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Comment « Bio-hacker » votre motivation ?

Il existe de nombreux facteurs qui expliquent la réussite professionnelle.

Parmi ceux-ci, une vision claire, des objectifs précis, un entourage aidant, une capacité à saisir les opportunités… mais pour réussir sur le long terme, vous devez rester discipliné. La clé de la discipline est la motivation. Cet article vous expose comment le biohacking peut doper la motivation. Le biohacking est un ensemble de pratiques physiques et mentales permettant d’influencer positivement sa biologie pour s’en faire un allié.

Le mot « motivation » vient du latin « motivus » qui a donner le verbe « mouvoir », « ce qui met en mouvement ». Cette même origine du mot se retrouve dans le mot « émotion ». La motivation est donc très liée aux émotions. Les émotions les plus motivantes sont la peur, l’envie, l’admiration et la gratitude selon Thierry Paulmier, enseignant en psychologie. De ces émotions découlent des facteurs intrinsèques (intérêt personnel, plaisir de la pratique) et des facteurs extrinsèques (pression sociale, obligation économique).

 

Au-delà de ces considérations psychologiques essentielles, le biohacking invite à regarder la motivation sous un autre angle : son aspect neurobiologique. L’idée même du biohacking est d’agir sur cet aspect pour en maximiser l’effet. La motivation est bien plus biologique qu’on pourrait le croire. L’espèce humaine a évolué par des mutations génétiques qui influencent la psychologie depuis les chasseurs-cueilleurs il y a 100.000 ans avec le développement d’une neurochimie qui régule les fonctions mentales. Le neurotransmetteur essentiel de la motivation est la dopamine.

Dopamine in motivational control : rewarding, aversive, and alerting ; E Bromberg-Martin and al

La dopamine est aussi impliquée dans la concentration et la mise en action. Avoir un bon niveau de dopamine permet donc une capacité accrue de se concentrer sur ses objectifs et se sentir motivé à les atteindre. A l’inverse un déficit en dopamine entraine une baisse de la motivation.

La dopamine a deux faces : un côté vertueux (motivation, concentration) et un côté plus sombre puisque c’est aussi le neurotransmetteur impliqué dans les addictions. Pour simplifier, considérez que vous vous réveillez le matin avec un stock de dopamine et que vous pouvez l’utiliser pour atteindre vos objectifs de vie ou la gâcher par des addictions ou des plaisirs futiles. L’époque actuelle est pleine de plaisirs futiles qui consomment de la dopamine, l’un des pires est l’utilisation des réseaux sociaux. Quand vous regardez les réseaux sociaux sur votre smartphone à la recherche de « notifications », de « like » ou de vidéos, vous vous faites des petits « shoots » de dopamine. En fait, vous la gâchez inutilement. Tous ces « petits plaisirs » inutiles procurent une gratification immédiate. Le problème est que la gratification immédiate est souvent préférée à la gratification à long terme. Par exemple le plaisir immédiat et répété de la consommation d’une superbe pâtisserie, qui, à la longue peut entrainer un surpoids, est souvent plus fort que le plaisir à plus long terme d’être svelte sur la plage.

Pour gérer sa dopamine et rester motivé, il convient en premier lieu de l’économiser. La pratique du Biohacking peut se résumer à 3 parties :

  • Dépister les déséquilibres : prenez conscience dans votre quotidien de tous les gâchis de dopamine
  • Equilibrer les déséquilibres : éliminez autant que possibles les freins à votre motivation
  • Optimiser

Il est tout à fait possible d’optimiser son taux de dopamine. Une grande partie (environ 60%) de la dopamine est fabriquée au sein du tube digestif par des bactéries comme le Bacillus et le Serratia ouvrant l’idée qu’une bonne digestion serait fondamentale pour être motivé comme il a été montré dans une étude préliminaire publiée dans Nature.

A microbiome-dependent gut-brain pathway regulates motivationfor exercice, L Dohnalova and al.

Cette conclusion peut paraitre étonnante mais tant que cela dans la mesure où l’importance du lien cerveau-intestin est de plus en plus prouvé.

De simples routines peuvent permettre d’optimiser son niveau de dopamine :

 

  • Observez la lumière du jour. Cela augmente le niveau de dopamine et surtout cela stimule l’expression génétique de certains récepteurs cérébraux à la dopamine

The Rôle of Gene Encoding Variation of Dopamine Receptor D4 in the Relationship bet Inattention and Seasonal Daylight, MA Vollebregt and al.

 

  • Prenez de la caféine (avec modération). Deux ou trois expressos par jour permettent une légère augmentation de la dopamine et surtout activent la disponibilité des récepteurs à la dopamine.

Caffeine increases striatal dopamine D2/D3 receptor availability in the human brain, ND Volkow

 

  • Mangez des aliments riches en Tyrosine comme les viandes, les noix et le fromage fermenté. La tyrosine est un acide aminé à la base de la synthèse de la dopamine. Il est même possible d’en prendre sous forme de complément alimentaire. Prendre de la N-Acetyl-L-Tyrosine associée à de la choline (précurseur de l’acetyl choline, neurotransmetteur impliqué aussi dans la concentration) dans l’heure qui précède un travail exigeant

Tyrosine, phenylalanine, and catecholamine synthesis and function in the brain, J Fernstrom

 

Il existe d’autres facteurs biologiques de la motivation, comme des facteurs hormonaux. Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, les hormones ont un rôle fondamental. La testostérone est essentielle à la motivation chez l’homme et l’oestrogène chez la femme.

The hormonal correlates of implicit power motivation, S Stanton

 

Les taux hormonaux baissent avec l’âge et bien souvent la motivation également. Chez les hommes, la testostérone atteint un pic vers 30 ans et diminue de 1 à 2% par an.

A Population-LevelDecline in Serum Testosterone Levels in American Men, T Travison and al.

 

De même chez la femme, la baisse d’oestrogène associée à une baisse de la progestérone lors de la périménopause, entraine une baisse de motivation.

Psychological Climacteric Symptoms and Attitudes toward Menopause among Emirati Woman, A Mohamed Ali and al.

 

Je me souviens d’un patient venu me voir en consultation pour que je le coach par rapport à un manque de motivation. C’était un cadre supérieur de la cinquantaine qui présentait en plus de son manque de motivation une baisse de libido et d’énergie quotidienne. Même s’il était venu me voir pour un coaching mental et des séances d’hypnose, les troubles qu’il m’exposait me faisaient penser à un désordre hormonal. Effectivement, les dosages hormonaux ont confirmé la baisse de testostérone. Une simple supplémentation a permis de corriger les signes.

 

En conclusion, même si la motivation peut sembler être une fonction purement psychologique, la physiologie a des effets non négligeables. Il est important en cas de baisse de motivation d’éliminer en premier lieu les freins biologiques (mauvaise gestion de la dopamine, baisse des hormones) avant de chercher une quelconque supplémentation (tyrosine, « boosters hormonaux ») ou un coaching qui a peu de chance de fonctionner de manière efficace sur un terrain physiologique non propice. Ce serait comme planter des graines dans une terre aride. Le Biohacking est un véritable « engrais physiologique » pour l’entrepreneur ou le cadre en quête de performance et d’optimisation.

 

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