Les entrepreneurs sont aujourd’hui confrontés à des tensions géopolitiques et de profondes incertitudes économiques. Nicolas Otton, directeur de BNP Paribas Banque Privée France, et Clotilde Quilichini, directrice de la clientèle Entreprises de la Banque commerciale en France BNP Paribas, présentent dans cet entretien les diverses pistes imaginées pour mieux accompagner les entrepreneurs français.
Ces propos ont été recueillis par Pierre Berthoux
Pourriez-vous nous décrypter le contexte macro-économique dans lequel baignent les entrepreneurs ?
NICOLAS OTTON : Les entreprises sont affectées par de nombreux éléments : le contexte géopolitique, qui s’est durci depuis les attaques du 7 octobre, l’inflation, certes en baisse, mais restant élevée et affectant la consommation, ainsi que la hausse des taux d’intérêt. C’est donc moins d’investissement des entreprises, moins de confiance et moins de croissance. Néanmoins, après une période 2022-2023 globalement favorable, les entreprises abordent cette nouvelle période plutôt en bonne santé. Par ailleurs, le niveau d’épargne des Français reste élevé et les marchés financiers se sont stabilisés.
CLOTILDE QUILICHINI : En 2023, les crédits de trésorerie ont connu une hausse plus importante que les crédits d’investissement dans de nouveaux projets. De plus, avec la situation des marchés de capitaux (dette obligataire, etc.), les ETI se sont tournées naturellement vers plus de financement bancaire. Enfin, le rebond 2021-2022 et les investissements destinés à financer la transition énergétique remettent le financement des fonds propres au centre du jeu. L’activité de notre société de capital-développement est donc très dynamique. Le secteur de la tech est touché par la baisse significative des levées de fonds. Ceci est un sujet d’attention et nous sommes plus que jamais en contact régulier avec nos clients. Il ne faudrait pas que cette situation perdure et entame la très belle croissance de l’innovation en France depuis de nombreuses années.
Comment BNP Paribas accompagne ces entreprises ?
C.Q. : Nous accompagnons aujourd’hui un tiers des PME et deux tiers des ETI françaises. Nous offrons un accompagnement complet pour tous les types d’entreprises : financements des fonds propres, des capex, du haut de bilan, du BFR, accompagnement à l’international, paiement, cash management… Par ailleurs, nos banquiers experts en finance durable sont également très présents auprès de nos clients. Enfin, nous aidons aussi les entreprises avec des offres dédiées pour financer une flotte de véhicules électriques ou des panneaux photovoltaïques, par exemple. En mars 2023, dans le cadre d’un partenariat avec KPMG et la start-up espagnole Wegrant, nous avons aussi développé une plateforme, Espace Subventions Entreprises, permettant d’identifier les subventions, notamment en matière de transition énergétique, adaptées aux projets de chaque entreprise.
N.O. : Je constate en effet que les entrepreneurs font preuve d’une très bonne lecture des enjeux de transition énergétique, au même titre que ceux de la digitalisation, la gouvernance ou encore le partage de valeur et la transmission qui est au cœur de notre mission. Actuellement, les entrepreneurs cherchent à sécuriser leur patrimoine et sont pour la plupart dans une étape de réinvestissement, notamment dans le cadre de cessions d’activités qu’ils ont réalisées dans les deux dernières années. Une centaine de banquiers dédiés aux actionnaires et dirigeants sont disponibles au sein de la Banque Privée pour les accompagner dans la gestion de leur patrimoine. Aujourd’hui, 25 % des start-up échouent dès les deux premières années de leur existence, et jusqu’à 50 % au bout de cinq ans. C’est pourquoi nous offrons un accompagnement renforcé aux jeunes entrepreneurs au travers de plusieurs initiatives afin de les aider à consolider leur réseau et à adopter dès le début les meilleurs choix patrimoniaux.
Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs pour devenir plus résilients ?
C.Q. : Dans le contexte actuel, j’identifie deux points communs principaux à la réussite : il faut que l’entreprise dispose d’un management de qualité ainsi que d’outils de reporting fiables. Au-delà de cette organisation interne, être entouré d’experts fait vraiment la différence, c’est pourquoi il est très important d’avoir une forte proximité avec son banquier.
N.O. : Effectivement, il faut avant tout veiller à être bien entouré. Et à ce titre, BNP Paribas a créé plusieurs structures pour renforcer ces synergies, à l’image de l’accélérateur We Are Innovation (WAI) ou du BivwAk!. Il est préférable aujourd’hui de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en ayant développé son réseau et sa connaissance des différents investisseurs, fonds ou autres acteurs gravitant dans son écosystème. C’est en ce sens que nous lançons début décembre le Cercle des entrepreneurs : un événement qui va rassembler 500 entrepreneurs et experts à Roland-Garros autour de discussions et de tables rondes faisant le point sur la situation économique, les fusions- acquisitions, le non-coté ou encore l’investissement socialement responsable (ISR).
À lire également : Rémi-Pierre Lapprend, directeur RSE & Engagement de Maisons du Monde : « Notre objectif est d’allier le beau et le bon dans des produits les plus responsables possible » |
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits
