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Comment la verrerie Duralex a été sauvée par ses salariés

La verrerie Duralex est sauvée et ses salariés conservent leurs emplois (Getty)

Après plusieurs mois d’incertitude, l’illustre verrerie Duralex a échappé à la fermeture et appartient désormais à ses salariés. Quelques jours après le sauvetage, l’entreprise connaît même une hausse des commandes, mais les défis à venir sont de taille.

 

Il y a trois ans, Duralex subissait de plein fouet la flambée des prix de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. L’entreprise, qui était en redressement judiciaire, s’est vue sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d’euros de l’Etat. Le 26 juillet, le tribunal de commerce d’Orléans étudiait pendant six longues heures les trois dossiers de reprise déposés pour relancer Duralex. L’institution a tranché. La verrerie, jusqu’alors aux mains de la Compagnie française du verre, devient une société coopérative ouvrière de production (Scop). À partir du 1er août, la société de verre trempé connue dans le monde entier pour sa vaisselle réputée incassable appartient à ses 226 salariés, qui plébiscitaient le projet à 60 %. Le tribunal a considéré la Scop comme un « projet marketing et commercial cohérent et sérieux » avec des « garanties fortes », estimant qu’elle apparaît en mesure de maintenir les « activités des salariés dans des conditions réalisables ».

 

Une solution évidente pour sauver 100 % des emplois

Deux autres offres de reprise de Duralex étaient en lice : celle de la SARL Tourres et Cie, détenue par Stéphanie et Adrien Tourres, qui prévoyait de conserver 183 salariés. Ce projet avait les faveurs de la CGT, qui considérait le projet de Scop « comme un plan B ». La troisième offre émanait de Carlesimo Investissements/GCB Investissements qui ne reprenait que 125 emplois. La solution finalement approuvée par le tribunal de commerce d’Orléans était une évidence pour les salariés qui échappent à tout licenciement. C’est bien le projet de Scop qui, depuis le début, réunissait le plus de soutiens : cent cinquante salariés de l’entreprise y ont déjà investi « 500 euros de leur poche », selon la CFDT, syndicat majoritaire. Les salariés, désormais associés et impliqués dans la gouvernance, se sont aussi exprimés avec fierté et responsabilité. « Après des années de changement de cap, trois mois de combat, enfin, nous obtenons gain de cause. Notre SCOP Duralex constituée des salariés du groupe prend en main l’ambition et la destinée de l’entreprise ! », ont-ils déclaré dans un communiqué.

La proposition avait également reçu l’appui des élus locaux, dont celui de la région, qui a promis son soutien sous forme de garantie bancaire, mais aussi du président de la métropole, de la région, et de la préfecture, qui ont assuré des garanties financières. La reprise par les salariés est activement soutenue par la métropole d’Orléans, qui a prévu d’acheter le site de l’usine, son four et ses prairies occupées par des chevaux, pour une somme évaluée entre 5 et 8 millions d’euros. Le projet de reprise a reçu l’aval du juge du tribunal de commerce face à deux autres projets qui, tous deux, prévoyaient des licenciements. « Nous nous réjouissons que la démarche coopérative vienne, avec la SCOP Duralex, prendre sa part du développement économique et industriel régional en préservant les emplois et en ouvrant cette marque emblématique à un nouvel avenir », a félicité François Bonneau, Président de la région Centre-Val de Loire dans un communiqué.

« C’est une belle victoire pour une entreprise française emblématique et connue de toutes et tous ! », s’est de son côté réjoui le ministre démissionnaire de l’Industrie, Roland Lescure, joint par l’AFP. « C’est grâce à la grande détermination des salariés, qui ont construit ce projet de Scop depuis de longs mois, que la reprise de Duralex a pu être rendue possible et l’État a répondu favorablement à leur demande de soutien financier. Ce projet devrait permettre de pérenniser l’activité de Duralex et maintenir l’ensemble des emplois », a-t-il ajouté.

 

Relancer l’activité

Et si le tribunal de commerce a attribué aux salariés le pilotage du fleuron de l’industrie française situé à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), celui-ci ne dispose pas de beaucoup de moyens pour se relancer. Il peut cependant compter sur un stock de 40 000 palettes d’articles, valorisé à un peu moins de 4 millions d’euros par le tribunal. En 2023, le chiffre d’affaires de Duralex est tombé à 24,6 millions d’euros, contre plus de 31 millions en 2022. François Marciano, le directeur de l’usine, invite « tous les Français à acheter Duralex pour nous soutenir et faire que notre usine survive en ces temps compliqués où l’économie est mise à mal ». Son appel semble avoir été entendu, puisque le site internet de la société a croulé sous l’afflux des commandes, qui ont augmenté de 323 % suite à la nouvelle de la reprise.


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