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Comment atteindre les 10% d’économies énergétiques demandés par Emmanuel Macron ?

énergieA relaxed woman lies back on a comfortable yellow sofa in a domestic environment. She holds a smart phone and uses a modern thermostat application to control the heating system within the house.

En septembre 2022, Emmanuel Macron demandait collectivement aux Français (particuliers, entreprises, institutions, etc.) de s’engager dans un ambitieux plan de sobriété, en réalisant 10% d’économie d’énergie à court terme. Un défi de taille qui nécessite une mobilisation collective et des actions concrètes pour répondre aux défis environnementaux et énergétiques actuels. Parmi les secteurs les plus énergivores, l’immobilier tertiaire se distingue particulièrement, représentant à lui seul 36 % de la consommation énergétique nationale et 40 % des émissions GES. La filière se doit de se mobiliser pour inverser la tendance, sa contribution est cruciale pour une transition énergétique pérenne, encore faut-il savoir par où commencer. Comment atteindre les 10% d’économies énergétiques demandées par Emmanuel Macron ?

Une contribution de Julien Bruneau – CEO & Co-fondateur d’iQspot

 

Comprendre le contexte de la crise énergétique

Près de deux ans après la prise de parole d’Emmanuel Macron, la crise de l’énergie a créé un contexte inédit. D’une part, nous faisons face à une pression croissante sur les ressources énergétiques traditionnelles (pétrole, gaz, charbon), les réserves s’amenuisent tandis que la demande ne cesse d’augmenter. Une situation qui engendre des tensions sur les marchés internationaux, conduit à une montée des prix significative et une dépendance accrue envers les fournisseurs étrangers, car la France ne produit pas suffisamment pour subvenir à ses besoins.

D’autre part, la crise climatique est devenue une réalité incontestable. Les émissions de gaz à effet de serre ont des conséquences désastreuses (phénomènes météorologiques extrêmes, fonte des glaciers, montée des eaux…). La nécessité de réduire notre empreinte carbone et de transitionner vers des sources d’énergie plus propres est plus pressante que jamais.

En outre, la crise énergétique est exacerbée par des facteurs géopolitiques, des tensions régionales et des conflits internationaux qui perturbent l’approvisionnement en énergie. Ces instabilités cumulées mettent en lumière l’urgence de renforcer notre résilience face à de tels événements.

Le plan de sobriété devient d’autant plus urgent et crucial. Il demande des actions rapides, concertées et innovantes à tous les niveaux de la société. L’activité immobilière tertiaire porte une part de responsabilité significative. Les signes sont encourageants car entre 2022 et 2023, les bureaux ont vu leur consommation énergétique diminuer de 8,7% (source OID). Une baisse qui s’explique notamment par l’inoccupation des bureaux (télétravail, lieux vacants) mais aussi par la pertinence des actions mises en place.

 

Connaître l’usage et la performance de son bâtiment est un levier clé

Pour comprendre son bâtiment, les acteurs faisaient traditionnellement appel à des bureaux d’études pour réaliser des audits énergétiques. Une démarche qui permet de définir les travaux prioritaires à réaliser pour améliorer le bâtiment sur le plan énergétique. Ces études se concentrent beaucoup sur le bâti mais assez peu sur le fonctionnement et le bon réglage des équipements au moment de l’exploitation des bâtiments.

Pour améliorer l’exploitation, une GTB (Gestion technique du bâtiment) peut être mise en place afin de régler le fonctionnement de tous les équipements des immeubles. Cela représente toutefois un investissement assez lourd (estimé à 50€/m2). Bien que les CEE apportent une aide en ce moment, la solution peut s’avérer inadaptée pour une majorité des bâtiments tertiaires existants.

Sans aller aussi loin dans le pilotage des équipements, mais tout de même très utile pour comprendre finement les bâtiments, des solutions basées sur des capteurs IoT ont vu le jour sur le marché pour monitorer et piloter les immeubles. L’investissement nécessaire est alors bien moindre pour cette typologie de solution, estimée à 5€ /m2

Pour les gestionnaires immobiliers, il est de plus en plus difficile de vendre des actifs, raison pour laquelle la valorisation immobilière passe nécessairement par la performance du bâtiment. C’est aujourd’hui un facteur incontournable de la décision d’achat. De plus, la fiabilité de la collecte de données crédibilise les entreprises dans leurs engagements RSE, un argument important à l’heure où l’on scrute les campagnes de greenwashing. Plus un bâtiment est performant et conforme aux objectifs du décret tertiaire, plus il est attractif sur le marché.

 

Les bons réglages pour atteindre 40% d’économie d’énergie à l’horizon 2030

Pour obtenir des résultats, il est essentiel de réaliser des réglages adaptés à l’usage et à la typologie de chaque bâtiment. Pour être efficace on peut s’appuyer sur une série de règles simples comme baisser ou retarder au maximum l’allumage du chauffage, le régler automatiquement à 19°C la journée et 16°C la nuit et le weekend, avoir un usage raisonné de la climatisation (ne pas y recourir avant juin ou à une température extérieure de moins de 26°C), enfin lorsque la climatisation est allumée, la régler 4 degrés inférieurs à la température extérieure.

Le réglage des équipements est d’autant plus important en période d’inoccupation. Pour cela il faut régler les consignes horaires pour qu’ils correspondent aux réels temps d’occupation, puis baisser voire éteindre tous les équipements en périodes vacantes.

Enfin, il est primordial de pouvoir embarquer les usagers dans la démarche. En tant qu’occupant, les bons gestes consistent simplement à éteindre les lumières lorsqu’on quitte une pièce, ne pas allumer la lumière en période d’ensoleillement et éteindre les écrans et multiprises en quittant son poste de travail. Aujourd’hui les campagnes de sensibilisation, concours ou dialogues ont prouvé leur efficacité. On estime que l’implication des usagers peut réduire de 5 à 10% les consommations énergétiques des bâtiments.

L’ensemble de ces actions simples et très rapides à mettre en place, permettent amplement d’atteindre l’objectif fixé par Emmanuel Macron. Aujourd’hui des entreprises sont dédiées à l’accompagnement des investisseurs immobiliers pour les aider à réaliser ce type d’actions. Les bons réglages aux bons endroits peuvent résulter à plus de 25% d’économie d’énergie, le tout sans aucun travaux invasifs.

Le cadre du décret tertiaire définit des objectifs de réduction des consommations d’énergie aux propriétaires et exploitants de bâtiments tertiaires, avec l’ambition de réaliser 40% d’économie d’énergie à l’horizon 2030, 50% d’ici 2040 et 60% d’ici 2050. L’ensemble des actions d’optimisation permettent efficacement de participer à ces échéances.

Certains acteurs précurseurs sont en avance sur les autres dans leur stratégie de décarbonation. Ces derniers n’auront pas d’autres choix que de s’impliquer que ce soit d’un point de vue économique, sociétal ou réglementaire s’ils souhaitent continuer de valoriser leurs actifs.

Aujourd’hui, le système de régulation est bien présent en France et en Europe, mais les sanctions ne sont peut-être pas encore assez impressionnantes. Tant que l’échéance de 2030 n’est pas passée, il est difficile de savoir si le simple « name shaming » prévu en cas de non-respect des réglementations suffira à convaincre. Des sanctions financières dissuasives devront peut-être mises en place par la suite. Aujourd’hui l’État privilégie la réglementation à l’incitation, or on pourrait imaginer que des primes puissent être mises en place pour les investisseurs qui parviennent à réduire drastiquement la consommation d’un bâtiment énergivore ou construisent des bâtiments performants. Il est de la responsabilité de tous les acteurs (publics comme privés) de se mobiliser pour freiner le réchauffement climatique.


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