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Comment l’innovation française se réinvente ?

Alors que la réindustrialisation française et le défi climatique comptent parmi les priorités gouvernementales de ce quinquennat, emmanuel macron peut se vanter d’avoir atteint l’un des objectifs du précédent : l’innovation à la française est devenue une réalité.

      En novembre dernier, le Global Innovation Index (GII), édité annuellement par l’Insead, annonçait la France comme le 11e pays le plus innovant. Un progrès monstre par rapport à la décennie précédente où la France occupait la 22e place de ce classement.

      En 2016, alors qu’Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle, avouait vouloir « faire de la France une start-up nation », le pays occupait la 18e place du GII. En seulement quelques années, des mouvements comme la french tech ont vu le jour, des politiques ont été mises en place, des incubateurs comme Station F ou Paris&Co ont éclos, des investisseurs étrangers et nationaux ont suivi la tendance, un écosystème complet est apparu donnant naissance à des réussites françaises notables comme BlaBlaCar, Lydia ou encore Deezer.

      Pour Peter Zemsky, doyen adjoint de l’Insead, en charge de l’innovation, l’écosystème tech que la France a réussi à construire est « l’une des réussites évidentes du premier mandat du président Macron et de ses ministres ».

      Selon lui, si l’Hexagone a fait de tels progrès en si peu de temps, c’est parce que « le talent est un facteur clé du succès de la technologie, et la France a toujours eu de grands atouts dans ce domaine ».

      Grâce à ses filières d’excellence comme Polytechnique, HEC ou Centrale Supélec, la France forme chaque année de véritables talents en recherche & développement, en commerce et en numérique. Et si les Français diplômés de ces prestigieuses écoles faisaient auparavant le choix de s’installer outre-Atlantique une fois leur cursus scolaire achevé, ces dernières années, le pays s’est doté des bonnes institutions pour favoriser l’activité innovante qui n’a plus rien à envier aux États-Unis. C’est là, nous indique le doyen de l’Insead, « que le gouvernement français a fait de réels progrès ».

      Dès 2017, Emmanuel Macron annonçait à l’occasion de sa première intervention présidentielle à Viva Technology, la création d’un fonds innovation d’une dotation de 10 milliards d’euros en partenariat avec la BPI ainsi que la mise en place du « French Tech Visa », valable quatre ans qui permet d’attirer les talents dans notre pays. « La France a mené un ensemble de politiques globales allant de l’amélioration du financement jusqu’à la rationalisation des processus administratifs et aux réformes fondamentales de l’organisation de ses universités », rappelle Peter Zemsky. Concernant la recherche et l’innovation, « le gouvernement a pris une série de mesures efficaces, notamment le crédit d’impôt recherche ».

      Outre les actions du gouvernement, certaines institutions ont permis de faire émerger l’innovation française sur la scène européenne et même mondiale. La french tech en est l’une des illustrations les plus impactantes. Ce mouvement réunit et accompagne des start-up tech françaises dans leur développement, dans leur visibilité, mais c’est aussi un véritable réseau d’entrepreneurs, d’investisseurs, de décideurs et de community builders. Selon Peter Zemsky, « la french tech montre comment le gouvernement s’est réellement ouvert à la collaboration et à l’écoute de l’écosystème pour élaborer des politiques ef caces. Un bon exemple des fruits de cette collaboration est le programme French Tech Visa, qui invite les innovateurs à venir en France pour stimuler la croissance des start-up françaises et de l’écosystème dans son ensemble ».

      À l’instar de la french tech, la création de Station F en 2017 a eu une forte importance. Créé par Xavier Niel et dirigé par Roxanne Varza, le plus grand incubateur du monde est une preuve que « si vous construisez l’écosystème, ils viendront », dixit Peter Zemsky. « L’ampleur de Station F a clairement montré les ambitions de la France en matière de technologie. Tout à coup, les Français parlaient le langage de la technologie, où nous savons que l’échelle est la clé du succès. Et Station F n’est pas seulement un symbole. À l’Insead, nous y avons ouvert un incubateur dès le début. Il nous a permis d’être aux premières loges du développement de l’écosystème français et a fourni une rampe de lancement ef cace pour nombre de nos anciens étudiants. 

 

Des entreprises viables, des investisseurs conquis

      Avec 11,57 milliards d’euros levés et près de 800 opérations, le financement des start-up françaises a battu tous les records en 2021. Au premier trimestre 2022, les pépites de la french tech avaient déjà levé 8,5 milliards d’euros. Un dynamisme qui s’explique notamment par le fait qu’en début d’année, l’argent « était peu cher ». La disponibilité des capitaux sur les marchés financiers et le maintien des taux d’intérêt à zéro par la BCE rendaient l’investissement propice. Et si les investisseurs ont fait le choix de se positionner en France plutôt qu’ailleurs, c’est parce que les jeunes pousses technologiques françaises sont aussi attractives que leurs voisines européennes et la maturité de l’écosystème hexagonal n’y est pas pour rien.

      Pour s’inscrire dans le top 10 du classement de l’Indice mondial de l’innovation malgré les perturbations de 2022, la France qui continue de bénéficier d’une forte dynamique et qui possède le potentiel pour progresser davantage devra « accélérer la transformation d’un grand nombre de ces entreprises traditionnelles, qui ont désormais un meilleur accès aux start-up et aux scale-up pour collaborer avec elles, les acquérir et les embaucher ». Pour Peter Zemsky, « les facteurs clés de succès de la technologie évoluent en faveur de la France. La technologie doit, de plus en plus, viser à la fois le profit et le progrès pour la planète et ses habitants. Cela correspond bien à la culture et aux valeurs de la France. Réglementer la technologie est un déf , étant donné la complexité et la rapidité des changements. Un espace fascinant à surveiller est celui de la cryptographie, du web.

 

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