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Chute des levées de fonds : une opportunité pour notre économie ?

La rentrée est l’occasion de faire un bilan du premier semestre 2023. En matière de levées de fonds dans les start-up, les chiffres sont clairs : le nombre de levée de fonds a plongé de près de 50 %. En France, les levées de fonds ont totalisé 4,5 milliards d’euros contre 8,9 milliards en 20221. La France maintient son rang de numéro deux en Europe devant l’Allemagne (3,9 milliards) mais derrière le Royaume-Uni (6,5 milliards) qui subit tout de même le Brexit. Si on analyse le montant moyen de chaque opération réalisée en France, la chute est encore plus marquée. Pour les 540 opérations réalisées en France en 2023, le montant moyen de la levée de fonds aura été de 8,6 millions (19 millions d’euros en 2022).

 

Comment expliquer cette chute ? Les facteurs sont multiples.

Premièrement et basiquement, l’argent coûte plus cher. En début de chaine, les personnes physiques ou morales qui fournissaient leur carburant aux fonds d’investissement – les fameux LPS (Limited Partners) – ont perdu en capacité d’endettement. Des fonds d’investissement pourtant très installés en Europe ont perdu jusqu’à 50 % de leur capacité financière. Deuxièmement, les investisseurs se sont (à juste titre ?) lassés des effets de mode dans les start-up. Depuis plusieurs années, les grandes montagnes technologiques qui allaient révolutionner nos vies ont souvent accouché d’une souris. Imprimantes 3D, métavers, NFT, cryptomonnaies : autant de vagues qui ont emballé les marchés mais qui n’ont pas toujours trouvé de débouchés entrepreneuriaux. Quand l’argent est facilement disponible, les investisseurs peuvent aisément lancer plusieurs touches ; dans une période plus difficile, seuls les projets solides qui génèrent des revenus peuvent se maintenir. Si on ajoute à cela l’émergence de vagues plus « sociétales » comme la recherche de start-up à impact ou de projets dans l’énergie, le vent des levées de fonds faciles dans la tech a plutôt tourné.

 

La France qui a su prendre la vague des start-up se trouve aujourd’hui confrontée à cette décrue mondiale.

Néanmoins, là où les autres pays ont déjà abattu toutes leurs cartes, il nous reste une piste à explorer pour renforcer le financement des start-up. Le nombre de business angels, de particuliers-investisseurs, reste assez faible dans notre pays. Dans l’arbitrage de leurs placements, les particuliers français préfèrent encore le bon vieux livret A ou l’immobilier. Or, dans une période d’inflation et d’immobilier en berne, cet atavisme n’est pas pertinent.

 

Le moment est donc venu de décupler la possibilité de chacun d’entre nous de « prendre un ticket » dans une société qu’il connait ou dont il perçoit le potentiel. Ces investissements de proximité donneraient un coup d’accélérateur à tout notre écosystème qui en a besoin en ce moment. Si nous utilisions une infime fraction des 5 000 milliards d’euros d’épargne des Français pour investir dans la tech et l’innovation, les potentiels seraient immenses.

 

Une proposition récente du rapport parlementaire Midy reprise par le gouvernement va dans ce sens. Tout investissement jusqu’à 1 000 euros dans une jeune entreprise innovante donnerait droit à une réduction d’impôt de 30 % à 50 % – à l’image des dons aux associations. Pour ces petits montants, le crowdfunding en serait décuplé. Pour des plus gros tickets, les dispositifs d’abattement de l’impôt sur le revenu seraient élargis pour tout investissement dans une start-up.

 

Depuis des années, les gouvernants cherchent à « réorienter l’épargne des Français ». Aujourd’hui, les planètes s’alignent : les placements « pépères » ne sont plus rentables et la culture économique des Français doit parvenir à maturité.

 

Cet article a été écrit par : Jonas Haddad, AVOCAT ET COPRÉSIDENT DE LA FONDATION CONCORDE

 

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