Alors que Donald Trump vient de nommer Elon Musk et Vivek Ramaswamy à la tête d’un tout nouveau département d’État américain dédié à l’efficacité gouvernementale, voici comment le milliardaire Vivek Ramaswamy a bâti sa fortune.
Article de John Hyatt pour Forbes US
Article mis à jour le 13 novembre 2024 : Le 12 novembre, une semaine après avoir remporté l’élection présidentielle, Donald Trump nomme les milliardaires Elon Musk et Vivek Ramaswamy à la tête d’une nouvelle entité, le département d’État dédié à l’efficacité gouvernementale (Department of Government Efficiency). Déjà surnommé DOGE, ce département est chargé de réduire les dépenses inutiles, de supprimer les réglementations excessives et de restructurer les agences fédérales.
« Il s’agit d’une opportunité unique. Nous serons radicalement transparents quant aux gaspillages gouvernementaux que nous découvrirons », a déclaré Vivek Ramaswamy sur X le mercredi 13 novembre. Voici l’histoire, publiée pour la première fois par Forbes en août 2023, de Vivek Ramaswamy.
Dans un restaurant bondé du New Hampshire, Vivek Ramaswamy, jeune républicain qui secoue la course à la présidentielle américaine, plaide en faveur de l’unification d’une nation amèrement divisée. Le secret, insiste-t-il, est aussi américain que la traditionnelle apple pie : le capitalisme.
« Démocrates et républicains, nous avons tendance à être plus fiers de notre pays lorsque nous gagnons tous plus d’argent dans ce pays », explique-t-il à la centaine de convives qui dégustent des sandwichs à la dinde et des Coca-Cola light. « Nous n’avons pas à nous flageller pour le capitalisme. Cessez de vous excuser pour le capitalisme. Nous devrions profiter du capitalisme. »
Une fortune basée sur les biotechnologies
C’est en tout cas ce qu’a fait Vivek Ramaswamy. À 38 ans, l’investisseur en biotechnologies et militant « anti-woke » possède une fortune qui dépasse les 950 millions de dollars. Il y a une semaine, sa fortune nette dépassait le milliard de dollars, ce qui faisait de lui l’un des 20 plus jeunes milliardaires des États-Unis, avant qu’une baisse du marché ne le fasse passer juste en dessous du seuil du milliard de dollars, selon les estimations de Forbes. Il semble néanmoins être la deuxième personnalité la plus riche en lice dans les primaires présidentielles républicaines, derrière Donald Trump (dont Forbes a estimé la fortune nette à 2,5 milliards de dollars).
La fortune de Vivek Ramawamy provient d’une société de développement de médicaments, Roivant Sciences, qui est entrée en bourse en 2021. Les actions de la société ont augmenté de près de 40 % cette année, ce qui a fait grimper la valeur de la participation de 10 % de Vivek Ramaswamy à environ 600 millions de dollars. Depuis qu’il a fondé la société il y a neuf ans, il a gagné plus de 260 millions de dollars grâce à Roivant sous la forme de salaires, de primes et de plus-values. Il a diversifié ces recettes dans un portefeuille d’investissement assez classique, composé d’environ 60 % d’actions et de 40 % d’obligations. Cependant, il a aussi ajouté un peu de saveur, avec une pincée de Bitcoin et d’Ethereum, quelques actions du concurrent de YouTube, Rumble, et une participation dans l’entreprise de paiements en cryptomonnaies MoonPay.
Il y a aussi ses intérêts politiques. En 2021, Vivek Ramaswamy a quitté son poste de PDG de Roivant et s’est lancé dans la politique en écrivant un livre intitulé Woke, Inc., qui critique l’intérêt croissant des entreprises américaines pour les questions de justice sociale et les critères ESG, une tendance qui s’est emparée de Wall Street. Un an plus tard, il a fondé un fournisseur de fonds indiciels « anti-woke » (à l’image de BlackRock, sans le discours sur le sauvetage du monde) appelé Strive Asset Management. Les investisseurs ont récemment évalué Strive à environ 300 millions de dollars, selon deux sources proches du dossier, ce qui signifie que la participation de Vivek Ramaswamy dans la société vaut bien plus de 100 millions de dollars.
Le parcours de Vivek Ramaswamy
C’est beaucoup d’argent gagné en peu de temps. Fils d’immigrés indiens (le père de Vivek Ramaswamy était ingénieur et avocat spécialisé dans les brevets, sa mère était psychiatre), il a étudié la biologie à Harvard et a cofondé StudentBusinesses.com, un site internet permettant aux étudiants créateurs d’entreprises de présenter leurs projets à des investisseurs professionnels. Une organisation caritative privée aurait racheté l’entreprise en 2009 pour un montant non divulgué.
Après avoir obtenu son diplôme, Vivek Ramaswamy a rejoint le fonds spéculatif QVT, où il s’est spécialisé dans les investissements pharmaceutiques. Il a gagné 7 millions de dollars au cours des sept premières années de sa carrière et est devenu associé à l’âge de 28 ans. C’est à la même époque qu’il rencontre sa femme, Apoorva. Tout en continuant à travailler, il réussit à obtenir un diplôme de la plus prestigieuse école de droit américaine, Yale.
À 29 ans, Vivek Ramaswamy quitte son emploi chez QVT et, avec le soutien du fonds spéculatif, crée une société holding d’investissement appelée Roivant Sciences avec un postulat de départ : les géants de l’industrie pharmaceutique disposent de nombreux médicaments abandonnés qui pourraient rapporter une fortune si quelqu’un s’y intéressait. Un an après la création de la société, l’une des filiales de Roivant, baptisée Axovant, est entrée en bourse avec une valorisation de 2,2 milliards de dollars. Son atout le plus précieux : un médicament candidat contre la maladie d’Alzheimer, Intepirdine, que Vivek Ramaswamy avait acheté pour seulement 5 millions de dollars. L’année où Axovant est entrée à la bourse de New York, Vivek Ramaswamy a déclaré plus de 38 millions de dollars de revenus, dont la plupart provenaient de plus-values, sur sa déclaration d’impôts.
L’Intepirdine s’est avéré décevant et a échoué lors d’un essai clinique deux ans plus tard. La société s’est rebaptisée Sio Gene Therapies en 2020 et vaut aujourd’hui environ 30 millions de dollars. Cependant, Vivek Ramaswamy avait aussi d’autres médicaments en réserve. En 2020, le géant pharmaceutique japonais Sumitomo Dainippon a déboursé 3 milliards de dollars pour en acquérir cinq, ainsi qu’une participation de 10 % dans Roivant. Cette année-là, Vivek Ramaswamy a bénéficié d’une deuxième manne importante : il a déclaré 176 millions de dollars de revenus sur sa déclaration d’impôts, dont 174,5 millions de dollars de plus-values.
Un engagement politique croissant
Vivek Ramaswamy s’est retiré de son entreprise en janvier 2021, invoquant son « engagement croissant dans la sphère publique » dans une note adressée aux actionnaires. Il a publié son livre sept mois plus tard et a lancé la société de gestion d’actifs « anti-woke », Strive, à peu près au même moment. « Nous défendons ce mouvement que nous appelons le “capitalisme d’excellence”, qui est le pendant du capitalisme des parties prenantes », a expliqué Vivek Ramaswamy dans le podcast Trillions. « Ce que dit le capitalisme d’excellence, c’est qu’il faut se concentrer exclusivement sur la fourniture d’excellents produits et services à ses clients, avant tout autre objectif, y compris les objectifs politiques et sociaux. C’est différent du capitalisme des parties prenantes, qui dit que vous êtes censé prendre en compte 12 ou 20 parties prenantes en même temps. »
Une série d’investisseurs sérieux a permis le financement de Strive. Le mégadonateur Peter Thiel, qui a soutenu d’autres entreprises « anti-woke » comme Rumble, a injecté de l’argent dans la société. Il en va de même pour le milliardaire Bill Ackman, qui a investi massivement dans l’industrie pharmaceutique et s’est lié d’amitié avec Vivek Ramaswamy lors de parties de tennis. Joe Lonsdale, cofondateur de Palantir âgé de 40 ans, a également apporté sa contribution.
Malgré tout son argent et ses relations, Vivek Ramaswamy semble assez à l’aise d’aller à la rencontre des électeurs dans le New Hampshire. Le fait qu’il ne vive pas comme un magnat l’aide beaucoup, dit-il. « Je ne pense pas que notre mode de vie soit radicalement différent de celui dans lequel nous avons grandi. » Il possède deux maisons dans l’Ohio d’une valeur totale de 2,5 millions de dollars, soit moins que les portefeuilles immobiliers des candidats les moins riches, dont Nikki Haley, Francis Suarez, Robert F. Kennedy Jr. et le président Joe Biden. « Nous n’avons pas de gigantesques maisons de vacances », explique Vivek Ramaswamy. « Nous voyons cinq des jardins de nos voisins. Nous avons de bonnes relations avec chacun d’entre eux. »
L’exception, concède-t-il, est le voyage en jet privé. Il possède des participations dans trois jets privés, ce qui lui permet de voyager d’un bout à l’autre des États-Unis tout en rentrant chez lui pour passer du temps avec sa femme et ses deux jeunes enfants dans l’Ohio. « Si nous pouvions acheter plus de temps, nous le ferions », déclare-t-il. « Et c’est la seule chose que l’aviation privée nous permet d’acheter. Du temps en famille. »
Les électeurs semblent reconnaître que Vivek Ramaswamy vit dans une autre stratosphère. À Milford, une femme d’un certain âge l’a remercié de rendre visite à « nous, les gens de la campagne » dans le New Hampshire. Le candidat milliardaire à la présidence a répondu, l’air un peu gêné, qu’il était l’un d’entre eux.
Évidemment, ce n’est pas le cas, mais c’est ce qui le rend si particulier.
Une traduction de Flora Lucas
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