lui. »

 

Article de Phoebe Liu pour Forbes US, traduit par Flora Lucas

 


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