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L’Enjeu Climatique De La Navigation Maritime

Transport maritime
Image par IngoMoringo de Pixabay

Lorsque l’Union Européenne a élaboré son système d’échange de quotas d’émission, il y a dix ans, l’idée était d’y inclure le transport maritime et aérien – pour tous les navires et avions entrant sur le territoire européen. Mais après l’indignation de la part de plusieurs pays non-membres de l’UE, Bruxelles a déclaré qu’elle s’abstiendrait de le mettre en place, si et seulement si les organisations internationales chargées du transport maritime et aérien proposaient une solution climatique mondiale.

Les experts s’accordent à dire que les émissions dues au transport doivent être réduites d’au moins 70 %, afin de rallier l’objectif de l’Accord de Paris, et de limiter la hausse des températures mondiales à moins d’1,5 °C d’ici 2050.

Après des années de pourparlers houleux, l’Organisation maritime internationale (OMI) a finalement accepté cette semaine de prendre les choses en main. Et à l’issue de deux semaines de négociations tendues, 170 pays se sont mis d’accord pour réduire de moitié leurs émissions d’ici 2050.

Cependant, l’OMI n’a pas clairement expliqué comment elle comptait atteindre cet objectif, frustrant bon nombre d’écologistes. Par ailleurs, bien que certaines mesures soient discutées depuis longtemps, un groupe de pays mené par le Brésil, le Panama, l’Arabie Saoudite et les États-Unis s’y sont opposés.

Bill Hemmings, directeur des expéditions du groupe Transport & Environment, affirme que même si l’accord de cette semaine manque de mesures à court terme, l’objectif global se traduira par de véritables obligations pour l’industrie du transport maritime. « Cette décision place la navigation sur une voie prometteuse », déclare-t-il. Et de poursuivre : « Le concept de décarbonisation a finalement été intégré, ainsi que la nécessité de procéder à des réductions d’émissions de gaz dans le secteur, ce qui est essentiel à la réussite de l’Accord de Paris ».

Guy Platten, PDG de la Chambre internationale de la marine marchande (ICS), est d’accord. « Cela doit être considéré comme un tremplin vers la décarbonisation sur le long terme, un objectif qui doit rester majeur dans les années à venir », a-t-il déclaré.

Plus de 80 % du commerce mondial transite par la navigation maritime, ce qui implique que la lutte contre le changement climatique doit être majeure pour l’industrie. Guy Platten assure d’ailleurs que l’enjeu est assez important pour favoriser les investissements dans la recherche et le développement.

« L’industrie maritime a déjà fait de grands progrès », ajoute-t-il. « Des ferries alimentés par batterie fonctionnent déjà en Écosse, en Scandinavie et ailleurs. D’énormes investissements ont été consacrés à une meilleure hydrodynamique, à des moteurs plus efficaces, et à des carburants à faible teneur en carbone ».

« Mais ne vous y trompez pas, ces avancées seules ne suffisent pas à atteindre l’objectif final de moitié, et ne suffiront certainement pas non plus à répondre aux attentes du public d’une industrie presque entièrement décarbonisée », conclut-il.

Pour atteindre cet objectif, la plupart des nouveaux navires qui seront construits dans les années 2030 devront fonctionner avec des carburants non seulement renouvelables, mais aussi sans carbone. Tristan Smith, de l’University College of London Energy Institute, estime que l’objectif final devrait être encore plus resserré. « Même avec le niveau d’ambition le plus bas, l’industrie maritime a besoin de changements technologiques rapides pour produire des navires sans émission, passant des combustibles fossiles à une combinaison d’électricité (batteries), de carburants renouvelables dérivés d’hydrogène, et potentiellement de bioénergie ».

« De tels changements sont énormes, à l’échelle d’une industrie mondiale. Cela représente une flotte de plus de 50 000 navires commerciaux dans le monde. Mais une recherche menée au Royaume-Uni a montré qu’avec le bon niveau d’investissement et une meilleure réglementation, ces réductions peuvent être réalisées ».

2050 peut sembler loin, mais les observateurs de l’industrie maritime affirment que le signal envoyé par l’accord conclu cette semaine devrait, à moyen terme, entraîner de massifs changements technologiques.

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