Après des mois particulièrement difficiles avec pour point d’orgue les « fulgurances » d’Elon Musk qui ont fait tourner la tête de Wall Street tout l’été, Tesla, a comme promis par son fantasque patron, renoué avec la rentabilité au troisième trimestre. Et espère poursuivre sur sa lancée pour les trois derniers mois de l’année.
Deux trimestres. Ce sont en tout et pour tout les deux seules périodes où le groupe Tesla, du fantasque entrepreneur Elon Musk, a connu la rentabilité. Et la dernière fois remonte à deux ans. En effet, l’avant-dernier tiers de l’année 2016 avait permis à Tesla de renouer avec les bénéfices. Ce qui, pour une société fondée en 2003, ne peut s’avérer qu’insatisfaisant. Doux euphémisme. Et surtout Elon Musk a, pour une fois, tenu une promesse. Le patron de Tesla, après un été agité, avait promis que son groupe renouerait avec les bénéfices lors de ce troisième trimestre. La « prophétie » s’est accomplie. Et il s’est également avancé sur les trois derniers mois de l’année, martelant, là-aussi, que Tesla serait encore bénéficiaire. Dans le détail, le constructeur de voitures électriques a dévoilé, mercredi soir après la clôture de Wall Street, un bénéfice net de 311,5 millions de dollars (soit l’équivalent de 273,3 millions d’euros) contre une perte de 619,4 millions de dollars, l’an passé à pareille époque. De son côté, le chiffre d’affaires a plus que doublé à 6,82 milliards de dollars, soit au-dessus du consensus qui tablait sur 6,33 milliards. Autre bonne nouvelle pour Tesla, le fameux « Model 3 » qui a fait couler tant d’encre a représenté, à lui seul, près de la moitié de ce total. Début octobre, le constructeur de la Silicon Valley avait dit avoir produit 53 239 Model 3 au troisième trimestre, en ligne avec son objectif de 50 000 – 55 000 unités, et en avoir livré 55 840 exemplaires.
Enfin, hors éléments exceptionnels, le bénéfice par action – référence à Wall Street – s’élève à 2,90 dollars. Ce premier trimestre de rentabilité depuis octobre 2016 s’est également soldé par une génération de trésorerie de 881 millions de dollars, grâce à une hausse de la production et une consommation de capital. Conséquence de ces résultats flamboyants : le titre Tesla grimpait de 14% dans les échanges après-Bourse, ce qui efface presque les 15% de pertes enregistrés au cours des 12 derniers mois. « Les chiffres de production publiés ce mois-ci montraient que Tesla pouvait sortir les voitures. La question était de savoir s’il pouvait le faire de façon rentable et, plus important encore, s’il pouvait arrêter de brûler du cash. Dire que la réponse est emphatique serait un euphémisme », a déclaré Nicholas Hyett, analyste chez Hargreaves Lansdown, cité par Reuters. Autre élément positif qui devrait ravir les investisseurs lors de l’ouverture de Wall Street ce jeudi, la marge de 20% réalisée sur le Model 3, là où l’objectif n’était « que » de 15%.
Solder la catastrophique séquence estivale
Une publication flamboyante suffisante pour solder un été chaotique du côté de Tesla et surtout de son emblématique patron Elon Musk ? Pour rappel, ce dernier, dans la torpeur du mois d’août a mis le feu aux poudres avec ce tweet : « J’envisage de retirer Tesla de la cote à 420 dollars ; le financement est assuré ». Un message qui a déclenché l’ire de la SEC, le gendarme boursier américain qui, après enquête, l’a déclaré « faux et trompeur » selon le vocable consacré. Un tweet qui a finalement coûté la bagatelle de 40 millions de dollars à la charge exclusive d’Elon Musk et de Tesla (20 millions de dollars chacun). Fruit d’un accord entre l’organe de régulation de la Bourse de New York et l’état-major de Tesla, ce montant est également assorti d’une démission, dans un délai de 45 jours, d’Elon Musk de ses fonctions de président du conseil d’administration. Il n’aura pas le droit, non plus, d’y être élu pendant trois ans.
Cela aurait pu être pire pour Elon Musk qui est parvenu à conserver les rênes de la direction générale. Une « destitution » aurait eu un effet dévastateur sur les marchés. « Je pense que cette issue est la meilleure pour toutes les parties concernées », avait, à l’époque, réagi Ivan Feinseth de Tigress Financial Partners, cité par Reuters, et dont l’opinion à l’égard de Tesla est « neutre ». Et de qualifier la décision de la SEC de « tape sur les doigts » d’Elon Musk. Fin de citation. Dans une missive adressée aux salariés de son groupe, fin septembre, Elon Musk avait battu le rappel des troupes. « « Nous sommes sur le point d’être rentables et d’infliger ainsi un cinglant démenti à nos détracteurs », affirmait-t-il dans ce mail révélé par l’agence Bloomberg. Et d’ajouter : « Si nous nous retroussons les manches (samedi), nous remporterons une victoire épique, bien au-delà des attentes ». Une indication « calendaire » relative au fait que le dimanche 30 septembre marquait la fin du troisième trimestre de l’exercice du constructeur de véhicules électriques qui a « poussé les feux » selon les termes de Reuters pour doper ses ventes avant cette échéance. Au regard des résultats de ce fameux « tournant » que constituait le troisième trimestre, le pari est remporté haut la main.
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