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COP28 : les géants de l’industrie laitière s’engagent à réduire les émissions de méthane

méthane
Usine laitière. Getty Images

Six des plus grandes entreprises laitières ont lancé mardi à Dubaï, lors de la COP 28, une alliance visant à réduire les émissions de méthane. Ce gaz à effet de serre très puissant peut réchauffer la planète jusqu’à 27 fois plus vite que d’autres gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone. Les entreprises à l’origine de cette alliance, Kraft Heinz, Nestlé, Danone, Lactalis USA, Bel Group et General Mills représentent un chiffre d’affaires de 185 milliards d’euros et leurs produits sont présents dans presque tous les foyers.

 

L’annonce faite par les entreprises laitières change la donne dans les efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre le réchauffement climatique. En effet, c’est la première fois que des entités du secteur agricole, en particulier des entreprises laitières, s’engagent collectivement à lutter contre les émissions de méthane.

Cette évolution représente un changement d’orientation significatif. Historiquement, les efforts et les engagements pour réduire les émissions de méthane se sont surtout concentrés sur le secteur du pétrole et du gaz. Le dialogue sur les émissions de méthane s’est concentré de manière disproportionnée sur le pétrole et le gaz, comme par défaut, bien que l’agriculture soit la plus grande source d’émissions de méthane. Les émissions de méthane liées au pétrole et au gaz se produisent à différents stades du forage et de la production, et parfois lorsque les puits de pétrole sont abandonnés.

L’engagement de ces géants du lait à réduire les émissions de méthane intervient trois jours seulement après que 50 compagnies pétrolières, représentant près de la moitié de la production mondiale de pétrole, se sont engagées à réduire les émissions de méthane à un niveau proche de zéro d’ici à 2030.

On ne saurait trop insister sur l’importance de cette décision, mais il est important de ne pas se contenter de se réjouir et de se concentrer sur l’avenir. Il est désormais impératif que tous les acteurs concernés prennent des mesures décisives et efficaces, afin que des annonces comme celles-ci se traduisent par des progrès substantiels en matière d’atténuation du changement climatique.

 

Que faut-il faire maintenant ?

Ce qu’il faut maintenant, c’est rendre des comptes. Le public est déjà lassé des promesses non tenues en matière de climat. Par exemple, lors de la COP 15, les pays développés se sont engagés à verser 100 milliards de dollars (92,6 milliards d’euros) par an, mais cette promesse n’a pas encore été tenue. Pour garantir une plus grande responsabilisation à l’égard de cette annonce, il est donc essentiel que toutes les principales parties prenantes, y compris les gouvernements et les investisseurs, supervisent et fassent respecter ces promesses de manière active.

 

Mesures à prendre par les gouvernements

Les gouvernements doivent intégrer la réduction du méthane provenant de l’agriculture dans leurs nouveaux plans et engagements nationaux sur le climat. Près de 151 pays sur les 193 qui ont signé l’Accord de Paris, qui fixe l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius d’ici 2050 – ont établi des contributions déterminées au niveau national. Ces contributions peuvent être considérées comme des plans d’action nationaux.

Les pays fixeront de nouvelles contributions révisées dans deux ans. Celles-ci devraient refléter l’ambition de réduire les émissions de méthane provenant de l’agriculture. Des pays comme les États-Unis, qui font partie du Global Methane Pledge, devraient en particulier refléter cette ambition. Actuellement, les contributions déterminées au niveau national soumises par les États-Unis ne reflètent que l’ambition de gérer le méthane provenant du pétrole et du gaz ainsi que du fumier, qui ne représentent qu’une partie des émissions de méthane. La fermentation entérique, qui est à l’origine de deux fois plus de méthane que la gestion du fumier agricole aux États-Unis, mérite également l’attention. La fermentation entérique est le méthane libéré par le processus digestif du bétail et peut être réduite par des innovations telles que les additifs alimentaires réduisant le méthane.

 

Le rôle des investisseurs

Les personnes qui investissent dans ces entreprises ont un rôle essentiel à jouer en les obligeant à assurer un suivi et à établir des rapports périodiques. Ils devraient profiter de l’interaction avec les entreprises par le biais d’initiatives d’engagement pour vérifier l’absence d’écoblanchiment, c’est-à-dire d’engagements audacieux pris sans aucune action ou preuve. L’initiative FAIRR, un réseau d’investisseurs collaboratifs qui sensibilise aux risques et aux opportunités environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans le secteur alimentaire mondial, a analysé les émissions de 60 des plus grands producteurs de bétail et a constaté que seules deux de ces entreprises s’étaient fixé des objectifs de réduction des émissions de méthane. Il est essentiel de fixer des objectifs clairs et mesurables car les efforts peuvent être bien intentionnés mais manquer de direction et d’impact. À l’heure actuelle, il semble que l’alliance laitière se concentrera sur les mesures et les rapports, mais elle doit impérativement se fixer des objectifs spécifiques.

À l’aube d’une ère plus respectueuse de l’environnement, l’engagement de ces géants laitiers offre une lueur d’espoir et un modèle à suivre. En particulier, il est essentiel que les autres entreprises à fortes émissions de méthane, telles que les principaux producteurs de viande bovine, reconnaissent l’importance de fixer des objectifs clairs pour la réduction de leurs émissions de méthane. Il faut espérer que cette initiative suscite des alliances similaires dans l’industrie, propageant ainsi une vague de changements environnementaux positifs.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Simi Thambi

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