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Cette start-up suédoise a levé 55 millions de dollars pour développer une flotte d’agents d’IA

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Joel Hellermark a fondé la société suédoise Sana AI alors qu'il n'avait que 19 ans. Aujourd'hui, la start-up spécialisée dans l'IA a levé 55 millions de dollars pour une valorisation de 500 millions de dollars. SANA AI/ANDREAS JOHANSSON

La start-up suédoise Sana AI, basée à Stockholm, a levé 55 millions de dollars, portant sa valorisation à 500 millions, pour aider les entreprises à exploiter leurs données et à développer leurs propres agents d’intelligence artificielle.

Un article de Iain Martin pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

 

En janvier dernier, la start-up suédoise Sana AI était submergée par la demande. Même si l’équipe de Stockholm se développait, elle peinait à gérer les appels et réunions avec des entreprises telles que le groupe pharmaceutique allemand Merck, l’application de trading Robinhood ou le fabricant suédois d’électroménagers Electrolux, intéressées par ses outils d’IA capables de donner du sens à leurs vastes bases de données internes et d’intégrer des plateformes comme Salesforce. Ces comptes étaient rentables, mais les grands clients exigeaient beaucoup de ressources, compliquant l’acquisition de nouveaux. C’est alors que Joel Hellermark, fondateur de Sana, a décidé de changer de cap.

Il a alors eu l’idée de lancer une version gratuite de l’agent d’intelligence artificielle, capable de rédiger des courriels, de générer des comptes rendus de réunions et de remplir des formulaires simples, fonctions jusqu’ici vendues aux entreprises clientes. Six mois après ce lancement, environ 100 000 nouveaux environnements de travail se sont inscrits. Les équipes de plus de cinq membres paient désormais 30 dollars par utilisateur et par mois. Aujourd’hui, Sana a levé 55 millions de dollars, valorisant l’entreprise à 500 millions, pour développer son laboratoire de recherche et soutenir son expansion commerciale aux États-Unis.

« Pour atteindre le prochain milliard d’utilisateurs de l’IA, il nous fallait repenser complètement l’interface utilisateur », a expliqué M. Hellermark à Forbes. « Ce qui freine les entreprises aujourd’hui, c’est qu’elles doivent soit travailler avec Microsoft, ce qui est extrêmement fastidieux, soit créer des assistants d’IA à partir de zéro en interne. »

Ce nouveau tour de table, mené par le fonds de capital-risque NEA, reste modeste face aux récents financements massifs obtenus par des géants de l’IA comme OpenAI, Anthropic ou son concurrent européen Mistral. Cependant, cet accord porte le financement total de Sana à plus de 130 millions de dollars, faisant d’elle l’une des start-ups d’IA les mieux financées d’Europe. « La demande illimitée », affirme M. Hellermark. « Je pense qu’il n’a jamais existé de voie aussi évidente vers le plus grand succès dans le domaine des logiciels d’entreprise. »

Joel Hellermark, ancien lauréat du classement Forbes 30 Under 30, a fondé l’entreprise en 2016 avec l’ambition d’utiliser l’intelligence artificielle pour créer des parcours de formation personnalisés en entreprise. Aujourd’hui, son objectif est d’intégrer cette technologie aux bases de données internes et à de nombreux outils et applications, afin de simplifier les tâches répétitives des employés de bureau, comme la mise à jour des notes dans Salesforce.

Sana s’oppose ainsi non seulement à l’outil Copilot de Microsoft et à la licorne de la recherche d’entreprise Glean, mais aussi à plusieurs start-ups bien financées, comme Harvey, Hebbia ou Co:Helm, qui visent à automatiser les tâches fastidieuses des avocats, analystes financiers et médecins. L’IA développée par M. Hellermark revendique la capacité de se connecter à des dizaines d’outils logiciels, de Slack à Sharepoint en passant par Salesforce. « Ce que nous observons chez nos clients, c’est leur désir d’une solution unique capable d’intégrer, de stocker et d’assembler leurs données pour divers cas d’usage », explique-t-il.

M. Hellermark précise que Sana peut se connecter à n’importe quel grand modèle de langage utilisé par une entreprise et recourt également à la génération augmentée de récupération (RAG), une technique permettant d’adapter ses agents d’intelligence artificielle aux données internes de chaque client. « Il y aura beaucoup d’acteurs verticaux, mais notre objectif est de devenir la couche d’interface utilisateur pour l’IA », déclare-t-il.

Le nouveau tour de table mené par NEA double la valorisation de Sana par rapport à sa dernière levée de fonds en mai 2023. Sana génère actuellement plus de 20 millions de dollars de revenus récurrents annuels, bien qu’elle n’ait pas encore atteint son seuil de rentabilité, selon des sources proches de l’entreprise.

« Lorsque nous avons investi pour la première fois, Sana était en pleine croissance, mais aujourd’hui, elle atteint un véritable point d’inflexion », déclare Scott Sandell, président exécutif de NEA. « Je suis convaincu que le modèle gratuit est le plus puissant au monde… C’est un moyen extrêmement efficace de s’emparer d’un marché et de le monétiser par la suite. »

Sana a également entrepris d’autres actions stratégiques : en septembre, elle a acquis la start-up CTRL, basée à Tel-Aviv et spécialisée dans les agents d’intelligence artificielle, une transaction restée confidentielle jusqu’à présent. En juillet, elle a renforcé son équipe en recrutant Oscar Täckström, ancien chercheur chez Google et Inceptive AI, comme scientifique en chef, ainsi qu’Eric Olmers, ancien designer chez Apple. « Nous appliquons l’éthique du design scandinave pour permettre aux entreprises de passer de quelques cas d’usage internes en IA à des milliers », déclare M. Hellermark.


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